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CHAPITRE X I.

De la fervitude domeftique indépendante de la polygamie.

pas

C des femmes qui exige leur clôture

feulement la pluralité

dans de certains lieux d'orient; c'est le climat. Ceux qui liront les horreurs, les crimes, les perfidies, les noirceurs, les poifons, les affaffinats, que la liberté des femmes fait faire à Goa, & dans les établiffemens des Portugais dans les Indes où la religion ne permet qu'une femme & qui les compareront à l'innocence & à la pureté des moeurs des femmes de Turquie, de Perfe, du Mogol, de la Chine & du Japon, verront bien qu'il eft fouvent auffi néceffaire de les féparer des hommes, lorfqu'on n'en a qu'une, que quand on en a plufieurs.

C'est le climat qui doit décider de ces chofes. Que ferviroit d'enfermer les femmes dans nos pays du nord, où leurs mœurs font naturellement bonnes; où toutes leurs paffions font calmes, peu actives, peu rafinées; où l'amour a fur

le cœur un empire fi réglé, que la moindre police fuffit pour les conduire?

Il est heureux de vivre dans ces climats qui permettent qu'on fe communique; où le fexe qui a le plus d'agrémens, femble parer la fociété ; & où les femmes fe réfervant aux plaifirs d'un feul, fervent encore à l'amufement de

tous.

CHAPITRE X I I.

De la pudeur naturelle.

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OUTES les nations fe font également accordées à attacher du mépris à l'incontinence des femmes: c'est que la nature a parlé à toutes les nations. Elle a établi la défenfe, elle a établi l'attaque; & ayant mis des deux côtés des défirs, elle a placé dans l'un la témérité, & dans l'autre la honte. Elle a donné aux individus pour fe conferver de longs efpaces de temps, & ne leur a donné pour fe perpétuer que des momens.

Il n'est donc pas vrai que l'incontinence fuive les lois de la nature; elle

les viole au contraire. C'est la modestie & la retenue qui fuivent ces lois.

D'ailleurs il eft de la nature des êtres intelligens de fentir leurs imperfections: la nature a donc mis en nous la pudeur, c'est-à-dire la honte de nos imperfections.

Quand donc la puiffance phyfique de certains climats viole la loi naturelle des deux fexes & celle des êtres intelligens, c'est au légiflateur à faire des lois civiles qui forcent la nature du climat & rétabliffent les lois primitives.

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L faut bien diftinguer chez les peuI

jaloufie de coutume, de moeurs, de lois. L'une eft une fievre ardente qui dévore; l'autre froide, mais quelquefois terrible, peut s'allier avec l'indif férence & le mépris.

L'une, qui eft un abus de l'amour tire fa naiffance de l'amour même. L'autre tient uniquement aux mœurs, aux manieres de la nation, aux lois du pays,

à la morale, & quelquefois même à la religion (a).

Elle eft prefque toujours l'effet de la force phyfique du climat, & elle est le remede de cette force phyfique.

CHAPITRE

XIV.

Du gouvernement de la maifon en orient.

ON change fi fouvent de femmes en

orient, qu'elles ne peuvent avoir le gouvernement domeftique. On en charge donc les eunuques, on leur remet toutes les clefs, & ils ont la difpofition des affaires de la maison. «En

Perfe, dit M. Chardin, on donne aux » femmes leurs habits, comme on fe>> roit à des enfans». Ainfi ce foin qui femble leur convenir fi bien, ce foin qui par-tout ailleurs eft le premier de leurs foins, ne les regarde pas.

(a) Mahomet recommanda à fes fectateurs, de garder leurs femmes: un cerrain iman dit en mourant la même chofe; & Confucius n'a pas moins prêché cette doctrine.

I

CHAPITRE XV.

Du divorce & de la répudiation.

Lya cette différence entre le divorce & la répudiation, que le divorce se fait par un confentement mutuel à l'occafion d'une incompatibilité mutuelle; au lieu que la répudiation fe fait la volonté & pour l'avantage d'une des deux parties, indépendamment de la volonté & de l'avantage de l'autre.

par

Il eft quelquefois fi néceffaire aux femmes de répudier, & il leur est toujours fi fâcheux de le faire, que la loi eft dure, qui donne ce droit aux hommes, fans le donner aux femmes. Un mari eft le maître de la maison; il a mille moyens de tenir ou de remettre fes femmes dans le devoir, & il femble que, dans fes mains, la répudiation ne foit qu'un nouvel abus de fa puiffance. Mais une femme qui répudie, n'exerce qu'un triste remede. C'est toujours un grand malheur pour elle d'être contrainte d'aller chercher un fecond mari, lorfqu'elle a perdu la plupart de fes agrémens chez un autre. C'est un des avantages des

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