Pensées de J. Joubert: précédées de sa correspondance, d'une notice sur sa vie, Volume 2

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Didier, 1864

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Popular passages

Page 353 - Troi'us heros ut primum iuxta stetit adgnovitque per umbras obscuram, qualem primo qui surgere mense aut videt, aut vidisse putat per nubila lunam, demisit lacrimas, dulcique adfatus amore est : 455 ' Infelix Dido, verus mihi nuntius ergo venerat exstinctam, ferroque extrema secutam?
Page 280 - Il serait singulier que le style ne fût beau que lorsqu'il a quelque obscurité, c'est-à-dire quelques nuages; et peutêtre cela est vrai quand cette obscurité lui vient de son excellence même, du choix des mots qui ne sont pas communs, du choix des mots qui ne sont pas vulgaires. Il est certain que le beau a toujours à la fois quelque beauté visible et quelque beauté cachée. Il est certain encore qu'il n'a jamais autant de charmes pour nous que lorsque nous le lisons attentivement dans une...
Page 317 - Je voudrois que les pensées se succédassent dans un livre comme les astres dans le ciel, avec ordre, avec harmonie, mais à l'aise et à intervalles, sans se toucher, sans se confondre ; et non pas pourtant sans se suivre, sans s'accorder, sans s'assortir.
Page 352 - Homère employait tons les dialectes. Le langage des rois, des politiques et des guerriers; celui du peuple et du savant, du village et de l'école , du sanctuaire et du barreau; le vieux et le nouveau, le trivial et le pompeux , le sourd et le sonore : tout lui sert; et de tout cela il fait un style simple, grave, majestueux. Ses idées sont, comme ses mots, variées, communes et sublimes.
Page 80 - ... muet de ce qui doit être évité ou ne doit pas être connu. De là cette timidité qui rend circonspects tous nos sens et qui préserve la jeunesse de hasarder son innocence, de sortir de son ignorance et d'interrompre son bonheur. De là ces effarouchements par lesquels l'inexpérience aspire à demeurer intacte et fuit ce qui peut trop nous plaire, craignant ce qui peut la blesser.
Page 69 - Un homme qui ne montre aucun défaut e'st un sot ou un hypocrite dont il faut se méfier. Il est des défauts tellement liés à de belles qualités, qu'ils les annoncent et qu'on fait bien de ne pas s'en corriger.
Page 5 - J'ai souvent touché du bout des lèvres la coupe où était l'abondance ; mais c'est une eau/ qui m'a toujours fui. Je suis comme une harpe éolienne , qui rend quelques beaux sons, mais qui n'exécute aucun air.
Page 79 - ... de ce qui pourrait la blesser par des impressions trop vives ou des clartés prématurées. De là cette confusion qui, s'élevant à la présence du désordre, trouble et mêle nos pensées, et les rend comme insaisissables à ses atteintes. De- là ce tact mis en avant de toutes nos perceptions, cet instinct qui s'oppose à tout ce qui n'est pas permis, cette immobile fuite, cet aveugle discernement, et cet indicateur muet de ce qui doit être évité ou ne doit pas être connu.
Page 298 - Comme il ya des vers qui se rapprochent de la prose, il ya une prose qui peut se rapprocher des vers. Presque tout ce qui exprime un sentiment ou une opinion décidée, a quelque chose de métrique ou de mesuré. Ce genre ne tient pas à l'art, mais à l'influence, à la domination du caractère sur le talent. cxxv. Quand la pensée fait le mètre, il faut le laisser subsister...
Page 278 - — • Oui, tyrans ! nos Phalaris ne font-ils pas mugir les pensées dans les mots façonnés et fondus en taureaux d'airain ? A tel romancier qui réussit une fois sur cent, je dirai avec lui : « II ne faut pas seulement qu'un ouvrage soit bon, mais qu'il soit fait par un bon auteur.

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