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CHRONIQUE

Le cardinal Vaughan à la chapelle française de Londres. Nous lisons dans le Tablet que Son Éminence le cardinal Vaughan a dernièrement présidé les offices à la chapelle Saint-Louis-deFrance, Portman square, en présence du baron de Courcel, notre ambassadeur à Londres. La chapelle Saint-Louis, qu'il ne faut pas confondre avec l'église Notre-Dame-de-France, de Leicester square, a été, comme on le sait, bâtie pendant l'émigration, tandis que NotreDame-de-France le fut seulement il y a environ 50 ans. La chapelle Saint-Louis, modeste d'apparence, est particulièrement chère à tous les Français par les souvenirs qu'elle rappelle. Quant à Notre-Damede-France, c'est la grande paroisse française de Londres; avec son hôpital et ses écoles, elle constitue un centre où nos compatriotes sont heureux de se retrouver au milieu de la grande capitale.

Le divorce dans l'Église d'Angleterre. La loi qui régit le remariage des divorcés dans l'Église d'Angleterre est des plus inconséquentes et des plus curieuses. Aux termes de cette loi civile imposée aux ecclésiastiques anglais, aucun clergyman n'est tenu de bénir le mariage de personnes divorcées; mais il ne peut refuser son église pour cette cérémonie si les nouveaux époux trouvent un autre clergyman consentant à bénir leur union malgré le divorce. On conçoit que cette coutume répugne profondément aux ministres de la Haute Église, et une vigoureuse campagne vient d'être entreprise par l'English Church Union, pour obtenir le rappel de la loi en question et assurer le respect du lien conjugal. A cette occasion. Lord Halifax vient de prononcer, au dernier meeting de l'E'. C. U., un important discours que nous ne pouvons reproduire aujourd'hui en entier, mais dont nous tenons au moins à donner quelques extraits:

« Nous sommes ici, a dit Sa Seigneurie, à la fois comme citoyens et comme chrétiens comme citoyens nous protestons contre des abus que nous considérons comme devant détruire la prospérité de notre pays; comme chrétiens nous insistons pour que l'Église d'Angleterre ne soit pas associée à une œuvre que nous croyons devoir saper les fondements de la religion et de la moralité. On ne nie pas que le bonheur des individus, que la vie de la famille, que la sécurité de l'État dépend de l'inviolabilité et du caractère sacré du

mariage. On ne nie pas que l'objet de nos lois sur un tel sujet devrait être d'assurer le bonheur du plus grand nombre. Or, nos lois sur le divorce partent d'un principe entièrement opposé. Elles sacrifient le bonheur du plus grand nombre aux intérêts personnels des individus.

« ... Et non seulement le Divorce act est en opposition avec la loi de l'Église, mais encore il cherche à imposer cette loi de l'État aux consciences des fidèles. Sans doute, je ne contesterai pas que la coutume, dans l'Église d'Orient, concernant le divorce, semble n'avoir pas toujours été d'accord avec celle de l'Occident. Mais, en tous cas, il n'y a aucun doute, quant à la coutume constante de l'Église d'Angleterre sur ce point. Et si l'on s'en rapporte aux Écritures, peut-on y trouver quelque argument en faveur du divorce, peut-on admettre que Notre-Seigneur ne l'ait pas défendu, même en cas d'adultère, alors que la règle de l'Église primitive, à cet égard, fut aussi stricte que nous le savons.

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...

Je ne puis croire, a dit en terminant Sa Seigneurie, qu'une telle coutume soit plus longtemps tolérée par la chrétienne Angleterre, et je prie Dieu d'affranchir l'Église d'Angleterre de toute apparence de complicité dans une œuvre si néfaste. »><

Le IV Congrès scientifique international des catholiques. -On sait que le 4o Congrès scientifique international des catholiques aura lieu au mois d'août de l'année prochaine et qu'il s'assemblera en Suisse, à Fribourg.

La Liberté, de Fribourg, publie un appel aux catholiques suisses, en vue de préparer cette grande réunion. Cet appel est accompagné d'une chaleureuse lettre de recommandation, signée de Mgr l'évêque de Saint-Gall, au nom de tous les évêques de Suisse.

Le Pape et les Arméniens. Le R. P. Charmetant, directeur de l'œuvre des écoles d'Orient, a reçu de Son Eminence le cardinal Rampolla la lettre suivante :

« Révérend Père,

(( Rome, 4 mars 1896.

« Je me suis empressé de communiquer au Saint-Père le très précieux bulletin de votre œuvre avec les nouvelles que vous m'avez données par votre estimée lettre du 25 février; elles ont procuré une grande consolation à Sa Sainteté. Elle n'a pu s'empêcher d'admirer la générosité des catholiques français qui, après votre appel et dans le court espace de quarante jours, ont déjà souscrit la somme considérable de 82,000 francs au profit de la nation arménienne '.

