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E34

ETUDES GRECQUES

SUR

VIRGILE.

III.

du nom de la nourrice d'Enée; ce qui est conforme au témoignage de Denys d'Halicarnasse qui y fait aborder le héros à son départ de l'île de Prochyta, pour le conduire ensuite au promontoire de Circeii.

Atpius exsequiis Æneas ritè solutis,

Aggere composito tumuli, postquam alta quiêrunt
Æquora, tendit iter velis, portumque relinquit.
Aspirant auræ in noctem, nec candida cursum
Luna negat: splendet tremulo sub lumine pontus.
10 Proxima Circææ raduntur littora terræ,
Dives inaccessos ubi Solis filia lucos

Assiduo resonat cantu, tectisque superbis
Urit odoratam nocturna in lumina cedrum,
Arguto tenues percurrens pectine telas.
Hinc exaudiri gemitus, iræque leonum

Vincla recusantum, et serâ sub nocte rudentum;
Setigerique sues, atque in præsepibus ursi

Sævire, ac formæ magnorum ululare luporum; Quos hominum ex facie dea sæva potentibus herbis 20 Induerat Circe in vultus ac terga ferarum.

Quæ ne monstra pii paterentur talia Troes,
Delati in portus, neu littora dira subirent,
Neptunus ventis implevit vela secundis,

Atque fugam dedit, et præter vada fervida vexit.

Rien de plus gracieux que ce tableau d'une navigation nocturne, dans lequel Virgile a transporté ce vers d'Ennius:

Lumine sic tremulo terra et cava cærula candent.

Le cap Circeii, situé près de Gaëte, et bordé d'un côté par la mer, de l'autre par les marais Pomptins, passe pour avoir été l'île d'Ea, séjour fabuleux de Circé. La réception d'Ulysse

chez cette magicienne forme un des principaux épisodes de l'Odyssée, dont elle occupe tout le iome chant. Le poète latin en a reproduit ici le passage le plus remarquable, celui où les compagnons d'Ulysse aperçoivent le palais de Circé.

Εὗρον δ ̓ ἐν βήσσησι τετυγμένα δώματα Κίρκης ξεστοῖσιν λάεσσι, περισκέπτῳ ἐνὶ χώρῳ. ἀμφί δέ

μιν λύκοι ἦσαν ὀρέστεροι, ἠδὲ λέοντες, τοὺς αὐτὴ κατέθελξεν, ἐπεὶ κακὰ φάρμακ ̓ ἔδωκεν. οὐδ ̓ οἴγ ̓ ὡρμήθησαν ἐπ ̓ ἀνδράσιν, ἀλλ ̓ ἄρα τοίγε οὐρῆσιν μακρῇσι περισσαίνοντες ἀνέσταν.

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ὡς δ ̓ ὅταν ἀμφὶ ἄνακτα κύνες δαίτηθεν ἰόντα
σαίνωσ ̓ αἰεὶ γάρ τε φέρει μειλίγματα θυμοῦ·
ὣς τοὺς ἀμφὶ λύκοι κρατερώνυχες, ἠδὲ λέοντες,
σαῖνον· τοὶ δ ̓ ἔδδεισαν ἐπεὶ ἴδον αἰνὰ πέλωρα.
ἔσταν δ ̓ εἰνὶ θύρησι θεᾶς καλλιπλοκάμοιο
Κίρκης δ ̓ ἔνδον ἄκουον ἀειδούσης ἐπὶ καλῇ,
ἱστὸν ἐποιχομένης μέγαν ἄμβροτον, οἷα θεάων
λεπτά τε καὶ χαρίεντα καὶ ἀγλαὰ ἔργα πέλονται·
OD. X, v. 210.

Virgile, rehaussant ces images par la lugubre harmonie de ses vers, a augmenté encore leur tendauce philosophique en montrant dans la férocité des fantômes d'animaux l'abrutissement de l'âme flétrie par les passions. La flamme odorante qui brûle dans le palais de Circé se retrouve dans la grotte de Calypso, si élégamment décrite au 5me, chant de l'Odyssée :

Πῦρ μὲν ἐπ ̓ ἐσχαρόφιν μέγα καίετο, τηλόθι δ ̓ ὀδμὴ κέδρου τ ̓ εὐκεάτοιο, θύου τ ̓ ἀνὰ νῆσον ὀδώδει, δαιομένων· ἡ δ ̓ ἔνδον ἀοιδιάουσ ̓ ἐπὶ καλῇ, ἐστὸν ἐποιχομένη, χρυσείη κερκίδ ̓ ὕφαινεν.

OD. V, v. 59.

DE L'IMPRIMERIE D'AUG. DELALAIN,

RUE DES MATHURINS-ST.-JACQUES, No. 5.

SUR

84649

VIRGILE,

ου

RECUEIL DE TOUS LES PASSAGES DES POETES GRECS

IMITÉS DANS LES BUCOLIQUES, LES GÉORGIQUES ET L'ÉNÉIDE,

AVEC LE TEXTE LATIN

ET DES RAPPROCHEMENS LITTÉRAIRES;

PAR

F. G. EICHHOFF,

PROFESSEUR DE BELLES-LETTRES, RÉPÉTITEUR A L'INSTITUTION MASSIN.

Chez

A PARIS,

A. DELALAIN, Imprimeur-Libraire, rue des Mathurins-
St.-Jacques, No. 5.

TREUTTEL et WURTZ, Libraires, rue de Bourbon,

N°. 17.

1825.

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