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aux diacres et aux laïques de célébrer l'Eucharistie. Ils réservaient cette fonction aux prêtres. En conséquence, quand ils ordonnaient un prêtre, ils avaient l'intention de lui conférer le pouvoir de célébrer un rite, qui, dans leur opinion, était un sacrifice.

Le fait est que l'on savait parfaitement en Angleterre au xvi'siècle que la porrection des instruments et les paroles qui accompagnent cette cérémonie : « Accipe potestatem offerre sacrificium Deo » ne sont qu'une addition faite tardivement aux rites de l'ordination. C'est un point clairement prouvé par un document publié par Burnet dans la collection des documents qui sert d'appendice à son Histoire. Voici le titre tel qu'on le trouve en tête du document: « Les décisions de plusieurs évêques et théologiens sur certaines questions concernant les sacrements. » La date de ce document paraît être 1540. On y trouve les réponses de l'archevêque Lee, d'York, ainsi que des évêques Bonner, Heath, Aldrich et de plusieurs autres. La douzième question demande : « Si, dans le Nouveau Testament la consécration est exigée pour un évêque ou un prêtre. » La plupart des évêques saisissent cette occasion pour parler des caractères essentiels de l'ordination. Et sur ce point ils ne manquent jamais de faire allusion à l'imposition des mains et à la prière. Un seul, Heath, parle de l'onction avec le saint chrême, mais il établit une distinction entre l'onction et l'imposition des mains. De la dernière, dit-il, il est parlé dans l'Écriture, tandis que la cérémonie de l'onction est seulement rapportée par les « vieux auteurs ». En tous cas, pas la moindre allusion n'est faite par les évêques et théologiens à la porrection des instruments avec les paroles qui l'accompagnent'. Bien entendu, en 1540, les anciens Pontificaux et les anciens Missels étaient d'un usage courant, et le silence au sujet de la porrection des instruments n'était donc pas dû à un désir d'excuser l'nsuffisance du rite qu'ils employaient. De même il n'était pas dû à une aversion pour la doctrine du sacrifice de l'Eucharistie, car les évêques que j'ai cités étaient tous de chauds défenseurs de cette doctrine. Il me semble évident qu'ils considéraient comme certain ce fait que la porrection des instruments est une addition assez moderne, et que, si elle faisait partie de la cérémonie de l'ordination dans les Pontificaux du moyen âge, elle n'a jamais appartenu à son essence. Il s'ensuivrait presque nécessairement que, lorsque les services d'ordination furent traduits et simplifiés, les compilateurs du nouvel ordinal étaient désireux d'abolir l'usage, ou du moins de supprimer la prédominance d'une cérémonie dont l'origine remontait au moyen âge et non aux temps primitifs, et qui avait donné naissance à une doctrine absolument fausse sur le point constituant l'essence même de l'ordination

1 Voir Burnet, History of the reformation, vol. IV, pp. 478-481-478-181, éd. Pocock.

des prêtres. Supprimer ou du moins modifier profondément cette cérémonie devait être nécessairement un des premiers actes des réformateurs. Je ne nierai pas que Cranmer n'ait aussi été content de repousser au second plan la doctrine du sacrifice. Il ne se trompait pas, je crois, quand il pensait que, dans la masse du peuple anglais, le caractère de sacrifice avait presque absorbé tous les autres aspects de la Sainte Eucharistie; et cette exagération dans un sens tendait malheureusement à créer chez les réformateurs une réaction exagérée en sens contraire. Je vais bientôt considérer plus à fond cet aspect de la situation. Il suffit de dire pour le moment que l'omission des paroles: « Accipe potestatem offerre sacrificium Deo »> ne peut être considérée comme nécessitant la présomption que les évêques, soit du parti de la réforme, soit du parti de la « vieille école », avaient l'intention d'exclure de leurs ordinations la transmission du pouvoir de sacrifier.

(A suivre.)

F.-W. PULLER.

LE CALENDRIER ANGLICAN

La plupart de nos lecteurs français seraient peut-être bien surpris, s'ils ouvraient le Prayer-Book, d'y trouver dès les premières pages les tables suivantes :

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Si quelqu'une de ces fêtes se rencontre le lundi, la vigile ou le
jour de jeune se fera le samedi et non le dimanche.

Les jours de jeune ou d'abstinence.

1o Les quarante jours de Carême.

