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Agnovit prolem ambiguam geminosque parentes,
Seque novo veterum deceptum errore locorum.
Tum memorat: Nate, Iliacis exercite fatis,
Sola mihi tales casus Cassandra canebat.
Nunc repeto hæc generi portendere debita nostro,
Et sæpè Hesperiam, sæpè Itala regna, vocare.
Sed quis ad Hesperiæ venturos littora Teucros
Crederet? aut quem tum vates Cassandra moveret?
Cedamus Phœbo, et moniti meliora sequamur.
Sic ait: et cuncti dicto paremus ovantes.
Hanc quoque deserimus sedem, paucisque relictis
Vela damus, vastumque cavâ trabe currimus æquor.
Postquam altum tenuere rates, nec jam ampliùs ullæ
Apparent terræ, cœlum undique, et undique pontus;
Tum mihi cæruleus supra caput adstitit imber,
Noctem hiememque ferens; et inhorruit unda tenebris..
Continuò venti volvunt mare, magnaque surgunt
quora dispersi jactamur gurgite vasto.

>> Et qui croyoit Cassandre en ces temps malheureux !

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Cédons lois du sort,

obéissons aux dieux.

aux

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Il dit: on applaudit, on dépose au rivage
Tous ceux que retonoit ou leur sexe ou leur âge.
Le vent gonfle la voile; et, sur les vastes eaux
Nous cherchons des périls et des climats nouveaux.
Le bord fuit: devant nous s'étend la mer profonde;
Partout les cieux, partout les noirs gouffres de l'onde.
Tout à coup la tempête apportant la terreur,
Sur l'onde au loin répand sa ténébreuse horreur;

Le vent tonne en courroux sur les mers qu'il tourmente;
Le flot monte et retombe en montagne écumanie;
L'œil ne distingue plus ni le jour, ni la nuit ;
Le pilote éperdu, que la frayeur conduit,
Abandonne au hasard sa course vagabonde.

Le ciel mugit sur nous; sous nos pieds la mer gronde;
Sur nous la foudre éclate; et, d'un ciel ténébreux,
Mille horribles éclairs sont les astres affreux.
Le jour est sans soleil, et la nuit sans étoiles;
L'onde brise la rame, et le vent rompt les voiles;
Et la troisième aurore a revu nos vaisseaux
Abandonnés, sans guide, à la merci des eauz.

Involvêre diem nimbi, et nox humida cœlum
Abstulit: ingeminant abruptis nubibus ignes.

Excutimur cursu, et cæcis erramus in undis.
Ipse diem noctemque negat discernere cœlo,
Nec meminisse viæ mediâ Palinurus in undâ.
Tres adeo incertos cæcâ caligine soles
Erramus pelago, totidem sine sidere noctes.
Quarto terra die primùm se attollere tandem
Visa, aperire procul montes, ac volvere fumum.
Vela cadunt; remis insurgimus: haud mora, nautæ
Adnixi torquent spumas, et cærula verrunt.
Servatum ex undis Strophadum me littora primùm
Accipiunt. Strophades Graio stant nomine dicta
Insulæ Ionio in magno, quas dira Celano,
Harpyiæque colunt aliæ, Phineïa postquam
Clausa domus, mensasque metu liquere priores.
Tristius haud illis monstrum, nec sævior ulla
Pestis et ira deûm stygiis sese extulit undis.

Enfin, le jour suivant, le noir horison s'ouvre,

Et leur

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Des monts dans le lointain le sommet se découvre,
vapeur s'élève en tourbillons fumeux.
Alors nous nous courbons sur les flots écumeux,
Et la voile baissée a fait place à la rame :

Le jour renaît aux cieux, l'espérance en notre ame,
Et de leurs bras nerveux nos ardens matelots
Font écumer la mer et bouillonner les flots.
Les Strophades (la Grèce ainsi nomma ces îles )
Au sortir de la mer, nous offrent leurs asiles,
Et, de loin dominant les flats Ioniens,

Sur leurs tranquilles bords appellent les Troyens.
Vain espoir! Céléno, la reine des Harpies,
Infecta ces beaux lieux de ses troupes impies :
Depuis que Calaïs à leur brutale faim

Du malheureux Phinée arracha le festin,
La terre ne vit pas de fléau plus terrible,
L'enfer ne vomit pas de monstre plus horrible.
Leurs traits sont d'une vierge, un instinct dévorant
De leur rapace essaim conduit le vol errant ;
Une horrible maigreur creuse leurs flancs avides

Qui, toujours s'emplissant, demeurant toujours vides,

Virginei volucrum vultus, fœdissima ventris

Proluvies, uncæque manus, et pallida semper
Cra fame.

Huc ubi delati portus intravimus; ecce Læta boum passim campis armenta videmus, Caprigenumque pecus, nullo custode, per herbas. Irruimus ferro, et divos ipsumque vocamus In partem prædamque Jovem. Tum littore curvo Exstruimusque toros; dapibusque epulamur opimis. At subitæ horrifico lapsu de montibus adsunt Harpyiæ, et magnis quatiunt clangoribus alas, Diripiuntque dapes, contactuque omnia fœdant Immundo: tum vox tetrum dira inter odorem. Rursum in secessu longo sub rupe cavatâ, Arboribus clausi circùm atque horrentibus umbris, Instruimus mensas, arisque reponimus ignem: Rursum ex diverso cœli cæcisque latebris

Turba sonans prædam pedibus circumvolat uncis ;

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