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Multa diu concreta modis inolescere miris.
Ergo exercentur pœnis, veterumque malorum
Supplicia expendunt. Aliæ panduntur inanes
Suspensæ ad ventos: aliis sub gurgite vasto
Infectum eluitur scelus, aut exuritur igni:
Quisque suos patimur manes; exinde per amplum
Mittimur Elysium, et pauci læta arva tenemus:
Donec longa dies, perfecto temporis orbe,
Concretam exemit labem, purumque reliquit
Ethereum sensum, atque auraï simplicis ignem.]
Has omnes, ubi mille rotam volvêre per annos,
Lethæum ad fluvium deus evocat agmine magno,
Scilicet immemores supera ut convexa revisant,
Pursus et incipiant in corpora velle reverti,

» Qui, d'un souffle de vie auimant tous les corps, >> De ce vaste univers fait mouvoir les ressorts,

» Qui remplit, qui nourrit de sa flamme féconde >> Tout ce qui vit dans l'air, sur la terre et sous l'onde. » De la Divinité ce rayon précieux,

» En sortant de sa source, est pur comme les cieux; » Mais s'il vient habiter dans des corps périssables, » Alors, dénaturant ses traits méconnaissables, » Le terrestre séjour le tient emprisonné;

» Alors des passions le souffle empoisonné

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Corrompt sa pure essence; alors l'ame flétrie » Atteste son exil, et dément sa patrie.

» Même quand cet esprit, captif, dégénéré, » A quitté sa prison, du vice invétéré

» Un reste impur le suit sur son nouveau théâtre; » Long-temps il en retient l'empreinte opiniâtre ; >> Et de son corps souffrant éprouvant la langueur, >> Est lent à recouvrer sa céleste vigueur, » De ces ames alors commencent les tortures; » Les unes dans les eaux vont laver leurs souillures; » Les autres s'épurer dans des brasiers ardens; » Et d'autres dans les airs sont le jouet des vents; >> Enfin, chacun revient, sans remords et sans vices, >> De ces bois innocens savourer les délices. » Mais cet heureux séjour a peu de citoyens : » Il faut, pour être admis aux champs Élysiens, » Qu'achevant mille fois sa brillante carrière » Le soleil à leurs yeux ouvre enfin la barrière. » Ce grand cercle achevé, l'épreuve cesse alors. » L'âge ayant effacé tous les vices du corps, » Et du rayon divin purifié les flammes,

» Un dieu vers le Léthé conduit toutes ces ames; » Elles boivent son onde, et l'oubli de leurs maux » Les engage à rentrer dans des liens nouveaux. »

Dixerat Anchises: natumque, unâque Sibyllam,
Con entus trahit in medios turbamque sonantem;
Et tumulum capit, unde omnes longo ordine possit
Adversos legere, et venientum discere vultus.
Nunc age, Dardaniam prolem quæ deinde sequatur
Gloria, qui maneant Italâ de gente nepotes,
Illustres animas, nostrumque in nomen ituras,
Expediam dictis, et te tua fata docebo.
Ille, vides, purâ juvenis qui nititur hastâ,
Proxima sorte tenet lucis loca; primus ad auras
thereas Italo commixtus sanguine surget,
Sylvius, Albanum nomen, tua posthuma proles,
Quem tibi longævo serum Lavinia conjux
Educet silvis regem, regumque parentem;
Unde genus longâ nostrum dominabitur Albâ.
Proximus ille Procas, Trojanæ gloria gentis;
Et Capys et Numitor; et, qui te nomine reddet,
Sylvius Æneas, pariter pietate vel armis
Egregius, si unquam regnandam acceperit Albam.
Qui juvenes quantas ostentat, adspice, vires!
At qui umbrata gerunt civili tempora quercu,
Hi tibi Nomentum, et Gabios, urbemque Fidenam;
Hi Collatinas imponent montibus arces,

