« Et ce frêle berceau que le fleuve protége « Il le lie avec force à son dard épineux, « Dont la flamme a durci le bois chargé de nœuds; << Puis, brandissant le trait, il fait cette prière : >> O fille de Latone à la blanche lumière! >> Chaste divinité protectrice des bois ! » Je consacre ma fille à ton culte, à tes lois; » Pour fuir les ennemis elle franchit l'espace » Accepte ce tribut; que ta puissante main << Depuis il n'entra plus dans les murs d'une ville; << Comme un pâtre il vécut dans les hautes forêts; Multæ illam frustra Tyrrhena per oppida matres Optavere nurum : sola contenta Diana, Æternum telorum et virginitatis amorem Cara mihi, comitumque foret nunc una mearum. << Là parmi les buissons, sous les antres secrets, « Il nourrissait sa fille, et du lait des cavales « Lui-même il abreuvait ses lèvres virginales. « Dès que ses pieds d'enfant purent former un pas, « Les dards, les javelots exercerent ses bras; « Pour elle point de jeux, point de hochets frivoles; «< Du carquois et de l'arc il chargeait ses épaules; « Une peau de lion avec ses rudes crins 5 Attachée à son front et pendante à ses reins, «< Tel était son manteau, telle était sa coiffure; Chaque jour dans sa main la flèche était plus sûre, << Et sa fronde atteignait dans leur vol diligent « Ou la grue ou le cygne au plumage d'argent. << Souvent plus d'une mère ou toscane où latine « Pour l'unir à son fils envia l'héroïne; 166 « Mais vierge et chasseresse elle trouva plus doux << Le culte de mes lois que le lit d'un époux. « Mais puisque le destin à mourir la condamne, At manus interea muris Trojana propinquat, « Pars, ma fidèle Opis, vole vers la Toscane « Aux lieux où le combat s'ouvre pour son malheur; <<< Pars; mais dans mon carquois choisis un trait vengeur, « Et quiconque osera d'une main sacrilége << Faire couler un sang que Diane protége, « Ou Troyen ou Latin, qu'il tombe aux sombres bords. << Puis d'une sombre nue enveloppant son corps, « Je la transporterai, ceinte de son armure, << Au tombeau paternel, sa digne sépulture. Elle dit, et soudain, en traçant un sillon, Opis quitte les cieux dans un noir tourbillon. >> Mais déjà s'approchaient les soldats d'Étrurie, Les hommes, les chevaux, tout frémit de colère; |