était la candeur même, et dont (pour le dire en passant) il ne faut pas juger par les vers plaisans et injustes de M. de Voltaire, est convenu que, pour nous servir de son expression, il n'avait pas achevé de penser cet endroit-là, et qu'il s'était accommodé trop légérement d'une critique vulgaire, qu'il voyait voler au hasard de bouche en bouche. parmi ces maximes, des imitations heureuses, dont quelques-unes même avaient échappé aux auteurs du Commentaire sur Racine, qui se sont attachés à indiquer toutes ses imitations. Plus on connaît les Anciens, plus on voit combien Racine en était nourri, et avec quel art charmant il savait les employer. guer tre, Ce qui me paraît caractériser cet art, et distinles imitations de Racine de celles de tout aude celles de Boileau même, c'est que le personnage qu'il fait parler, ne peut pas, d'après son caractère ou d'après la situation, ne pas dire ce qu'il dit, et que l'imitation paraît toujours s'être faite par hasard, ou par la nature même des choses, sans intention de la part de l'auteur, au lieu que les imitations les plus heureuses de Boileau sont toujours évidemment faites à dessein. Enone, voulant rassurer Phèdre sur la crainte que le ressentiment de Thésée ne soit porté trop loin, doit lui dire les deux vers de Racine, que j'ai cités cités plus haut, et doit les dire si nécessairement, qu'on ne s'avise guère de se souvenir que Chremès a dit la même chose dans l'Andrienne. Thésée, prévenu par Enone, qui lui a donné pour preuve du crime d'Hippolyte, l'épée de ce prince, restée entre les mains de Phèdre, doit s'écrier dans sa colère : J'ai reconnu le fer, instrument de sa rage, Ce fer dont je l'armai pour un plus noble usage. Et c'est pour ainsi dire par un effort de mémoire, qu'on se souvient que Virgile dit, dans une situation toute différente et dans un sens presque opposé: Non hos quasitum munus in usus. De même quand Racine dit, en parlant d'Aman: Ministres du festin, de grace, dites-nous, Quels mets à ce cruel, quel vin préparez-vous? qui pourra dire s'il s'est souvenu de ce vers de Virgile: Quas illi Philomela dapes, quæ dona parârit? Assurément Turnus et Achille ont eu l'un et l'autre un égal droit de dire; l'un: Sunt et mea contra Fata mihi ferro sceleratam exscindere gentem 402 MÉLANGES LITTÉRAIRES. Ne courons-nous pas rendre Hélène à son époux? Roxane a encore plus de droit que Didon, de dire: Nam quid dissimulo aut quæ me ad majora reservo? Haud sibi cum Danais rem faxo et pube pelasgâ Tu crois que Pyrrhus craint, et que craint-il encor? Ces exemples d'imitations de Virgile ne tariraient pas non plus que les traits empruntés de Tacite dans Britannicus, et toujours employés aussi d'une manière originale. FIN DU TOME TROISIÈME. TABLE DES MATIÈRES DU TOME TROISIÈME. MÉLANGES LITTÉRAIRES. Page 1 Des détails géographiques en vers..... ques écrits... .. 8 OBSERVATIONS sur la Jérusalem délivrée du Tasse. Du triolet et des refrains lyriques.. 78 102 ANECDOTES sur Zénéide et sur le Moulin-Joli. .. 106 SUR le mot de M. de Fontenelle : Que le naïf est une nuance du bas... SUR M. Gresset.... ... 117 128 PARALLÈLE de la Gabrielle de Vergy, de M. de Belloi, et du Percy de miss Hannah Moore. 155 |