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comprend tout le pays au nord d'une ligne tirée de Ta-tsin pa (sur le Fleuve Bleu au N. O. de Tchao-t'ong), à Y-leang tcheou et Tchen-hiong hien (situés à l'est de Tchao-t'ong); autrement dit, il comprend toute la préfecture de Tchao-t'ong, à l'exception de Lou-tien t'in et du haut plateau, qui appartiennent au climat sec.

Les Lo-lo sont assez nombreux dans la préfecture de Tchao-t'ong, où ils habitent surtout les sous-préfectures de Tchen-hiong et de Uin-chan. Ils sont un peu plus rares dans les sous-préfectures de Ta-kouan, de Lou-tien et de Nguen-ngan. La proportion des Lo-lo aux Chinois est à peu près la même dans la préfecture de Tong-tch'ouan. Les Lo-lo, en général, sont plus nombreux au Kiao-kia t'in que dans le Houi-tsé hien, où on les rencontre surtout du côté du Koui-tcheou.

Des deux côtés de la grand-route, en venant de Su fou à Tchao-t'ong, les Lo-lo commençent à partir de Lao-oua t'an. Je ne me rappelle pas en avoir rencontrés plus au nord.

De Tchao-t'ong en allant vers Tong-tch'ouan, vous passez à Ta-choui tsin, dont les montagnes environnantes sont peuplées de Lo-lo. Je dirai la même chose pour les montagnes de Y-tché-suin; mais là les Lo-lo ont une forte tendance à se chinoiser. Ils ont presque oublié leur propre langue, la plus sûre garantie de leur nationalité, l'unique moyen de conserver leur caractère propre. Et je dirai la même chose encore pour les montagnes du Tong-tch'ouan fou.

ARTICLE IX.

Les tribus lo-lo en Yun-nan.

Au Yun-nan, on ne peut pas dire que la tribu soit, comme au Seu-tch'ouan, une famille. On ne peut pas davantage donner à ce mot le même sens qu'on lui donnait chez les anciens, ou chez certaines tribus nomades, comme les Arabes et les Indiens. Là, ce mot «tribu» impliquait en soi un principe d'autorité sur l'ensemble du groupe et solidarité entre ses divers éléments. Ici, rien de pareil; indépendance complète, et pas de chef, au sens propre du mot. Dans la même peuplade, les villages conservent chacun leur autonomie et ne se groupent nulle part sous une autorité. Dans le village même, les habitants sont tout-à-fait libres les uns vis-à-vis des autres.

J'entends donc par triku, un groupe de personnes qui portent le même nom générique, qui parlent un même dialecte, revêtent le même costume, et surtout qui se marient entre eux. Un A-hi, par exemple, épousera une A-hi, un Sa-gni, une Sa-gni, un Lo-lo p'o, une Lo-lo mo etc. Il peut y avoir des exceptions surtout sur les confins de deux tribus; mais ces exceptions sont rares, très rares même.

A. Tribu Na p'ou.

Les Na, que les Chinois appellent Hé-y, semblent être fort nombreux dans le Tchao-t'ong fou, ainsi que je l'ai dit plus haut.

On les rencontre ensuite entre Tchao-t'ong et Kiu-tsin, mais alors plus disséminés et même famille par famille, dans des villages peuplés d'autres tribus lo-lo, ou même de Chinois,

à qui ils louent des terrains. Cela ne les empêche pas d'avoir encore leurs esclaves.

On en retrouve ensuite quelques villages dans le Y-leang hien et le Lou-lan tcheou; et enfin une grosse agglomération au pays de Cheu-pa-tchai de la sous-préfecture de Mi-lé.

Ils sont doués partout d'un profond orgueil; les autres Lo-lo les craignent et les détestent. Ils se croient supérieurs à tous les autres Lo-lo; et quand, ayant besoin d'argent, ils vendent des terrains, ils s'adressent toujours aux Chinois plutôt que de vendre aux Lo-lo, même offrant un meilleur prix. Ils ne s'allient qu'entre eux. Parfois cependant, ils prennent femme dans la tribu des Ko p'ou. Quand ils ne trouvent pas femme chez eux ou chez les Ko p'ou, ils préfèrent prendre une Chinoise plutôt qu'une femme d'autres tribus lo-lo. Ce cas est excessivement rare toutefois.

B. Tribu Ko p'ou.

La tribu des Ko, que les Chinois appellent Kan-y ou Kan-po-lo, habite, me dit le P. HENRI MAIRE, dans la souspréfecture de Lo-p'in, celle de Seu-tsong et un peu au Kouang-si tcheou.

Ils se divisent en Blancs (Ko té) et en Noirs (Ko na). Ceux de Tou-dza (en Chinois Tou-tsa) sont des Ko na. Les Ko té sont dans la sous-préfecture de Lo-p'in et dans la partie sud du Seu-tsong hien.

