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CHAPITRE

VII.

De l'égalité du traitement dans le cas de la pluralité des femmes.

Dfuit celle de l'égalité du traite

E la loi de la pluralité des femmes,

ment. Mahomet qui en permet quatre, veut que tout foit égal entr'elles; nourriture, habits, devoir conjugal. Cette loi eft auffi établie aux Maldives (a), où on peut époufer trois femmes.

que

La loi de Moïfe (b) veut même fi quelqu'un a marié fon fils à une efclave, & qu'enfuite il époufe une femme libre, il ne lui ôte rien des vêtemens, de la nourriture & des devoirs. On pouvoit donner plus à la nouvelle époufe; mais il falloit que la premiere n'eût pas moins.

) Voyages de François Pyrard, chap. XII. (2) Exod, chap. Kan, very

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CHAPITRE

VIII.

De la feparation des femmes d'avec les

C'ES

hommes.

'EST une conféquence de la polygamie, que, dans les nations voluptueufes & riches, on ait un trèsgrand nombre de femmes. Leur féparation d'avec les hommes, & leur clôture, fuivent naturellement de ce grand nombre. L'ordre domeftique le demande ainfi; un débiteur infolvable cherche à fe mettre à couvert des pourfuites de fes créanciers. Il y a de tels climats où le phyfique a une telle force, que la morale n'y peut prefque rien. Laiffez un homme avec une femme ; les tentations feront des chutes, l'attaque fure, la réfiftance nulle. Dans ces pays, au lieu de préceptes, il faut des verroux.

Un livre claffique (a) de la Chine

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(a) Trouver à l'écart un tréfor dont on foit le » maître; ou une belle femme feule dans un appartement reculé ; entendre la voix de fon ennemi qui va périr, fi on ne le fecourt, admirable pierre de touche ». Traduction d'un ouvrage Chi nois fur la morale, dans le Pere du Halde, tom. III◆ pag. 1514

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regarde comme un prodige de vertu de fe trouver feul dans un appartement reculé avec une femme, fans lui faire violence.

CHAPITRE IX.

Liaifon du gouvernement domeftique avec le politique.

D'des citoyens eft bornée, égale,

ANS une république, la condition

douce, modérée; tout s'y reffent 'de la liberté publique. L'empire fur les femmes n'y pourroit pas être fi bien exercé ; & lorfque le climat a demandé 'cet empire, le gouvernement d'un feul a été le plus convenable. Voilà une des raifons qui a fait que le gouvernement populaire a toujours été difficile à établir en orient.

Au contraire, la fervitude des femmes eft très-conforme au génie du gouvernement defpotique, qui aime à abufer de tout. Auffi a-t-on vu dans tous les temps, en Afie, marcher d'un pas égal la fervitude domeftique & le gouvernement defpotique.

Dans un gouvernement où l'on de

mande fur-tout la tranquillité, & où la fubordination extrême s'appelle la paix, il faut enfermer les femmes; leurs intri gues feroient fatales au mari. Un gouvernement qui n'a pas le temps d'examiner la conduite des fujets, la tient pour fifpecte, par cela feul qu'elle paroît & qu'elle fe fait fentir.

Suppofons un moment que la fegéreté d'efprit & les indifcrétions, les goûts & les dégoûts de nos femmes, leurs, paffions grandes & petites, fe trouvaflent tranfportées dans un gouvernement d'orient, dans l'activité & dans cette liberté où elles font parni nous; quel eft le pere de famille qui pourroit être un moment tranquille Par-tout des gens fufpects, par-tout des. ennemis; l'état feroit ébranlé, on verroit couler des flots de fang.

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Principe de la morale de l'orient.

Dfemmes, plus la famille ceffe d'être

ANS le cas de la multiplicité des

une, plus les lois doivent réunir à un centre ces parties détachées; & plus les

intérêts font divers, plus il eft bon que les lois les ramènent à un intérêt.

Cela fe fait fur-tout par la clôture. Les femmes ne doivent pas feulement être féparées des hommes par la clôture de la maifon; mais elles en doivent encore être féparées dans cette même clôture, en forte qu'elles y faffent comme une famille particuliere dans la famille. De là dérive pour les femmes toute la pratique de la morale, la pudeur, la chafteté, la retenue, le filence, la paix, la dépendance, le refpect, l'amour, enfin une direction générale de fenti mens à la chofe du monde la meilleure par fa nature, qui eft l'attachement unique à fa famille.

Les femmes ont naturellement à remplir tant de devoirs qui leur font propres, qu'on ne peut affez les fépáTer de tout ce qui pourroit leur donner d'autres idées, de tout ce qu'on traite d'amusemens, & de tout ce qu'on ap÷ pelle des affaires.

On trouve des mœurs plus pures dans les divers états d'orient, à proportion que la clôture des femmes y eft plus exacte. Dans les grands états, il y a né ceflairement de grands feigneurs. Plus

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