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Illam inter cædes, pallentem morte futura,
Fecerat ignipotens undis et Iapyge ferri:
Contra autem magno morentem corpore Nilum,
Pandentemque sinus, et tota veste vocantem
Cæruleum in gremium, latebrosaque flumina, victos.
At Cæsar, triplici invectus Romana triumpho
Moenia, dis Italis votum inmortale sacrabat,
Maxuma ter centum totam delubra per urbem.

Lætitia ludisque viæ plausuque fremebant;
Omnibus in templis matrum chorus; omnibus aræ:
Ante aras terram cæsi stravere juvenci.
Ipse, sedens niveo candentis limine Phœbi,
Dona recognoscit populorum, aptatque superbis
Postibus: incedunt victæ longo ordine gentes,
Quam variæ linguis, habitu tam vestis et armis.

Hic Nomadum genus et discinctos Mulciber Afros,
Hic Lelegas Carasque, sagittiferosque Gelonos,
Finxerat; Euphrates ibat jam mollior undis,
Extremique hominum Morini, Rhenusque bicornis,
Indomitique Dahæ, et pontem indignatus Araxes.

Elle fuit, et déja sur son front sans couleur
De la mort qui l'attend s'imprime la pâleur.
Mais à sa fuite encor le Nil reste fidèle;
Fier de ses sept canaux, le Nil est devant elle;
Lui-même, des vaincus appelant les débris,
De sa robe azurée ouvre les larges plis,

Ouvre son vaste sein et ses immenses ondes,

Et cache leurs malheurs dans ses grottes profondes.
Auguste, conquérant et pacificateur,

Par trois fois a conduit son char triomphateur;
Et, payant à ses dieux le tribut de sa gloire,
Par des dons solennels acquitte sa victoire.
Au temple d'Apollon, d'un marbre éblouissant,
Lui-même vient offrir son vœu reconnoissant;
Lui-même, le front ceint d'immortelles guirlandes,
De cent peuples divers il reçoit les offrandes;
Et, suspendant leurs dons au portique du dieu,
Lui fait de ses faveurs le solennel aveu.
Devant lui s'avançoient les nations soumises;

A la variété de leurs armes conquises,

De leurs noms, de leurs mœurs, de leurs habits divers, Rome a cru dans son sein rassembler l'univers.

Là, du Nomade errant dans sa hutte roulante,

Du brûlant Africain, à la robe flottante,
Du Carien, enfant d'un sol voluptueux,
Du farouche Gélon, du Dahe impétueux,
Le dieu dans ses tableaux enchaîne encor l'image;
L'Araxe au loin mugit sous un pont qui l'outrage;
Le Rhin de son orgueil reçoit le châtiment,
Et l'Euphrate soumis coule plus mollement.

Talia, per clypeum Volcani, dona parentis, Miratur, rerumque ignarus imagine gaudet, Adtollens humero famamque et fata nepotum.

Le héros s'applaudit; de ses yeux il dévore Dans ce don prophétique un bonheur qu'il ignore; Part, et porte à son bras ses glorieux destins,

Et l'honneur de sa race, et le sort des Romains.

T. V. ÉNÉIDE. NI.

12

DU LIVRE HUITIÈME,

PAR M. MICHAUD.

Si la censure s'est exercée plus particulièrement sur le septième livre, il faut croire que les beautés du premier ordre que le poëte latin a jetées presque par-tout dans son ouvrage, avoient dû rendre ses lecteurs difficiles: il est probable qu'on eût beaucoup admiré ce livre dans un poëme moins parfait; mais, placé après la descente d'Enée aux enfers, il a dû paroître moins admirable. C'est ainsi que, dans la galerie des statues du Muséum, la Vénus du Capitole étoit remarquée à côté de la Vénus de Médicis et de l'Apollon du Belvédère; et, dans ce sens, la plupart des critiques qu'on a faites sont un nouvel hommage rendu au génie de Virgile. Mais, s'il est vrai que le génie du poëte se soit ralenti dans quelques passages, il faut avouer qu'il se relève ici avec un nouvel éclat: c'est l'aigle qui a un moment abaissé son vol vers la terre, et qui reprend bientôt son essor vers les cieux.

Ce huitième livre prouve que le génie de Virgile n'étoit pas moins créateur celui d'Homère: ici il a presque que

tout créé, et le lecteur est sans cesse étonné de la richesse et de la variété de ses tableaux. Le dieu du Tibre apparoît à Énée, et l'invite à solliciter les secours d'Évandre. Énée arrive à Pallantée, au moment où le roi et sa cour font un sacrifice à Hercule: ainsi l'épisode de Cacus est naturellement amené; et si le vieux roi pasteur met une très grande

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