2o Les jours de jeûne des Quatre-Temps qui sont le mercredi, le ven-
dredi et le samedi après.

Le premier dimanche de Carême.

La fête de la Pentecôte.

Le 14 de septembre.

Le 13 de décembre.

3o Les trois jours des Rogations, qui sont le lundi, le mardi, et le
mercredi avant l'Ascension de Notre-Seigneur.

4o Tous les vendredis de l'année excepté le Jour de Noël.

L'année liturgique commence par le temps de l'Avent. Voici com-
ment elle est divisée et quel est l'ordre des fêtes :

Les quatre dimanches de l'Avent, le jour de Noël, Saint-Étienne,
Saint-Jean l'Evangéliste, les Innocents, le dimanche après le jour de
Noël, la Circoncision du Christ, l'Épiphanie, les six dimanches après
l'Epiphanie, la Septuagésime, la Sexagésime, la Quinquagésime, le
premier jour de Carême, communément appelé le mercredi des Cendres,
les quatre premiers dimanches de Carême, le 5 dimanche de Carême,
le dimanche avant Pâques, le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi avant
Pâques, le vendredi saint, la veille de Pâques, le jour de Pâques, le lundi,

le mardi de la semaine de Pâques, les premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième dimanches après Pâques, le jour de l'Ascension, le dimanche après l'Ascension, le dimanche de la Pentecôte, le lundi, le mardi de la Pentecôte, le dimanche de la Trinité, les vingt-cinq dimanches après la Trinité, Saint-Andrė, Saint-Thomas apôtres, conversion de saint Paul, Présentation du Christ au Temple, communément appelée la Purification de la Vierge Marie, Saint-Matthias, Annonciation de la Bienheureuse Vierge Marie, Saint-Marc, SaintPhilippe et Saint-Jacques, Saint Barnabé, Saint Jean-Baptiste, Saint Pierre, Saint-Jacques, Saint-Barthélemi, Saint-Matthieu, Saint-Michel ettous les Anges, Saint-Luc l'Evangéliste, Saint-Simon et Saint-Jude apôtres, Toussaint.

Toutes ces fêtes ont un office dans le Prayer-Book, elles sont communément désignées sous le nom de Red-letter, ce qui peut être interprété dans le sens que nous attachons au nom de fêtes majeures. Mais outre ces fêtes, il en est d'autres qui n'ont pas d'office dans le Prayer-Book et qui se trouvent inscrites dans le calendrier en Black-letter, fêtes mineures. Ce sont les suivantes :

La Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, sa Nativité et sa isitation; l'Invention de la Croix; l'Exaltation de la Sainte Croix; la fête du Saint Nom de Jésus; la Transfiguration de Notre-Seigneur; sainte Marie-Madeleine; saint Jean-Porte-Latine; saint Pierre aux Liens; la Décollation de saint Jean-Baptiste; sainte Anne; saint Denys; des martyrs : Vincent, Fabien, Agnès, Cécile; des Papes: Clément, Silvestre, Grégoire; des Pères de l'Église : Jérôme et Augustin, des ascètes saint Benoît. On y trouve également plusieurs évêques français saint Hilaire, saint Rémi, saint Brice et saint Martin; enfin des rois martyrs, des soldats, des évêques anglais, des confesseurs. Un acte du Parlement de 1552 (Edouard, xi, c. 3) ordonne que tous les dimanches et certains jours de fêtes soient observés par l'abstinence de toute œuvre servile et par l'assistance aux offices de l'Église; le même acte impose également l'obligation de jeûner la veille de certaines fêtes, et ce qui est à noter, c'est que cet acte fut rédigé l'année même où l'esprit protestant atteignit son summum dans l'Église d'Angleterre. Depuis cette époque, le calendrier a subi plusieurs revisions, mais les changements qui y ont été introduits n'ont aucune importance.

L'office des fêtes majeures se compose de la collecte, de l'Épître et de l'Evangile. C'est l'intention évidente de l'Église d'Angleterre que la Sainte Communion soit célébrée au moins tous les dimanches et

1 Ces noms de Red-letter, Black-letter qui signifient lettres rouges, lettres noires, viennent de ce que dans le premier calendrier les principales fêtes étaient écrites en lettres rouges, les autres en lettres noires. L'usage s'en est généralisé à ce point que pour désigner un jour heureux dans une famille, on dit que c'est un Red letter Day.

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