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Cher et cruel époux, si tu cours au trepas, Me dit-elle, à la mort traîne-nous sur tes pas !

I. M.Moreau le Jr inv.

Baquoy Sculp.

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A PARIS,

CHEZ GIGUET ET MICHAUD, IMP.-LIBRAIRES,
RUE DES BONS-ENFANS, No. 34.

M. DCCC. IX.

1859

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* Mrs Howard Jorones.

PRÉFACE.

VOLTAIRE a
OLTAIRE a dit : « Si c'est Homère qui a fait Virgile,
» c'est son plus bel ouvrage. » Suivons cette idée. Un des
plus intéressans spectacles qu'on puisse observer, c'est l'im-
pression du génie sur le génie. J'aime à me représenter le
poëte latin, au moment où il fit la première lecture de
l'Iliade, plein de l'inspiration qu'il venoit de recevoir, mé-
ditant un poëme qui devoit procurer aux Romains un nou-
veau triomphe sur la Grèce, évoquant de l'oubli Énée perdu
dans la foule des guerriers troyens, si un nom cité par Ho-
mère peut être oublié; je me plais à voir ce jeune poëte lisant
au théâtre les premiers essais de son Enéïde, enivrant la su-
perbe Rome du récit de ses victoires, Auguste de celui de
ses triomphes et de sa gloire; j'aime à voir le rival d'Homère
accueilli par une acclamation générale, et faisant oublier aux
Romains les représentations théâtrales, les gladiateurs et les
pantomimes, pour jouir de la peinture de leurs brillantes
destinées.

Une des qualités les plus indispensables de l'épopée, c'est que le sujet en soit national. Les besoins de la vanité ne sont ni les moins sentis, ni les moins communs. Les peuples

sont comme les particuliers et les familles : tous entendent avec plaisir l'histoire de leurs aïeux ou de leurs fondateurs, comme un enfant voit avec plus d'intérêt la maison paternelle et ses terres patrimoniales, que les plus belles possessions étrangères. Aussi les deux poëmes d'Homère ont-ils, sous ce rapport, un grand avantage. Celui de Virgile n'en a pas moins son sujet, comme national, est heureusement choisi. Les Romains étoient, au moins autant que les Grecs, flattés de leur origine, et de tout ce qui étoit favorable à leur orgueil généalogique. Le poëte étoit en cela secondé par toutes les traditions populaires; elles étoient pour lui un moyen naturel de caresser toutes les vanités. Jules César se plaisoit à faire croire que son prénom venoit d'Iule, fils d'Énée; Auguste, son fils adoptif, n'abandonna point cette prétention. Une foule de familles aimoient à se perdre dans la nuit des temps. Les Claudius vouloient remonter jusqu'à Clausus, les Memmius jusqu'à Mnesthée (genus a quo nomine Memmi), les Cluentius jusqu'à Cloanthe; et les différens auteurs de ces familles illustres goûtoient, en lisant Virgile, le plaisir d'y voir leurs fondateurs jouer un rôle distingué. Enfin, la nation elle-même prenoit sa part de ce que l'antiquité et le merveilleux de cette origine pouvoient avoir de flatteur. Un grand nombre de fêtes religieuses ou civiles, le culte de Vesta, celui de Cybèle et de presque tous leurs dieux, les cérémonies avec lesquelles on proclamoit la paix ou la guerre, les armes des guerriers, les vêtemens des pontifes, avoient passé des Troyens et des Grecs aux Romains; et ce n'étoit pas la partie de leur héritage dont ils se

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