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Les Bosyéba, auxquels les cartes du Congo français donnent une importance absolument exagérée, ne sont pas plus nombreux que les Besex.

Les Bosyéba, dont on a fait peut-être à tort un peuple distinct, ne sont au fond, à notre avis, que des tribus détachées depuis longtemps du rameau méké, dont ils ont conservé les tatouages distinctifs et la langue peu altérée. En 1889. Mr. FOURNEAU, en arrivant dans le pays des Bosyéba, au nord du Campo, vit ses porteurs, qu'il avait recrutés au pays des Méké sur les bords de l'Ogowé, fraterniser immédiatement avec les Bosyéba et heureux de retrouver leur langue, après avoir traversé tout le pays bétsi1.

D'après AVELOT, le nom de Bosyéba viendrait de ošü é ba le fleuve les a engendrés, sobriquet qui leur serait appliqué par dérision, les Bosyéba craignant fort la navigation. Nous ne croyons guere à cette étymologie, d'autant qu'elle est incorrecte: on devrait dire ošů o ba.

Les Guma, aujourd'hui en très petit nombre, ont été refoulés vers le Kamerun: ils se rapportent également au rameau méké. Les Européens désignent souvent les individus de tout ce groupe sous le mot Makina de ma ki na je dis que; ils ont, en effet, l'habitude de commencer tous leurs discours par ces mots. Les Bétsi sont nommés Mazuna pour la même raison.

§ 3. Le nombre des Fân.

Les Fań sont de beaucoup le rameau le plus important. Il est fort difficile d'évaluer leur nombre. Officiellement, ils ne seraient que quelques centaines de mille. Mais le chiffre officiel est loin d'être réel. N'est compté en effet, pour la statistique de l'Etat, que celui qui paie l'impôt. Or, plus de la moitié du Congo français est inexploré, sauf par quelques rares voyageurs. Ainsi, en 1901-1902, nous avons été le premier à explorer tout le Congo Nord qu'avait jadis simplement traversé CRAMPEL, puis le pays des Dzèm et des Dzandzama; après nous, est venue la commission de délimitation du Kamerun, sur une fraction de ce même pays, et c'est tout. Aussi un document 1 Cf. A. FOURNEAU, De l'Ogôoué au Campo. Bull. Sté Géogr. t. XII 1891, p. 190-215.

récent donne-t-il un nombre de 40000 guerriers fân environ, chiffre qui n'est même pas à discuter1. Ce qu'il y a de certain, c'est que la population totale du Congo français, dont les Fân peuvent former la moitié, peut être évaluée à un chiffre variant de 3 à 10 millions, sans aucune précision possible à l'heure actuelle. Pour nous, nous évaluerions facilement les Fân à cinq millions au moins, dix à douze millions au plus. Le bassin du Wole à lui seul, dont nous avons relevé tous les villages, compte plus d'un million de Fân.

Les Fân font partie de la grande famille bantoue, mais en constituent un des chainons externes, ou, si l'on préfère, ils sont placés sur la limite qui sépare les Bantous des populations et des langues du nord est, Lybie, Soudan etc. Ce sont, dit RECLUS, les moins bantous de tous les Bantous.

Un clan, celui des Amvom, dépasse ce chiffre. Les Bulé sont encore plus nombreux; le nombre des clans fâň, tout au moins ceux que nous connaissons, se chiffre par plus de 400. A s'en tenir à l'évaluation officielle, chaque clan ne compterait guère qu'une centaine de guerriers. Pour beaucoup, c'est à peine le nombre de leurs villages.

Les Bosyéba, auxquels les cartes du Congo français donnent une importance absolument exagérée, ne sont pas plus nombreux que les Bésèx.

Les Bosyéba, dont on a fait peut-être à tort un peuple distinct, ne sont au fond, à notre avis, que des tribus détachées depuis longtemps du rameau méké, dont ils ont conservé les tatouages distinctifs et la langue peu altérée. En 1889, Mr. FOURNEAU, en arrivant dans le pays des Bosyéba, au nord du Campo, vit ses porteurs, qu'il avait recrutés au pays des Méké sur les bords de l'Ogowé, fraterniser immédiatement avec les Bosyéba et heureux de retrouver leur langue, après avoir traversé tout le pays bétsi 1.

