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Les exercices de la gymnaftique établis chez les Grecs ne dépendirent pas moins de la bonté du principe du gouvernement. Ce furent les Lacédémoniens & les Crétois, dit Platon (**), qui ouvrirent ces académies fameufes, qui leur firent tenir dans le monde un rang fi diftingué. La pudeur s'allarma d'abord, mais elle céda à l'utilité publique temps de Platon ces inftitutions étoient admirables (††); elles fe rapportoient à un grand objet, qui étoit l'art militaire. Mais, lorfque les Grecs n'eurent plus de vertu, elles détruifirent l'art militaire même; on ne defcendit plus fur l'arene pour se former, mais mais pour fe corrompre (44).

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(**) Répub. Liv. V.

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(tt) La gymnaftique fe divifoit en deux parties, la danfe & la lutte. On voyoit en Crete les danfes armées des Curettes; à Lacédémone celles de Caftor & de Pollux; à Athenes. les danfes armées de Pallas, très-propres pour ceux qui ne font pas encore en âge d'aller à la guerre, La lutte eft l'image de la guerre, dit Platon, des loix, Liv. VII. I loue l'antiquité, de n'avoir établi que deux danfes, la pacifique & la Pyrrhique. Voyez comment cette derniere danfe s'appliquoit à l'art militaire, Platon, ibid.

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Aut libidinofa

Ledeas Lacedæmonis palaftras.

Martial, lib. 4, Epig. 55.

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Plutarque nous dit (SS) que, de fon temps, les Romains penfoient que ces jeux avoient été la principale caufe de la fervitude où étoient tombés les Grecs. C'étoit, au contraire, la fervitude des Grecs qui avoit corrompu ces exercices. Du temps de Plutarque (***) les parcs où l'on combattoit à nud, & les jeux de la lutte, rendoient les jeunes gens lâches, les portoient à un amour infâme, & n'en faifoient que des baladins: mais du temps d'Epaminondas, l'exercice de la lutte faifoit gagner aux Thébains la bataille de Leuctres (+tt).

Il y a peu de loix qui ne foient bonnes lorfque l'état n'a point perdu fes principes; &, comme difoit Epicure en parlant des richeffes, ce n'eft point la li queur qui eft corrompue, c'eft le vafe.

(§§) Oeuvres morales, au Traité des demandes des chofes Romaines.

(***) Plutarque, ibid.

(tt) Plutarque, Morales, propos de tables, Liv. II.

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CHAPITRE XII.

Continuation du même fujet.

ON prenoit à Rome les juges dans l'ordre des fénateurs. Les Gracques trans

porterent cette prérogative aux chevaliers. Drufus la donna aux fénateurs & aux chevaliers; Sylla aux fénateurs feuls; Cotta aux fénateurs, aux chevaliers & aux tréforiers de l'épargne. Céfar exclut ces derniers. Antoine fit des décuries de fénateurs, de chevaliers & de centurions.

Quand une république eft corrompue, on ne peut remédier à aucun des maux qui naiffent, qu'en ôtant la corruption & en rappellant les principes:

toute autre correction eft ou inutile ou un nouveau mal. Pendant que Rome conferva fes principes, les jugemens purent être fans abus entre les mains des fénateurs: mais quand elle fut corrompue, à quelque corps que ce fût qu'on tranfportât les jugemens, aux fénateurs, aux chevaliers, aux tréforiers de l'épargne, à deux de ces corps, à tous les trois enfemble, à quelqu'autre corps que ce fût, on étoit toujours mal. Les chevaliers n'avoient pas plus de M 2

vertu

vertu que les fénateurs, les tréforiers de l'épargne pas plus que les chevaliers, & ceux-ci auffi peu que les centurions.

Lorfque le peuple de Rome eut obtenu qu'il auroit part aux magiftratures patriciennes, il étoit naturel de penfer que fes flatteurs alloient être les arbitres du gouvernement. Non: l'on vit ce peuple, qui rendoit les magiftratures communes aux plébéiens, élire toujours des patriciens. Parce qu'il étoit vertueux, il étoit magnanime; parce qu'il étoit libre, il dédaignoit le pouvoir. Mais lorsqu'il eut perdu fes principes, plus il eut de pouvoir, moins il eut de ménagemens; jusqu'à ce qu'enfin, devenu fon propre tiran & fon propre efclave, il perdit la force de la liberté pour tomber dans la foibleffe de la licence.

CHAPITRE XIII.

Effet du ferment chez un peuple vertueux.

L n'y a point eu de peuple, dit TiteI Live (), où la diffolution fe foit plus tar introduite que chez les Romains, &

[*] Liv. I.

où la modération & la pauvreté aient été. plus long-temps honorées.

Le ferment eut tant de force chez ce peuple, que rien ne l'attacha plus aux loix. Il fit bien des fois, pour l'observer, qce ce qu'il n'auroit jamais fait pour la gloire, ni pour la patrie.

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Quintius Cincinnatus, conful, ayant voulu lever une armée dans la ville, contre les Eques & les Volfques, les tribuns i s'y oppoferent. Eh bien, dit-il, que tous ceux qui ont fait ferment au conful de l'année précédente marchent fous mes enfeignes (†) ". En vain les tribuns s'écrierent-ils qu'on n'étoit plus lié par ce ferment; que, quand on a l'avoit fait Quintius étoit un homme privé: le peuple fut plus religieux que ceux qui fe mêloient de le conduire; il n'écouta ni les diftinctions ni les interprétations des tribuns.

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Lorfque le même peuple voulut fe retirer fur le Mont- facré, il fe fentit retenir par le ferment qu'il avoit fait aux confuls, de les fuivre à la guerre (4). Il I forma le deffein de les tuer: on lui fit

[t] Tite-Live, liv. III.

[+] Ibid. liv. II.

enten

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