Ces Ko p'ou sont également représentés dans la souspréfecture de P'in-y, à un jour au sud-ouest, dans les environs de Té-chen-p'in. Là, ils ignorent la distinction de Blancs et de Noirs.

C. Tribu Tu-lou p'ou.

La tribu Ou-lou, que les Chinois appellent Eul-y-tse 1, et que les Na p'ou nomment Pé-y en langue chinoise, habitent. m'écrit le P. Badie, un peu partout sur les territoires de Lo-p'in, Lou-léang, Tchan-y, P'in-y. Mème dans la plaine de K'iu-tsin, nombre de villages sont habités par ces Indigènes, mais absolument chinoisés.

A Pin-y, le nom de Ou-lou p'ou est abrégé en celui de Lou p'ou.

Cette tribu des Eul-y-tse occupe également la partie E. N. E. de la plaine et des montagnes de la Capitale.

On en retrouve également dans la plaine de Lou-lan, émigrés là des pays du K'iu-tsin fou.

D. Tribu des Sa-me.

Cette tribu occupe la partie est-sud de la plaine de la Capitale jusqu'à Y-léang hien. Les Chinois les appellent Sa-mi ou Sa-mei.

E. Tribu Sa-gni.

Vient ensuite la tribu des Sa-gni (ou Gni, Gni-p'a), aux pays de Lou-lan, Lou-léang, Kouang-si; et même, dit-on, au pays de K'iou-pé, où les hommes portent encore l'ancien costume. F. Tribu A-hi.

La tribu des A-hi occupe les montagues du Lou-lan tcheou au sud, et le pays de Mi-lé. Ils se divisent en A-hi ma-hè et en A-hi ma-de. La différence consiste uniquement dans le costume des femmes qui est à longue queue chez les premières, et à la chinoise chez les secondes. Les A-hi ma-dè se trouvent à l'O.S O. de Lan-gny-tsin.

G. Tribu A-lyé p'o.

A l'ouest et au sud-ouest de Lang-gny-tsin se trouve la tribu des A-lyé, dans les montagnes, sur les confins des districts de Tch'en-kiang, Nin-tcheou, Mi-lé et Lou-lan. Ils se sont fortement chinoisés. Les A-hi, leurs voisins, outre le nom de A-lyé p'o, les appellent souvent aussi A-hi t'o-zeu.

H. Tribu Dja-yi p'o.

A Ché-mo, sur les confins du Lou-lan tcheou et du Mi-lé hien, on trouve les Dja-yi, dont le gros de la tribu se retrouve, si je ne me trompe, dans la plaine de Tchou-uen.

I. Tribu Lou-ou p'o.

A l'E. N. E de Tchou-uen, dans les montagnes du Kouang-si tcheou, se trouve la tribu des Lou-ou.

J. Tribu A-djè p'o.

Dans le Mi-lé hien, jusqu'au A-mi tcheou, on rencontre la tribu des A-dje, entre Tchou-uen, Kouai-tien, A-mi tcheou, d'une part; et entre Mi-lé, Cheu-pa tchai, Po-si et La-li-hé, d'autre part.

K. Tribu P'o va.

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Dans l'A-mi tcheou, le Mong-tse hien et le K'ai-hoa fou, se trouvent les nombreux groupes de P'ou-la qui dans leur dialecte s'appellent P'o va hommes P'o; au moins chez le P. KIRCHER, à Lo-touk'è.

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L. A Mong-tse, au moins du côté du chemin de fer, on trouve le groupe appelé en chinois Pé t'ou lao. Ils sont presque complètement chinoisés, me dit Mgr. DE GOROSTARZU; mais ce sont bien des Lo-lo, qu'il ne faut pas confondre avec les Hé t'ou lao 1 des Chinois, habitant ces mêmes pays, mais qui sont, eux, un groupe de race thaï.

M. Tribu A-tcha p'o.

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Mgr. DE GOROSTARZU, Vicaire apostolique du Yun-nan, me dit également qu'il a connu dans le Kouang-nan fou une tribu lo-lo qui se donne le nom de A-tcha qu'il croit ressembler aux P'o va.

Je ne me hasarderai pas à parler des autres tribus lo-lo du bassin du Fleuve Rouge au Yun-nan. Je ne les connais que par les études du Prince H. D'ORLEANS et les itinéraires de M. BONS d'ANTY, dans le GUIDE MADROLLE.

Revenons donc à Yun-nan-sen, pour de là nous diriger vers l'ouest de la province.

N. Tribu Kè-seu p'o.

Nous ferons d'abord connaissance dans les montagnes du Lou-fong hien, du Lo-ts'eu hien, etc., avec la tribu des Ke-seu. J'ai pu l'étudier aux salines de Hé-tsin, où ils descendent nombreux, principalement les jours de marché.

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