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"Quand vous avez trouvé la vérité ne craignez pas de creuser, vous
n'arriverez qu'à des conséquences justes et fécondes. »

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Or 270

L'ABOLITION DE L'AUTORITÉ

PAR

LA SIMPLIFICATON DU GOUVERNEMENT.

« Il n'y aura pas de maître parmi vous; vous n'avez qu'un seul et même maître, et vous êtes tous frères. »

EVANGILE.

« Le pouvoir païen est une jouissance, le pouvoir chrétien est un sacrifice. Le pouvoir païen dit : L'Etat c'est moi. Le pouvoir chrétien dit: Je suis tout à l'Etat.

» Aucun homme, en tant qu'il soit homme, n'a de droit, de pouvoir, d'autorité sur un autre homme; c'est pourquoi la suprématie exercée par l'homme, à ce seul titre, sur l'homme est une usurpation, une injustice, un vol, un sacrilége. » Le R. P. VENTURA.

Dans un système de liberté, un seul fait de despotisme détruit tout le système, comme, en comptabilité, une erreur d'un centime détruit tous les comptes.. BENJAMIN CONSTANT.

« Le droit naturel repose sur un seul principe, qui est la sainteté de la liberté de l'homme, Le droit naturel, dans ses applications aux diverses relations des hommes entre eux et à tous les actes de la vie sociale' contient et engendre le droit civil. Comme en réalité le seul sujet du droit civil est l'être libre, le principe qui domine le droit civil tout entier est le respect de la liberté; le respect de la liberté s'appelle la justice.

L'homme qui, pour exercer sa liberté, violerait celle d'un autre, manquant ainsi à la loi même de la liberté, se rendrait coupable. C'est toujours envers la liberté qu'il est obligé, que cette liberté soit la sienne ou celle d'un autre.

La société est le développement régulier, le commerce paisible de toutes les libertés, sous la protection de leurs droits réciproques.»

COUSIN.

1.

AUTORITÉ ET LIBERTÉ.

Deux principes se disputent l'empire du Monde : l'Autorité, la Liberté.

L'Autorité qui n'est pas absolue n'est pas l'Autorité. C'est la lutte qui se prépare, c'est le feu qui couve.

La Liberté qui n'est pas absolue n'est pas la Liberté. C'est l'agitation qui se perpétue, c'est la flamme qui dévore.

L'Autorité, fille de la Force, se fonde par la Conquête.

La Liberté, fille du Travail, se développe par l'Epargne.
L'Autorité s'assied immobile sur la For

La Liberté marche appuyée sur l'Examen.
L'Autorité proclame le Mal et le contient.
La Liberté proclame le Bien et l'étend.
L'Autorité favorise l'Ignorance.

La Liberté encourage la Science.

L'Autorité protége l'Erreur et poursuit la Vérité.
La Liberté protége la Vérité et poursuit l'Erreur.
L'Autorité est une invention de l'Homme.

La Liberté est un présent de Dieu.

L'Autorité est une usurpation.

La Liberté est une revendication.

Entre l'Autorité et la Liberté, il faut choisir; c'est vainement qu'on s'efforcerait plus longtemps de les allier. Chimérique entreprise 1 Les deux principes sont incompatibles. Ce que l'un cherche à édifier, l'autre s'exerce à le détruire; ce que celui-ci étaie, celui-là le mine; ce que l'Autorité relève, la Liberté le renverse.

Les conditions de leur existence sont diamétralement opposées; les lois de leur développement, comme les deux lignes d'un angle, s'écartent d'autant plus qu'elles se prolongent.

Mais c'est surtout dans les moyens qui leur sont exclusivement propres que diffèrent essentiellement l'Autorité et la Liberté.

L'Autorité n'est entière que si on la croit d'origine divine. C'est à ce titre seul qu'elle peut se déclarer infaillible et se proclamer inviolable. La force fait son droit et la superstition fait sa force. Aussitôt que la superstition est en déclin. l'Autorité est en décadence. C'est ce qu'atteste l'histoire de tous les peuples et de tous les gouvernemens. Que ceux qui veulent relever le principe d'autorité commencent done par rallumer le feu de la foi, mais en même temps que le feu dela foi, la flamme des bûchers. Où l'intimidation de la torture a été vaincue, croit-on que l'intimidation de la censure serait victorieuse ? Où la proscription et la mort n'ont pas suffi, croit-on que suffiront l'amende et la prison? Illusion! Illusion! L'Autorité sans Inquisition ne saurait subsister longtemps. Sil'Inquisition ne peut être rétablie, c'est que le règne de l'Aŭtorité est fini, c'est que le règne de la Liberté a commencé.

D'institution humaine, il faut à l'Autorité, les faits le démontrent, pour subsister:

L'hérédité du trône.
L'ignorance du peuple.
La superstition du temps.
L'irresponsabilité du pouvoir.
La prépondérance d'une classe.
Les rigueurs de l'inquisition.
L'intimidation des tortures.
Les ciseaux de la censure.
L'étouffement de la pensée,
L'esclavage de la parole.
Le supplice du silence.
L'arbitraire de la police.
L'éclat de la gloire.

La périodicité de la guerrer
Le butin des conquêtes.
L'abus de la force.

Les prodigalités de la faveur.

Les partialités de la loi.
La dilapidation du trésor.
Le mystère de l'impôt.

L'absence de tout contrôle efficace.
L'interdiction de tout libre examen.

L'obscurité des ténèbres.

L'immobilité, enfin, de l'esprit humain.

Diverses choses, l'on en conviendra, passablement difficiles à rétablir.

D'essence divine, la Liberté se contente de moins : elle se suffit à elle-même.

La Liberté,

C'est le peuple qui s'instruit.

C'est la foi religieuse qui s'éclaire.

C'est la souveraineté individuelle qui règne.

C'est la raison publique qui gouverne.

C'est le droit qui s'exerce.

C'est la force qui abdique.

C'est le privilége qui s'efface.

C'est l'arbitraire qui expire.

C'est l'abus qui se réforme.

C'est la responsabilité qui s'applique.
C'est la vérité qui triomphe.

C'est la justice qui protége.

C'est la pénalité quí s'adoucit.

C'est l'émulation qui se surpasse.

C'est l'économie qui prévaut.

C'est l'administration qui se simplifie.

C'est la supériorité quí se produit.

C'est la publicité qui s'épure.

C'est la polémique qui s'éteint.

C'est le crédit qui se fonde.

C'est le travail qui se divise.

C'est la consommation qui s'accroît.

C'est la production qui se développe.
C'est la paix qui s'affermit.

C'est la misère qui disparaît.

C'est l'impôt qui se transforme.

C'est la démocratie qui s'organise.

C'est l'humanité quí se relève.
C'est la civilisation qui s'étend.

C'est le bien-être qui s'universalise.

C'est enfin l'unité du Monde qui se fait par le progrès de la Science. Sous le régime de l'Autorité, Pouvoir est synonyme de Vouloir; sous

le régime de la Liberté, Pouvoir est synonyme de Savoir.

La différence qui existe entre ces deux mots: Vouloir et Savoir, résume et caractérise parfaitement les deux régimes.

La Liberté qui se sait responsable se règle et n'a la prétention de rien régler.

L'Autorité qui se croit infaillible a la prétention de tout régler et ne se règle pas.

La Liberté ne s'impose pas; donc, il lui suffit d'échanger des conventions.

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