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Consedisse urbem luctu, dum Troïa tentat Castra, fugæ fidens, et coelum territat armis. Unum etiam donis istis, quæ plurima mitti Dardanidis dicique jubes, unum, optime regum, Adjicias; nec te ullius violentia vincat,

Quin gnatam egregio genero dignisque hymenæis
Des pater, et pacem hanc æterno foedere firmes.
Quod si tantus habet mentes et pectora terror,
Ipsum obtestemur, veniamque oremus ab ipso;
Cedat, jus proprium regi patriæque remittat.
Quid miseros toties in aperta pericula cives
Projicis, o Latio caput horum et causa malorum?
Nulla salus bello: pacem te poscimus omnes,
Turne, simul pacis solum inviolabile pignus.
Primus ego, invisum quem tu tibi fingis, et esse
Nil moror, en supplex venio : miserere tuorum;
Pone animos, et pulsus abi. Sat funera fusi
Vidimus, ingentes et desolavimus agros.

Aut, si fama movet, si tantum pectore robur
Concipis, et si adeo dotalis regia cordi est,

Aude, atque adversum fidens fer pectus in hostem.

Scilicet, ut Turno contingat regia conjux,

« Je lise de ses yeux l'homicide menace)

« Qui de nos braves chefs a fait périr la fleur;

« Qui, comptant sur sa fuite et non sur sa valeur,

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Força le camp troyen au milieu du tumulte,

« Et qui jusqu'au ciel même ose porter l'insulte.
<< Ton message aux Troyens est un gage de paix;
<< Mais ajoute un présent à ceux que tu leur fais:
« Prince! ne souffre pas qu'une indigne contrainte
« T'empêche, en usurpant ton autorité sainte,

« De choisir pour ta fille un glorieux époux,

«

Gage éternel de paix entre Pergame et nous.

Que si jusqu'à ce point la terreur nous abaisse,

« Aux genoux de Turnus courbons notre faiblesse ; « Qu'au peuple, qu'au monarque il remette ses droits. Pourquoi dans les périls nous pousser tant de fois,

« Toi, qui fus de nos maux l'instrument volontaire? << O Turnus! il n'est point de salut dans la guerre; << Un peuple suppliant te demande la paix,

« La paix et le seul noeud qui l'assure à jamais.

<< Moi-même, que tu crois ton ennemi farouche,

«

« Je me mets à tes pieds, la prière à la bouche;
<< Turnus! au nom des tiens, et de nous et du roi,

Nos animæ viles, inhumata infletaque turba,

Sternamur campis! Et jam tu, si qua tibi vis,
Si patrii quid Martis habes, illum adspice contra
Qui vocat.

Talibus exarsit dictis violentia Turni;

Dat gemitum, rumpitque has imo pectore voces:
Larga quidem, Drance, semper tibi copia fandi,
Tum quum bella manus poscunt; patribusque vocatis
Primus ades. Sed non replenda est curia verbis,
Quæ tuto tibi magna volant dum distinet hostem
Agger murorum, nec inundant sanguine fossa.
Proinde tona eloquio, solitum tibi; meque timoris

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Dépose ton orgueil; vaincu, retire-toi!

<< Trop long-temps la patrie a pleuré sur ses pertes, << Trop long-temps elle a vu ses campagnes désertes. << Si la gloire pourtant subjugue assez ton cœur, « Si tu peux à ce point compter sur ta vigueur, « S'il te faut cette dot que le roi te destine, « Ose au fer des Troyens présenter ta poitrine. << Faut-il pour t'assurer un opulent hymen

« Qu'un peuple tout entier, tombé le fer en main, « Ainsi qu'un vil troupeau pourrisse dans ces plaines? << Ah! ne le souffre pas; et s'il reste en tes veines << Quelques gouttes du sang de tes nobles aïeux, << Vers celui qui t'appelle ose tourner les yeux. >>

Turnus qui, malgré lui, domptait sa violence,
Par un terrible cri rompt enfin le silence:

« Drancès! c'est quand la guerre invoque nos secours « Que ta langue est surtout fertile en longs discours. « Le premier au conseil, le dernier à l'armée,

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Aujourd'hui que la ville est encor bien fermée,

«< Et que dans nos fossés le sang ne coule pas,

« Tu remplis ce palais d'un éloquent fracas.

Argue tu, Drance, quando tot stragis acervos

Teucrorum tua dextra dedit, passimque tropæis
Insignis agros. Possit quid vivida virtus
Experiare licet: nec longe scilicet hostes
Quærendi nobis; circumstant undique muros.
Imus in adversos? Quid cessas? an tibi Mavors
Ventosa in lingua pedibusque fugacibus istis
Semper erit?

Pulsus ego! aut quisquam merito, fœdissime, pulsum
Arguet, Iliaco tumidum qui crescere Thybrim
Sanguine, et Evandri totam cum stirpe videbit
Procubuisse domum, atque exutos Arcadas armis?
Haud ita me experti Bitias et Pandarus ingens,
Et quos mille die victor sub Tartara misi,
Inclusus muris, hostilique aggere sæptus.
Nulla salus bello! Capiti cane talia demens
Dardanio rebusque tuis. Proinde omnia magno
Ne cessa turbare metu, atque extollere vires
Gentis bis victæ, contra premere arma Latini.
NuncetMyrmidonum proceres Phrygia arma tremiscunt,

Nunc et Tydides, et Larissæus Achilles :

Amnis et Hadriacas retro fugit Aufidus undas.

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