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At non cæde viri tanta perterrita Lausus,

Pars ingens belli, sinit agmina. Primus Abantem
Oppositum interimit, pugnæ nodumque moramque.
Sternitur Arcadia proles; sternuntur Etrusci;
Et vos, o Graiis imperdita corpora, Teucri.
Agmina concurrunt ducibusque et viribus æquis
Extremi addensent acies; nec turba moveri
Tela manusque sinit. Hinc Pallas instat et urget,
Hinc contra Lausus, nec multum discrepat ætas,
Egregii forma; sed queis fortuna negarat
In patriam reditus. Ipsos concurrere passus
Haud tamen inter se magni regnator olympi :

Pallas s'adressant donc au vieux fleuve latin:

« Dieu du Tibre, dit-il, exauce ma prière; << Dirige dans son vol ma lance meurtrière;

« Si du fier Halésus elle perce le corps,

«< J'appendrai son armure aux chênes de tes bords. » Le Tibre paternel entend le fils d'Évandre:

Car, tandis qu'oublieux du soin de se défendre
Halésus veut couvrir Ismaon renversé,

Par le trait de Pallas il a le sein percé.

Au milieu des Latins l'épouvante est semée,
Mais le jeune Lausus qui vaut seul une armée
Ranime leur courage, et d'abord tue Abas,
L'ame des bataillons, le soutien des combats.
Il renverse en passant, dans sa course hardie,
Les soldats de Tarchon, les enfans d'Arcadie,
Et vous-mêmes, Troyens ! dont les robustes corps
De la Grèce et d'Achille ont lassé les efforts.

Partout rivalisant de vigueur et d'audace,

Les chefs et les soldats, tout se heurte et s'entasse; Les bataillons massifs se serrent de si près,

Qu'ils ne peuvent mouvoir ni leurs mains ni leurs traits.

Mox illos sua fata manent majore sub hoste.

Interea soror alma monet succurrere Lauso
Turnum, qui volucri curru medium secat agmen.
Ut vidit socios: Tempus desistere pugnæ:

Solus ego in Pallanta feror : soli mihi Pallas
Debetur: cuperem ipse parens spectator adesset.
Hæc ait; et socii cesserunt æquore jusso.
At Rutulum abscessu juvenis, tum jussa superba
Miratus, stupet in Turno, corpusque per ingens
Lumina volvit, obitque truci procul omnia visu;
Talibus et dictis it contra dicta tyranni :
Aut spoliis ego jam raptis laudabor opimis,
Aut leto insigni: sorti pater æquus utrique est :
Tolle minas. Fatus medium procedit in æquor.

Ici combat Lausus; là Pallas se signale;

Ainsi que leur beauté leur jeunesse est égale,

L'un et l'autre aujourd'hui marqués pour le cercueil
Du foyer paternel ne verront plus le seuil,

Et pourtant Jupiter, sous qui l'Olympe tremble,
Défend que ces héros se mesurent ensemble;
L'inexorable sort qui marche à côté d'eux

Sous un plus grand vainqueur les jettera tous deux.

Juturne cependant, agile messagère,

Du danger de Lausus court avertir son frère;

Il arrive en criant : « Soldats, écartez-vous !

« A moi Pallas! Pallas appartient à mes coups:

<«< Que n'ai-je pour témoin son vieux père lui-même ! » Il dit; on obéit à son ordre suprême.

Surpris de tant d'orgueil et de docilité,

Pallas, devant Turnus quelque temps arrêté,
D'un terrible regard parcourt sa taille immense,
Puis rompant tout à coup ce farouche silence,

Il s'adresse en ces mots au Rutule hautain :

<< Cesse de menacer; quel que soit mon destin, << Mon père jugera digne de son estime

Frigidus Arcadibus coit in præcordia sanguis.

Desiluit Turnus bijugis; pedes apparat ire
Comminus. Utque leo, specula quum vidit ab alta
Stare procul campis meditantem in proelia taurum,
Advolat : haud alia est Turni venientis imago.
Hunc ubi contiguum missæ fore credidit hastæ,
Ire prior Pallas, si qua fors adjuvet ausum

Viribus imparibus; magnumque ita ad æthera fatur:
Per patris hospitium, et mensas quas advena adisti,
Te precor, Alcide, coeptis ingentibus adsis;
Cernat semineci sibi me rapere arma cruenta,
Victoremque ferant morientia lumina Turni.
Audiit Alcides juvenem, magnumque sub imo
Corde premit gemitum, lacrymasque effudit inanes.
Tum genitor natum dictis affatur amicis :

Stat sua cuique dies, breve et irreparabile tempus
Omnibus est vitæ; sed famam extendere factis,
Hoc virtutis opus. Trojæ sub moenibus altis
Tot nati cecidere deum; quin occidit una

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