D'après AVELOT, le nom de Bosyéba viendrait de ošü é ba <«<le fleuve les a engendrés», sobriquet qui leur serait appliqué par dérision, les Bosyéba craignant fort la navigation. Nous ne croyons guère à cette étymologie, d'autant qu'elle est incorrecte: on devrait dire ošů o ba.

Les Guma, aujourd'hui en très petit nombre, ont été refoulés vers le Kamerun: ils se rapportent également au rameau méké. Les Européens désignent souvent les individus de tout ce groupe sous le mot Makina» de ma ki na «je dis que»; ils ont, en effet, l'habitude de commencer tous leurs discours par ces mots. Les Bétsi sont nommés «Mazuna» pour la même raison.

§ 3. Le nombre des Fan.

Les Fân sont de beaucoup le rameau le plus important. Il est fort difficile d'évaluer leur nombre. Officiellement, ils ne seraient que quelques centaines de mille. Mais le chiffre officiel est loin d'être réel. N'est compté en effet, pour la statistique de l'Etat, que celui qui paie l'impôt. Or, plus de la moitié du Congo français est inexploré, sauf par quelques rares voyageurs. Ainsi, en 1901-1902, nous avons été le premier à explorer tout le Congo Nord qu'avait jadis simplement traversé CRAMPEL, puis le pays des Dzèm et des Dzandzama; après nous, est venue la commission de délimitation du Kamerun, sur une fraction de ce même pays, et c'est tout. Aussi un document 1 Cf. A. FOURNEAU, De l'Ogôoué au Campo. Bull. Sté Géogr. t. XII 1891, p. 190-215.

récent donne-t-il un nombre de 40000 guerriers fân environ, chiffre qui n'est même pas à discuter 1. Ce qu'il y a de certain, c'est que la population totale du Congo français, dont les Fân peuvent former la moitié, peut être évaluée à un chiffre variant de 3 à 10 millions, sans aucune précision possible à l'heure actuelle. Pour nous, nous évaluerions facilement les Fân à cinq millions au moins, dix à douze millions au plus. Le bassin du Wole à lui seul, dont nous avons relevé tous les villages, compte plus d'un million de Fân.

Les Fân font partie de la grande famille bantoue, mais en constituent un des chaînons externes, ou, si l'on préfère, ils sont placés sur la limite qui sépare les Bantous des populations et des langues du nord est, Lybie, Soudan etc. Ce sont, dit RECLUS, les moins bantous de tous les Bantous.

Un clan, celui des Amvom, dépasse ce chiffre. Les Bulé sont encore plus nombreux; le nombre des clans fân, tout au moins ceux que nous connaissons, se chiffre par plus de 400. A s'en tenir à l'évaluation officielle, chaque clan ne compterait guère qu'une centaine de guerriers. Pour beaucoup, c'est à peine le nombre de leurs villages.

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§ 3. La définition du totem. Le totem à l'origine.

1o Auteurs qui se sont occupés de la question du totem d'une façon générale. — Définition du totem d'après FRAZER, REINACH, Mgr. LE ROY, LANG, CAPART etc. et discussion de ces définitions.

2o Auteurs qui se sont occupés de la question au point de vue africain. MM. VIREY et FOUCART, discussion de leur opinion par rapport aux Fân. Enumération des auteurs 1" qui se sont occupés du totémisme égyptien, 2o des autres peuples africains.

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§ 4. Conditions requises pour qu'il y ait totémisme: existence du totem, rapport de nom, rapport de parenté, loi d'exogamie et interdictions.

En commençant cette Etude sur le totémisme fân, nous devons tout d'abord préciser la notion du totem, et le sens que nous attachons à ce mot; en effet, suivant les divers auteurs qui ont traité cette question, soit d'une façon générale, comme FRAZER, DURKHEIM, LANG etc., soit d'une façon particulière ou pour un peuple particulier, comme LORET et VAN GENNEP 3, ce sens a fortement changé.

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Voir plus bas, pp. 27 et suiv. les ouvrages de ces auteurs.

2 LORET, L'Egypte au temps du Totémisme. Paris (Leroux) 1906.

3 A. VAN GENNEP, Tabou et totémisme à Madagascar. Paris (Leroux) 1906.

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