« Personne n'ignore la part déjà prise et que prend encore l'auguste Pontife pour améliorer la condition de ces populations si éprouvées, ni les secours qu'à diverses reprises Il leur a fait parvenir. Il a daigné leur donner encore un solennel témoignage de son intérêt, dans

La souscription atteint aujourd'hui 130,000 francs.

l'allocution adressé au Sacré-Collège, à l'occasion du dernier Consistoire.

« Pour ces raisons, Il ne peut manquer de louer Votre Révérence pour le zèle avec lequel vous travaillez à ce même but.

« Il approuve, en outre, que l'appel que vous avez adressé à la France soit adressé également aux autres nations, et Il a la confiance que les catholiques de ces contrées s'efforceront de rivaliser avec la charité des catholiques français.

«En attendant, comme témoignage de sa paternelle affection, Il vous envoie de tout cœur la Bénédiction apostolique, ainsi qu'à tous ceux qui sont à la tête d'une mission aussi sainte, et à tous les fidèles qui vous ont déjà donné ou vous donneront leur concours.

« Recevez, en outre, mes félicitations pour l'abondance avec laquelle Dieu a béni votre entreprise, et c'est avec la considération la plus distinguée que j'ai le plaisir de me dire de nouveau

« Votre très affectionné dans le Seigneur,

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« M. Card. RAMPOLLA. »

Etats-Unis. On est en train d'organiser, aux États-Unis, un grand pèlerinage qui viendra en Europe au mois de juillet prochain, sous la conduite du R. P. William Smith, des Frères de la Merci.

En partant de New-York, les pèlerins passeront par Gibraltar, iront à Lourdes; ensuite, en touchant Gênes et Naples, viendront à Rome. Après l'audience pontificale, ils partiront pour Assises, Lorette, Padoue, la Suisse, pour y visiter Einsielden; ensuite ils iront à Paris et en Irlande, pour rentrer au mois de septembre dans leurs foyers.

La Sacrée Congrégation des Rites a rendu un décret. autorisant l'usage de la langue française dans toutes les causes de béatification et de canonisation qui seront soumises à cette Congrégation. Cette mesure constitue pour les postulateurs une grande économie de temps et de dépenses.

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Correspondance. Nous recevons communication de la lettre suivante avec prière d'insérer :

Sir, I should be glad if you would ask the Revue Anglo-Romaine to correct the title of my little book on Anglican fallacies, as given n° 8 of the Revue, in a quotation from the interesting Etude of R. P. Tournebize, on p. 362, note 2 The real title is not Anglican Fallacies of Lord Halifax, but Anglican Fallacies, or Lord Halifar. This may seem a distinction without a difference, but it is really the difference of what I hope a courteous as opposed to a rather discourteous title, etc... Sincerely yours. LUKE RIVINGTON.

LIVRES ET REVUES

REVUE CATHOLIQUE DES REVUES

Sous le titre Défense ou réforme de l'Église, M. l'abbé BOUDINHON étudie dans la Revue catholique des revues la situation de l'Église d'Angleterre au point de vue de sa constitution intérieure.

Il s'agit de l'Eglise anglicane établie et d'une association récemment fondée pour la défendre. On invite les membres du clergé à s'y enrôler; et le Dr Jessopp est d'avis qu'il n'est pas urgent de défendre l'Eglise établie, mais bien de la réformer.

Il faut défendre l'Eglise établie, et l'auteur demande : Que s'agit-il de défendre? - D'abord quel est ici le sens du mot Église? Sans doute, quand on parle de l'Eglise, les chrétiens entendent une société, une famille, une organisation fondée par Notre-Seigneur, un royaume, comme il l'appelle. Mais quand on parle de l'Eglise établie, on n'entend plus cette Eglise aussi étendue que la chrétienté; on vise quelque chose de beaucoup plus restreint. Tous les anglicans ont le devoir de s'y intéresser.

1. — Or aucune société ne peut exister ni agir sans qu'il y ait, à la base de l'union, des croyances partagées par tous les membres. Toute association commence par formuler des principes que tous les adhérents sont tenus d'accepter. Une société religieuse doit done avoir avant tout ses croyances. Et tout chrétien doit être disposé à défendre sa foi. Mais tel n'est point le but qu'on se propose, et l'invitation à adhérer à la « Church Defence Society » implique quelque chose de bien différent; cela suppose beaucoup plus, ou beaucoup moins.

2. Toute société doit avoir une sphère d'action définie et un but déterminé qu'elle se propose d'atteindre, bien qu'on puisse y concevoir des développements et des moyens divers. Mais peut-on admettre qu'une société soit rivée à des règlements, à des usages, bons et utiles il y a cent ans, mais qui aujourd'hui ne servent plus qu'à témoigner de l'antiquité de l'ins titution, sans offrir aucun secours pour atteindre la fin à laquelle ils devaient conduire?

