Page images
PDF
EPUB

fi haut que le trait n'arrive point jufqu'à lui. Un Seigneur Ariftocratique en eft percé de part en part. Auffi les Décemvirs, qui formoient une Ariftocratie, punirent-ils de mort les écrits fatyriques. [a]

ART. XI. Violation de la pudeur dans la punition des crimes.

Il y a des régles de pudeur obfervées chez prefque toutes les Nations du monde, il feroit abfurde de les violer dans la punition des crimes qui doit toujours avoir pour objet le rétabliffement de l'ordre.

Les Orientaux qui ont expofé des femmes à des Eléphans, dreffés pour un abominable genre de fupplice, ont-ils voulu faire violer la Loi par la Loi?

pas

Un ancien ufage des Romains défendoit de faire mourir les filles qui n'étoient nubiles. Tibere trouva l'expédient de les faire violer par le bourreau, avant de les envoyer au fupplice [b]. Tyran fubtil & cruel, il détruifoit les mœurs pour conferver les coûtumes.

Lorfque la Magiftrature Japonoise a fait expofer dans les places publiques les femmes nuës, & les a obligées de marcher à la maniere des bêtes, elle a fait

[a] La Loi des douze Tables. [b]Suetonius in Tiberio.

frémit

frémir la pudeur (a) : mais lorsqu'elle a vonlu contraindre une mere .... lorsqu'elle a voulu contraindre un fils.... je ne puis achever; elle a fait frémir la nature même (b).

ART. XII. Affranchiffement de l'efclave, pour accufer le maître.

Augufte établit que les efclaves de ceux qui auroient confpiré contre lui feroient vendus au public, afin qu'ils puffent dépofer contre leur maître (c). On ne doit rien négliger de ce qui mene à la découverte d'un grand crime; ainfi dans un Etat où il y a des efclaves, il est naturel qu'ils puiffent être indicateurs: mais ils ne fçauroient être témoins.

Vindex indiqua la confpiration faite en faveur de Tarquin: mais il ne fut pas témoin contre les enfans de Brutus. II étoit jufte de donner la liberté à celui qui avoit rendu un fi grand fervice à fa Patrie: mais on ne la lui donna pas, afin qu'il rendit ce fervice à fa Patrie.

Auffi l'Empereur Tacite ordonna-t-il que les efclaves ne feroient pas témoins contre leur maître dans le crime même

(a) Recueil des Voyages qui ont fervi à l'établissefement de la Compagnie des Indes, Tom. V. Part. II. (5) Ibid. pag. 496.

(c) Dion dans Xiphilin. Tome II

B.

pas

de Léze-Majefté (a): Loi qui n'a mife dans la compilation de Juftinien.

ART. XIII. Calomnie dans le crime de Léze-Majefté.

été

Il faut rendre juftice aux Céfars; ils n'imaginerent pas les premiers les triftes Loix qu'ils firent. C'eft Sylla (b) qui leur apprit qu'il ne falloit point punir les calomniateurs; bientôt on alla jufqu'à les récompenfer (c).

ART. XIV. Révélation des Confpirations.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Quand' ton frere, ou ton fils, ou ta femme bien-aimée , ou ton mari qui eft comme ton ame, diront en fecret Allons à d'autres Dieux, tu les lapide,, ras.,, Cette Loi du Lévitique ne peut être une Loi civile chez la plupart des Peuples que nous connoiffons , parce qu'elle y ouvriroit la porte à tous les cri

mes.

La Loi qui ordonne dans plufieurs Etats, fous peine de la vie, de réveler

(a) Flavius Vofpifcus, dans fa vie.

(b) Sylla fit une Loi de Majefté, dont il eft parlé dans les Oraifons de Ciceron, pro Cluentio, art. 3. in Pifonem, art. 21. 2e. contre Verrès, art. 5. Epitres familieres, Liv. III. lett. II. Céfar & Augufte les inferent dans les Loix Julies ; d'autres y ajoûterent.

(c) En quoquis diftinctior accufator eò magis honores affequebatur, ac veluti Sacro-fanitus erat. Tacite.

les confpirations auxquelles même on n'a pas trempé, n'eft guére moins dure. Lorfqu'on la porte dans le Gouvernement Monarchique, il est très-convenable de la reftreindre.

Elle n'y doit être appliquée dans toute fa févérité qu'au crime de Léze-Majefté au premier chef. Dans ces Etats il eft très-important de ne point confondre les différens chefs de ce crime.

Au Japon, où les Loix renverfent toutes les idées de la raison humaine, le crime de non-révélation s'applique aux cas les plus ordinaires.

Une relation (a) nous parle de deux demoiselles qui furent renfermées jufqu'à la mort dans un coffre hériffé de pointes, l'une pour avoir eu quelqu'intrigue de galanterie, l'autre pour ne l'avoir pas révélée.

ART. XV. Ileft dangereux dans les Républiques de trop punir le crime de LézeMajefté.

Quand une République eft parvenue à détruire ceux qui vouloient la renverfer, il faut fe hâter de mettre fin aux ven

(a) Recueil des Voyages qui ont fervi à l'établiffement de la Compagnie des Indes, pag. 423, Liv. V. 2. Partic.

geances, aux peines & aux récompenfes mêmes.

On ne peut faire de grandes punitions, & par conféquent de grands changemens, fans mettre dans les mains de quelques Citoyens un grand pouvoir. Il vaut donc mieux dans ce cas pardonner beaucoup que punir beaucoup, exiler peu, qu'exiler beaucoup; laiffer les biens, que muliplier les confifcations. Sous prétexte de la vengeance de la République, on établiroit la tyrannie des vengeurs. Il n'eft pas question de détruire celui qui domine, mais la domination. Il faut rentrer le plutôt que l'on peut dans ce train ordi. naire du Gouvernement où les Loix protégent tout & ne s'arment contre perfonne.

On trouve dans Appien (a) l'Edit & la formule des profcriptions. Vous diriez qu'on n'y a d'autre objet que le bien de la République, tant on y parle de fang froid, tant on y montre d'avantages, tant les moyens que l'on prend font préférables à d'autres, tant les riches feront en fûreté, tant le bas Peuple fera tranquille, tant on craint de mettre en danger la vie des Citoyens, tant on veut appaifer les foldats: horrible exemple, (a) Des Guerres Civiles, Liv. IV.

« PreviousContinue »