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D'après ce précis on peut fe faire une idée de la découverte de M. l'abbé Guérin du Rocher, & des résultats importans qu'elle fournit. Nous avons cru qu'en la préfentant dégagée de l'érudition hébraïque dont l'Auteur a jugé devoir appuyer son ouvrage, & qu'en nous en tenant feulement aux difcuffions des traits principaux de reffemblance des deux hiftoires, cette découverte n'en feroit pas moins folidement juftifiée, ni moins favorablement accueillie du public.

AVERTISSEMENT

vij.

SUR CETTE SECONDE ÉDITION.

I

L y a deux ans que je voulois faire réimprimer cet ouvrage dans nos provinces: l'efpoir de pouvoir tirer de France le nombre d'exemplaires fuffifans pour le petit nombre d'amateurs de l'érudition & de l'antiquité, m'a fait différer l'exécution de ce deffein. Mon attente ayant été vaine, je n'ai pas voulu différer davantage.

L'immortel ouvrage de l'abbé Guérin du Rocher devient rare, il eft affez volumineux (a) & cher; la belle Défense qu'en a faite l'abbé Chapelle, qui pouvoit en quelque forte tenir lieu de l'ouvrage mê

(a) Trois gros volumes in-8vo. Il avoit deffein de le porter beaucoup plus loin, lorfque des événemens imprévus l'ont arrêté dans cette intéreffante carriere.

me, eft plus rare encore; fon adverfaire qui ne pouvoit répliquer, ayant eu affez de crédit pour la faire fupprimer. Je n'ai pas cru qu'on pût mieux réparer ces pertes du monde littéraire, qu'en publiant l'Hérodote que voici; réfumé, abrégé, apologie, confirmation de ce qu'il y a de plus remarquable dans l'ouvrage de M. Guérin du Rocher.

Le mauvais fuccès de toutes les attaques livrées à l'Hiftoire des tems fabuleux, eft une preuve certaine de la folidité, j'ofe dire, de la certitude des obfervations de l'auteur. M. de la Harpe, M. de Guignes, l'abbé Voifin, & d'autres écrivains ont fucceffivement éprouvé qu'elles étoient à l'abri des argumens le plus laborieufement recherchés & le plus fpécieufement préfentés: caractere naturel de la vérité qui, comme dit un faint Pere, s'accroît en force

+

Hilar. Pic

Trin. I. 7.

édit. Ve

ron.

& en fplendeur par les combats même qu'on lui livre: Magna vis eft veritatis que cùm per fe intelligi poffit, per ea tamen ipfa quæ tav. de ei adverfantur, elucet ; ut immo- tom 2. bilis manens, firmitatem naturæ fue, dùm attentatur, acquirat. Prefque tous les faints Peres ont obfervé que la théologie du paganifme, n'étoit qu'une mauvaife imitation de l'Hiftoire fainte. S. Clément d'Alexandrie, S. Juftin, Tertullien, Eufebe, S. Cyrille, S. Ambroife, S. Auguftin &c. font d'accord fur ce point. Les plus illuftres des favans modernes ont démontré la même chose (a). Mais leurs ob

(a) Les rédacteurs de la Bible de Vence, t. 3, p. 98, prétendent que c'eft plutôt par les difcours & la converfation des Hébreux que par la lecture de leurs livres, que les païens ont connu les dogmes, les rites & l'hiftoire des Hébreux. Quand cela feroit, l'objet d'imitation n'en étoit pas moins réel & moins connu. Mais il eft aifé de voir par les a v

fervations qui portoient directement fur la mythologie, ne fe font pas formellement étendues fur l'Hiftoire. Cependant il étoit bien naturel de penfer que la théologie des anciens & leur hiftoire facrée (fi on peut parler de la forte), ayant été puisées dans l'Ecriture-Sainte, la premiere époque de leur hiftoire profane avoit été prise dans la même fource; & c'eft ce qu'ont démontré M. l'abbé Guérin du Rocher M. Chapelle, & l'auteur de l'Hérodote que nous donnons ici.

Tout le monde fent combien cette découverte ajoute à la con

détails de diverfes comparaifons, que c'eft plutôt par les livres que par des rapports que les païens ont appris ce qu'ils ont adopté des Hébreux. Il est évident, par exemple, que l'hiftoire de la création & des premiers tems telle qu'elle eft au premier livre des Métamorphofes, eft puifée dans le livre même de la Genefe. L'ouvrage que nous donnons ici, en fournit de nouvelles preuves.

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