Or l'Eglise d'Angleterre est une société qui existe pour évangéliser cette nation. Ses croyances sont clairement formulées, ainsi que les principes qui justifient son existence. Mais, au-dessus de ces croyances et de ces principes, l'Eglise, comme toute autre société, doit formuler les méthodes qu'elle entend employer pour atteindre son but, à savoir les règles, rubriques, canons, articles, règlements plus ou moins précis, que tous doivent observer. Il est assez exact de dire que les lois, ordonnances, règles de conduite, restrictions et règlements de l'Eglise d'Angleterre sont contenus dans le Prayer book (livre de prières); non pas sans doute que toutes les lois y soient contenues ni qu'il ne contienne que cela. Mais, malgré la témérité que l'on pourra trouver dans mes paroles, je demande très sérieu

1 Nineteenth Century, no 227, article du Rev. Dr JESSOPP.

sement, dit l'auteur tout ce qui est dans le Prayer book mérite-t-il d'être défendu? tout peut-il être défendu ?

L'histoire de sa composition pourrait faire naitre d'intéressantes questions; mais prenons-le tel qu'il est. On a fait, il y a quelque vingt ans, une revision des leçons tirées de l'Écriture et plusieurs ont été modifiées; c'était avouer que les dispositions antérieures ne pouvaient pas ou ne devaient pas être défendues; on réclamait une réforme. Il se trouva sans doute bien des personnes qui protestèrent contre tout changement; ils étaient pour la défense et rien que pour la défense. Il fallut cependant se soumettre aux réformateurs.

Et aujourd'hui, faut-il absolument défendre tout ce qui se trouve dans le Prayer book? Serait-ce, par exemple, une profanation de modifier le calendrier? L'auteur voudrait y voir figurer « les chefs et les héros de notre Eglise d'Angleterre, les saints et les martyrs qui nous ont légué de nobles souvenirs et d'illustres exemples ». En revanche, il voudrait en voir retrancher « des noms inséparablement liés aux visions et aux fables d'une hagiologie aujourd'hui abandonnée, propre à entretenir une crédulité efféminée et dégradante ». D'ailleurs il ne donne aucun exemple. Il est permis de penser qu'il abandonne trop facilement « Vincent, diacre et martyr espagnol », ou «Crespin, martyr », ou encore la mention des O de l'Avent; mais on ne peut que l'approuver quand il signale une faute d'impression qui se perpétue depuis plus de trois siècles dans le calendrier, où l'on marque au 7 septembre Enurchus au lieu d'Euvertius (saint Euverte).

Faut-il aussi défendre toutes les rubriques du Prayer book, alors qu'un bon nombre ont donné et donnent lieu à d'interminables discussions? Ne serait-il pas meilleur, plus loyal et plus sage d'en améliorer la rédaction? Une attitude purement défensive serait à la fois dépourvue de dignité et de raison, et vouloir s'y maintenir malgré tout conduirait fatalement, non à l'accord, mais à une division violente.

3. Mais toute société organisée, si elle veut faire quelque chose, doit accomplir les opérations qui lui sont propres par le moyen d'agents et d'employés dument désignés. On devra trouver, parmi ceux-ci, une subordination; chez les chefs responsabies, la surveillance et le controle; il devra être possible d'écarter un employé insuffisant, de faire avancer un serviteur capable. Plus est vaste la sphère d'action d'une société. plus grande aussi est la nécessité de maintenir chacun dans la voie du devoir, de réglementer son action, de faire observer une rigoureuse et prompte discipline. Or, que voyons-nous dans l'Eglise établie ?

Tout clerc paroissial, statutairement investi de sa charge, est inamovible, fùt-il absolument incapable de remplir ses fonctions. Il est infiniment regrettable qu'un clerc puisse être notoirement adonné à l'intempérance, incapable de s'acquitter de ses fonctions, objet de dérision, pour ne pas dire davantage, des paroissiens. Ce qui est pire, c'est que tous les bénéficiers ont la possession inaliénable de leur bénéfice, dont ils ne peuvent être privés par le corps épiscopal et le Primat à leur tête, sauf les cas où ils se seraient rendus justiciables d'une cour criminelle. On a tenté sur ce point une timide réforme, mais il reste encore beaucoup à faire. Faut-il indéfiniment tolérer dans les paroisses la présence d'hommes complètement incapables, grossiers, indolents, ignorants?

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4. Dans toute société organisée, il est essentiel d'avoir un pouvoir exécutif, qui doit avoir quelque participation au choix des subordonnés, et la possibilité d'intervenir lorsqu'on propose ou qu'on a fait un mauvais choix. On y pourvoit généralement par des examens, par un stage, et l'on ne conçoit pas qu'un particulier puisse avoir un droit de nomination

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