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d'elle, côte à côte, le plus près que tu pourras : rien ne s'y oppose; le peu d'espace te force à la presser, et lui fait, heureusement pour toi, une loi de le souffrir. Cherche alors un motif pour lier conversation avec elle, et ne lui tiens d'abord que les propos usités en pareil cas. Des chevaux entrent dans le Cirque: demande-lui le nom de leur maître; et, quel que soit l'écuyer qu'elle favorise, range-toi aussitôt de son parti. Mais, lorsqu'en pompe solennelle s'avanceront les statues d'ivoire des dieux de la patrie, applaudis avec enthousiasme Vénus, ta protectrice. Si, par un hasard assez commun, un grain de poussière volait sur le sein de ta belle, enlève-le d'un doigt léger.Il n'y a rien, dis-tu? ôte-le toujours : tout doit servir de prétexte à tes soins empressés. Le pan de sa robe traîne-t-il à terre? relève-le; et fais en sorte qu'aucune ordure ne puisse le souiller. Déjà, pour prix de ta complaisance, ton œil furtif a pu voir sa jambe, sans qu'elle s'en offense. Tu dois en outre faire attention aux spectateurs assis derrière elle, de peur qu'un genou trop avancé ne l'incommode. Un rien suffit pour gagner un sexe frivole: que d'amans ont fait leur chemin près d'une belle, en arrangeant un coussin d'une main prévenante, en agitant l'air autour d'elle avec un léger éventail, ou en plaçant un tabouret sous ses pieds délicats!

Toutes ces facilités, ton amour naissant peut les trouver aux jeux du Cirque, et dans cette triste arène, rougie du

Illa

sæpe puer

Veneris pugnavit arena :

Et qui spectavit vulnera, vulnus habet.

Dum loquitur, tangitque manum, poscitque libellum ;

Et quærit, posito pignore, vincat uter; Saucius ingemuit, telumque volatile sensit Et pars spectati muneris ipse fuit.

QUID? modo quum belli navalis imagine Cæsar.
Persidas induxit Cecropidasque rates?

Nempe ab utroque mari juvenes, ab utroque puellæ.
Venere; atque ingens orbis in urbe fuit.

Quis non invenit, turba quod amaret in illa?
Eheu, quam multos advena torsit Amor!

ECCE parat Cæsar domito, quod defuit, orbi
Addere nunc, Oriens ultime, noster eris.
Parthe, dabis pœnas: Crassi gaudete sepulti,

Signaque barbaricas non bene passa manus.
Ultor adest; primisque ducem profitetur in annis,
Bellaque non puero tractat agenda puer.
Parcite natales, timidi, numerare Deorum :
Cæsaribus virtus contigit ante diem.

Ingenium cœleste suis velocius annis

Surgit; et ignavæ fert male damna moræ. Parvus erat, manibusque duos Tirynthius angues Pressit; et in cunis jam Jove dignus erat.

sang des gladiateurs sur cette même arène l'amour aussi se plaît à combattre; et tel qui regardait les blessures d'autrui, s'est senti blessé lui-même. Tout-à-l'heure, il parlait du spectacle, il pariait pour tel ou tel athlète, il touchait la main de son adversaire, et, déposant le gage du pari, s'informait du parti vainqueur. Maintenant, il soupire, un trait rapide a percé son cœur; et d'abord simple spectateur du combat, il en est une des victimes.

