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D'UNE DÉDICACE EN VERS A S. M. L'EMPEREUR DE RUSSIE.

ASTOL

TOME PREMIER.

Publius Virgilius Grano

NEW-YORK

A PARIS;

CHEZ GIGUET ET MICHAUD,IMP.-LIBRAIRES,
RUE DES BONS-ENFANS, No. 34.

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ER

AS.M. ALEXANDRE ITMTM,

EMPEREUR DE TOUTES LES RUSSIES.

MODÈLE heureux des potentats,
Des législateurs et des sages,
L'amour de vos sujets, l'orgueil de vos états,
Agréez les nouveaux hommages

D'un poète déjà connu par vos bienfaits,
Qui loua rarement, et ne flatta jamais :
D'un pénible travail cet espoir me console.
Tel que l'amant fidèle au pôle,

Qui montre au nautonnier et sa route et le port,
Par un instinct secret dirigé vers le nord,
A travers l'Océan, dans sa prison flottante
Montre pour votre zone une amitié constante;
Ainsi, par un attrait impérieux et doux,
Des cœurs bien nés la boussole fidèle,

La reconnaissance, m'appelle

Vers vos climats, et se tourne vers vous.

Autrefois ma muse rustique

Vous présenta, de ses modestes mains,
Des fruits de son clos poétique,

Et quelques fleurs de ses jardins:
Au lieu de ce tribut fragile,

Je vous offre aujourd'hui le laurier de Virgile;
Non ce laurier profane et mensonger

Que sur le Pausilipe au crédule étranger
L'intérêt vend, et que l'erreur achète ;
Mais le laurier dont ce fameux poète
Orna le front du second des Césars,
Lorsque, vainqueur des discordes civiles,
Il relevait les temples et les villes
Ressuscitait les lois, et ranimait les arts.

Du poète romain téméraire interprète,
J'écoutai mon audace indiscrète;

Mais peut-être un rayon de son feu créateur
Anima quelquefois son faible imitateur :
Sous votre zone glaciale

Ainsi l'aurore boréale,

Quand le soleil absent diffère son retour,
Triomphe de la nuit, et console du jour.

Virgile, ignoré de nos belles,

Quelquefois de nos beaux-esprits,
Dans des estampes infidèles
Avait perdu son brillant coloris :
Si de ses peintures vivantes
J'ai conservé quelques touches savantes,
Que votre accueil en soit le prix.

Dans vos loisirs, si j'en dois croire
Cette légère déité

Qui pour vous abjurant son infidélité,
Déjà de vos vertus parle comme l'histoire,
Vous cultivez les arts; et, dans le même temps

Où vous dictez vos lois sur la terre et sur l'onde,
A ces soins importants qui font le sort du monde
Vous dérobez quelques instants

Pour les donner à la langue divine

Et de Corneille et de Racine.
Un jour, si mon désir, des dieux est avoué,
Partout se répandra cette langue immortelle ;
Car le langage où vous êtes loué
Doit devenir la langue universelle.

Si dans le nord un Virgile nouveau, Pour vous de l'épopée allume le flambeau,

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