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défaut de paraître reprocher ses propres dons. Le vin distribué dans ses repas se nommait ypέco comme on dirait LA COUPE HONORABLE. Ce titre venait sans doute de ce qu'on n'y admettait que les chefs les plus distingués par leur valeur et par leur prudence.

(Page 245. Le père chéri de Télémaque.)

C'est le langage de la nature. Ulysse préfère ce titre à son propre nom. Il était père tendre : c'est la seconde fois qu'il parle de son fils dans l'Iliade. Racine ne pouvait donc mettre un argument plus fort que celui-ci dans la bouche d'Agamemnon, ni l'exprimer d'une façon plus touchante :

Mais que si vous voyiez ceint du bandeau mortel
Votre fils Télémaque approcher de l'autel, etc.

(Page 246. Il vint à Mycènes avec l'illustre Polynice.)

Il y a, au commencement de ce discours, quelques circonstances auxquelles Agamemnon semblerait ne devoir pas s'arrêter à l'heure d'un combat. Homère n'observe pas toujours à la rigueur ces sortes de convenances. Nous aurons occasion de remarquer que ce ne sont pas les vieillards seuls qu'il fait parler quelquefois un peu longuement. Il aimait lui-même à raconter, et il s'est peint dans ses ouvrages. Nous avons déjà remarqué que les Grecs, en général, étaient grands parleurs on le voit assez dans leurs auteurs.

tragiques.

(Ibid. Nommèrent Tydée leur ambassadeur.)

Avant de commettre aucun acte d'hostilité, on envoyait des ambassadeurs demander justice. Ainsi Ulysse et Ménélas furent envoyés à Troie. (Madame Dacier.)

(Page 247. Le courageux Diomède ne réplique point.)

Ce n'est pas qu'il ne fût très-sensible à ce reproche, ainsi qu'on le voit au neuvième chant; mais à l'heure du combat il ne s'arrête pas à se justifier, il respecte et partage l'ardeur de son général. Agamemnon, qui s'est hâté d'adoucir Ulysse, ne daigne pas, comme l'observe Plutarque, répondre à Sthénélus.

(Page 248. Ainsi

que les

vagues de la mer,)

Sophocle, dans son Antigone, a imité heureusement ces images, en parlant des calamités qui, envoyées par les dieux, ébranlent une maison, et s'y propagent de race en race il peint la nuit qui couvre les flots agités, la mer qui, du fond de son lit, vomit un sable noir, le rivage enfin qui, battu des vagues, gémit et pousse des frémissemens; ce qui réveille avec beau→ coup de force l'idée des plaintes dont retentit une maison désolée.

Virgile a aussi imité la comparaison présente d'Homère :

Fluctus ut in medio cœpit cùm albescere ponto,
Longiùs ex altoque sinum trahit, utque volutus
Ad terras immanè sonat per saxa, nec ipso
Monte minor procumbit; at ima exæstuat unda
Vorticibus, nigramque, altè subjectat arenam.
GEORG. LIB. III.

Ernesti fait bien sentir comment, dans les deux premiers vers de la comparaison d'Homère, le mètre peint la masse des flots s'agitant d'abord avec lenteur. LA BLANCHISSANTE ÉCUME répond à l'éclat des armes et du panache.

(Page 249. Elle marche sur la terre.)

On peut se faire une idée de la critique du froid Perrault, à qui cet endroit a déplu. Virgile a dit de même de la Renommée:

Parva metu primò, mox sese attollit in auras,
Ingrediturque solo, et caput inter nubila condit.

L'un et l'autre tableau ont beaucoup de grandeur; mais celui d'Homère, par la nature de son sujet, est terrible. Madame Dacier observe qu'on voit dans ce poëme la discorde naître d'un très-petit sujet, et régner en même temps et dans le ciel et sur la terre, et que l'auteur du livre de la Sagesse de Salomon, en parlant de l'ange exterminateur, dit : « Et se tenant sur la terre, « il porta sa tête jusque dans le ciel. »

(Page 250. Et les cris de triomphe et les

hurlemens et des vainqueurs et des mourans.)

On voit dans le mélange un peu confus de ces mots comment ces cris de triomphe et ces hurlemens se confondent. Je n'ai eu garde d'altérer cela dans la traduction.

(Ibid. Comme d'orageux torrens.)

Aut ubi decursu rapido de montibus altis

Dant sonitum spumosi amnes, et in æquora currunt,

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(Page 253. Achille ne combat point avec eux.)

On voit clairement qu'on ne pouvait mieux louer Achille que par ce tour, Achille dont Homère rappelle de temps en temps l'idée à son lecteur, ce qui conspire à l'unité de son sujet.

(Page 254. Repoussent loin d'eux Thoas, malgré sa stature, sa force et son audace: il est contraint de reculer.)

Cette répétition fait le tableau : on voit la peine qu'ils ont à le

repousser.

268 REMARQUES SUR LE CHANT IV.

(Page 254. Et si Minerve l'eût conduit.)

Ce tour est des plus heureux pour louer la valeur de ces guerriers, et pour montrer combien il était dan

gereux de traverser ces rangs. On remarque aussi que cette peinture est comme un moment de repos pour le poëte et le lecteur, après la description animée de ces combats.

FIN DES REMARQUES SUR LE CHANT IV.

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