(Laude pudicitiæ celebres, addent que superbos)
Pometios, castrumque Inui, Bolamque, Coramque.
Hæc tum nomina erunt, nunc sunt sine nomine terræ.
Quin et avo comitem sese Mavortius addet
Romulus, Assaraci quem sanguinis Ilia mater
Educet. Viden' ut geminæ stant vertice cristæ,
Et pater ipse suo superûm jam signat honore?
En hujus, nate, auspiciis illa inclyta Roma
Imperium terris, animos æquabit Olympo,

Il dit et devançant Énée et la prêtresse, De ce peuple bruyant il a fendu la presse ; De là gagne un coteau, d'où leurs yeux satisfaits De ses neveux futurs distinguent tous les traits. « Tu vois, dit le veillard, dans ces ombres légères » Les héros renommés dont nous serons les pères, » Ces princes que les chefs du peuple Ausonien >> Se plairont à former de leur sang et du mien. » Le premier que le sort appelle à la naissance, >> C'est ce jeune guerrier, appuyé sur sa lance, » Doux fruit de tes vieux ans, roi, père et fils des rois; » Enfant de Lavinie, il naîtra dans les bois; » Il leur devra son nom, et sa race aguerrie » Long-temps dominera dans Albe sa patrie. » Après lui vois Procas prendre son noble essor » Le généreux Capys devancer Numitor.

» Nul ne démentira sa noble destinée.

» Parmi tes descendans je vois un autre Énée :
» Vaillant comme son père, et comme lui pieux,
» Il aimera la gloire, il servira les dieux;

» Mais, hélas ! Repoussé par les destins contraires,

» Il montera trop tard au trône de ses pères.

» Admire la vigueur de ces jeunes guerriers;

>> Leur front paisible encor n'est pas ceint de lauriers; >> Mais d'un feston plus doux le chêne les couronne. » Ils partent de ses tours Nomente s'environne; » Ils forment vingt cités pour vingt peuples heureux, » Et Gabie, et Fidène, et ce séjour fameux

» Où de la chasteté brillera le modèle ;

» D'autres, pour augmenter leur puissance nouvelle, Bâtiront Pometie et les remparts d'Inus,

» Lieux célèbres un jour, maintenant inconnus. » Voyez-vous ce guerrier, l'honneur de l'Italie, » Ce demi-dieu mortel, qui, dans le sein d'Ilie,

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Septemque unà sibi muro circumdabit arces,
Felix prole virum: qualis Berecynthia mater
Invehitur curru Phrygias turrita per urbes,
Læta deûm partu, centum complexa nepotes,
Omnes cœlicolas, omnes supera alta tenentes.
Huc geminas nunc flecte acies: hanc aspice gentem,
Romanosque tuos. Hic Cæsar, et omnis Iuli
Progenies, magnum cœli ventura sub axem.
Hic vir, hic est, tibi quem promitti sæpius audis,
Augustus Cæsar, divi genus; aurea condet
Sæcula qui rursus Latio, regnata per arva
Saturno quondam ; super et Garamantas et Indos
Proferet imperium : jacet extra sidera tellus,
Extra anni solisque vias, ubi cælifer Atlas
Axem humero torquet stellis ardentibus aptum.
Hujus in adventum jam nunc et Caspia regna
Responsis horrent divům, et Mæotia tellus,
Et septemgemini turbant trepida ostia Nili.
Nec vero Alcides tantùm telluris obivit,
Fixerit æripedem cervam licet, aut Erymanthi
Pacârit nemora, et Lernam tremefecerit arcu :
Nec, qui pampineis victor juga flectit habenis,
Liber, agens celso Nysæ de vertice tigres.
Et dubitamus adhuc virtutem extendere factis?
Aut metus Ausoniâ prohibet consistere terrâ ?
Quis procul ille autem ramis insignis olivæ,
Sacra ferens? Nosco crines incanaque menta
Regis Romani, primus qui legibus urbem
Fundabit, Curibus parvis et paupere terrâ
Missus in imperium magnum: cui deinde subibit
Otia qui rumpet patriæ, residesque movebit,
Tullus in arma viros, et jam desueta triumphis

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