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trois cas dont nous avons parlé. » Et » elle vouloit, dit Plutarque (a), que » celui qui répudieroit dans d'autres cas, » fût obligé de donner la moitié de fes » biens à fa femme, & que l'autre moi» tié fût confacrée à Cérès «. On pou-voit donc répudier dans tous les cas, en fe foumettant à la peine. Perfonne ne le fit avant Carvilius Ruga (b), » qui, » comme dit encore Plutarque (c), ré» pudia fa femme pour caufe de ftérilité, » deux cents trente ans après Romu» lus « : c'est - à-dire, qu'il la répudia foixante & onze ans avant la loi des douze tables, qui étendit le pouvoir de répudier, & les caufes de répudiation.

Les auteurs que j'ai cités, difent que Carvilius Ruga aimoit fa femme; mais qu'à caufe de fa ftérilité, les cenfeurs lui firent faire ferment qu'il la répudieroit, afin qu'il pût donner des enfans à la république ; & que cela le rendit odieux au peuple. Il faut connoître le génie du peuple Romain, pour découvrir la vraie

(a) Plutarque, vie de Romulus.

Effectivement, la caufe de ftérilité n'eft point portée par la loi de Romulus. Il y'a apparence qu'il ne fut point fujet à la confifcation, puifqu'il fuivoit l'ordre des cenfeurs.

(c) Dans la comparaison de Théfée & de Romulus,

cause de la haine qu'il conçut pour Carvilius. Ce n'eft point parce que Carvilius répudia fa femme, qu'il tomba dans la difgrace du peuple: c'eft une chofe dont le peuple ne s'embarraffoit pas. Mais Carvilius avoit fait un ferment aux cenfeurs, qu'attendu la ftérilité de fa femme, il la répudieroit pour donner des enfans à la république. C'étoit un joug que le peuple voyoit que les cenfeurs alloit mettre fur lui. Je ferai voir dans la fuite (a) de cet ouvrage les répugnances qu'il eut toujours pour des réglemens pareils. Mais d'où peut venir une telle contradiction entre ces auteurs? Le voici: Plutarque a examiné un fait, & les autres ont raconté une merveille.

(a) Au liv. XXIII, chap. xxi,

LIVRE

XVII.

Comment les Lois de la fervitude politique ont du rapport avec la nature du climàt.

CHAPITRE PREMIER.

De la fervitude politique.

I A fervitude politique ne dépend

pas moins de la nature du climat, que la civile & la domeftique, comme on va le faire voir.

CHAPITRE II.

Différence des peuples par rapport au

courage.

Nosler mervoit la force & le cottus avons déjà dit que la grande

rage des hommes; & qu'il y avoit dans les climats froids une certaine force de corps & d'efprit, qui rendoit les hommes capables des actions longues, pé

nibles, grandes & hardies. Cela fe remarque non-feulement de nation à nation, mais encore dans le même pays d'une partie à une autre. Les peuples du nord de la Chine (a) font plus courageux que ceux du midi; les peuples du midi de la Corée (b) ne le font pas tant que ceux du nord.

Il ne faut donc pas être étonné que la lâcheté des peuples des climats chauds les ait prefque toujours rendus efclaves, & que le courage des peuples des climats froids les ait maintenus libres. C'est un effet qui dérive de fa cause naturelle.

Ceci s'eft encore trouvé vrai dans

l'Amérique; les empires defpotiques du Mexique & du Pérou étoient vers la ligne, & prefque tous les petits peuples libres étoient & font encore vers les pôles.

) Le P. du Halde, tome I, page 112. b) Les livres Chinois le difent ainfi, Ibid, tome IV, page 448.

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CHAPITRE III.

Du climat de l'Afie.

ES relations nous difent (a) que » le nord de l'Afie, ce vafte conti» nent qui va du quarantieme degré ou » environ jufques au pôle, & des fron» tieres de la Mofcovie jufqu'à la mer » orientale, eft dans un climat très-froid: » que ce terrain immenfe eft divifé de » l'ouest à l'est par une chaîne de mon» tagnes, qui laiffent au nord la Sibérie, » & au midi la grande Tartarie: que le » climat de la Sibérie eft fi froid, qu'à la » réferve de quelques endroits, elle ne » peut être cultivée ; & que, quoique » les Ruffes aient des établissemens tout » le long de l'Irtis, ils n'y cultivent rien; » qu'il ne vient dans ce pays que quel» ques petits fapins & arbriffeaux; que » les naturels du pays font divifés en de » miférables peuplades, qui font comme » celles du Canada: que la raifon de cette » froidure vient, d'un côté, de la hauteur » du terrain; & de l'autre, de ce qu'à

(a) Voyez les voyages du Nord, tome VIII; l'hiftoire des Tattars; & le quatrieme volume de la Chine du P. du Halde.

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