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tulance de certains prélats, trop notoirement passionnés et violents; tout cela pèse sensiblement sur les membres les plus sages de l'assemblée qui ne peuvent s'empêcher de s'en plaindre avec tristesse dans des entretiens intimes. Faut-il s'étonner que plusieurs, le fait est très certain, expriment le désir d'un vote secret, s'il était possible?

C'est avec une douleur profonde que nous racontons toutes ces choses. Mais la situation de l'Église en ce moment est telle qu'on ne peut se dispenser de parler. Au Concile du Vatican se traite une question de l'ordre le plus élevé. Chacun a le droit de savoir comment est conduit ce grand procès, qui est le procès de tous. Il s'agit de la paix du monde, il s'agit aussi de choses qui sont au-dessus de tous les intérêts périssables, de la foi, de la conscience et du salut éternel des âmes.

APPENDIX IV.

LETTER OF A FRENCH BISHOP TO COUNT DARU.

ON sait à Rome que vous aviez l'intention de rédiger une note ou un memorandum qui devrait être appuyé par les puissances.

Si vous agissez, vous serez appuyés. Ici les diplomates se plaignent de votre inaction.

Mais il faut agir immédiatement, on veut introduire l'infaillibilité après Pâques.

Vous ne pouvez rien faire par le M. de Banneville. Ses collègues ne le comptent pour rien, sinon pour un obstacle.

Il ne faut pas vous mettre exclusivement sur le terrain des canons des Ecclesia. On vous répondrait, soit en supprimant les Canons auxquels vous vous opposez; soit en disant que cela ne vous touche pas, à cause du concordat; soit, enfin, en les expliquant dans un sens qui vous paraîtra satisfaisant, quitte à décréter après tous les Canons, tous les Syllabus qu'ils voudront, et les plus formidables. Mais il y a un terrain où vous êtes invincibles, et sur lequel les puissances vous suivent. C'est celui de la liberté du

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Concile et du droit publique de l'Église, sous la protection duquel vos évêques sont venus à Rome.

Cette liberté n'existe plus. Ce droit est violé sur un point que plus de 100 évêques ont déclaré de la dernière importance.

Leur protestation vous donne un point de départ et des arguments invincibles.

Ces évêques déclarent que le Règlement est contraire à la loi de l'Église sur le point décisif de la Majorité. Car ce droit, depuis Nicée jusqu'à Trente, déclare que la règle indisputable et certaine pour les définitions dogmatiques c'est l'unanimité morale, et non la majorité.

Un nombre immense de faits confirme leur protestation:

Les scènes de violence faites à Haynald et à Strossmayer.-Les Présidents n'ont pas cherché à protéger leur droit et liberté de parole, tout au contraire.

La précipitation de la discussion par les Présidents. Le Schema de Fide, 4 chapitres, 20 pages, canons avec anathèmes, a été distribué 24 heures seulement. avant l'ouverture de la discussion, on a voté sur 47 amendements en 5 quarts d'heure.

Le lendemain de là scène avec Strossmayer, on a lu un Monitum, non pas pour admonéter les interrupteurs, mais pour recommander aux orateurs de se presser, de peur qu'ils n'ennuyent l'assemblée, et n'en provoquent des manifestations.

Ce Monitum est une provocation aux interruptions. Quelquefois un évêque est reçu avec des murmures avant de commencer.

Les demandes de la Minorité:

D'une salle où on puisse les entendre.

De bureaux, pour les discussions préliminaires, qui enverraient des Commissaires à la Députation.

De la liberté d'imprimer leurs discours et mémoires pour les distribuer parmi les pères.

Que les auteurs d'amendements puissent les expliquer et les défendre dans la Commission, et puissent avoir le droit de répondre dans les discussions. D'un procès-verbal des séances.

Sur la majorité et l'unanimité.

Toutes ces demandes sont restées sans réponse et sans effet.

La pression exercée sur les Orientaux.

La scène faite au Patriarche Chaldéen.

L'emprisonnement intimé à l'Archévêque d'Antioche et au chef de sa communauté.

L'arrestation et les coups donnés au prêtre, secrétaire de l'Arch. de Diarbelair.

Les menaces aux Melchites, Maronites, et Chaldéens. Le langage tenu par le pape lui même. Les cas de Montalembert et de Falloux.

Les lettres du pape à Guéranger, Cabrières, etc., traitant les Évêques de l'Opposition en ennemis.

Les allocutions publiques roulant presque toutes sur l'Infaillibilité.

Les cadeaux faits aux Vicaires Apostoliques en les priant de ne pas l'abandonner.

Attitude de la presse approuvée par le Vatican, exploitant ces lettres, et appelant les évêques à se retracter, en les dénonçant à leur clergé.

Même le journal officiel de Rome traitant la minorité d'alliés des Franc-maçons. Après tout cela, il n'y a pas de liberté au Concile.

L'ambassadeur que vous enverrez en recevra des preuves péremptoires. Les autres puissances sont déjà plus avancées que la France: la Prusse, la Hongrie, même la Turquie.

A nom de l'ordre publique menacé par l'inévitable refus de reconnaître ce Concile. Au nom de votre droit, ayant rendu possible la réunion du Concile, de protéger la liberté de vos évêques.

Dire

"Ce Concile ne peut pas continuer dans les conditions actuelles.

"Nous protestons dès à présent contre la Non-liberté manifeste du Concile.

"Achevez ce que vous avez déjà commencé.

"Il y a des points sur lesquels vous pouvez espérer l'unanimité morale, sans violation de liberté.

"Tenez une session publique sur les Schema de Fide et de Discipline assez pour sauver votre honneur.

"Et prorogez une assemblée qui, aux yeux des évêques et du monde, ne possède plus ces conditions d'ordre et de liberté sans lesquelles ce n'est pas un Concile.

"Nous désirons que nos évêques retournent dans leurs diocèses jusqu'à ce que les conditions soient plus favorables pour la célébration d'un Concile."

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