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N'est-ce pas ce qu'on a vu ce qu'on a vu naguère, lorsque César nous offrit l'image d'un combat naval, où parurent les vaisseaux des Perses luttant contre ceux d'Athènes? A ce spectacle la jeunesse des deux sexes accourut des rivages de l'un et de l'autre océan : Rome, en ce jour, semblait être le rendez-vous de l'univers. Qui de nous, dans cette foule immense, n'a pas trouvé un objet digne de son amour? combien, hélas! furent brûlés d'une flamme étrangère! Mais César se dispose à achever la conquête du monde contrées lointaines de l'Aurore, vous subirez nos lois; tu seras puni, Parthe insolent! Mânes des Crassus, réjouissez-vous! et vous, aigles romaines, honteuses d'être encore aux mains des Barbares, votre vengeur s'avance! A peine à ses premières armes, il promet un héros; enfant, il dirige déjà des guerres interdites à l'enfance. Esprits timides, cessez de calculer l'âge des demi-dieux la vertu, dans les Césars, n'attend pas les années. Le feu céleste qui les anime devance les temps, et s'indigne, impatient des lenteurs d'un tardif accroissement. Hercule n'était encore qu'un enfant, et déjà ses mains étouffaient des serpens: il fut, dès son berceau, le digne fils de Jupiter. Et toi, toujours brillant des grâces de l'enfance, Bacchus, que tu fus grand à cet âge,

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Nunc quoque qui puer es, quantus tum, Bacche, fuisti,

Quum timuit thyrsos India victa tuos! AUSPICIIS animisque patris, puer, arma movebis; Et vinces animis auspiciisque patris.

Tale rudimentum tanto sub nomine debes;

Nunc juvenum princeps, deinde future senum.
Quum tibi sint fratres, fratres ulciscere læsos;
Quumque pater tibi sit, jura tuere patris.
Induit arma tibi genitor patriæque tuusque :
Hostis ab invito regna parente rapit.

Tu pia tela feres, sceleratas ille sagittas :
Stabunt pro signis jusque piumque tuis.
Vincuntur causa Parthi; vincantur et armis.
Eoas Latio dux meus addat opes.

Marsque pater, Cæsarque pater, date numen eunti!
Nam Deus e vobis alter es : alter eris.

Auguror en; vinces; votivaque carmina reddam,
Et magno nobis ore sonandus eris.
Consistes; aciemque meis hortabere verbis.

O desint animis ne mea verba tuis!

Tergaque Parthorum, Romanaque pectora dicam;
Telaque, ab averso quæ jacit hostis equo.

Qui fugis, ut vincas, quid victos, Parthe, relinquis?

Parthe, malum jam nunc Mars tuus omen habet. ERGO erit illa dies, qua tu, pulcherrime rerum,

lorsque l'Inde tremblante s'inclinait devant tes thyrses vainqueurs!

Jeune Caïus, c'est sous les auspices de ton père, c'est animé du même courage que tu prendras les armes ; les auspices et le courage de ton père te donneront la victoire : un tel début convient au grand nom que tu portes. Aujourd'hui prince de la jeunesse, tu le seras un jour du sénat. Frère généreux, venge l'injure faite à tes frères; fils reconnaissant, défends les droits de ton père. C'est ton père, c'est le père de la patrie qui t'a mis les armes à la main; tandis que ton ennemi a violemment arraché le trône à l'auteur de ses jours. La sainteté de ta cause triomphera de ses flèches parjures : la Justice et la Piété se rangeront sous tes drapeaux. Déjà vaincus par le droit, que les Parthes le soient aussi par les armes; et que mon jeune héros, aux richesses du Latium, ajoute celles de l'Orient! O Mars! ô César! dont le sang coule dans ses veines! l'un de vous est déjà dieu, l'autre un jour doit l'être : votre fils va combattre; soyez-lui propices!... Je lis dans l'avenir : oui, tu vaincras, Caïus; mes vers acquitteront les vœux que je fais pour ta gloire, et s'élèveront pour te chanter au ton le plus sublime. Je te peindrai debout, animant tes phalanges au combat. Puissent alors mes vers ne pas être indignes de ton courage! Je dirai le Parthe tournant le dos, et le Romain opposant sa poitrine aux traits que l'ennemi lui lance en fuyant. Toi qui fuis pour vaincre, ô Parthe, pourquoi laisser la victoire au vaincu? Parthe, désormais pour toi Mars n'a plus que de funestes présages.

Il viendra donc ce jour, ô le plus beau des mortels! où,

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