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NOTES

DES LETTRES.

(1) Montesquieu s'étoit lié avec lui dans la maison de M. le cardinal de Polignac, ambassadeur de France à Rome, lors de son voyage en Italie. 'M. Cerati est natif d'une famille noble de Parme, et étoit fort aimé du cardinal, qui le regardoit comme un des hommes les plus éclairés d'Italie. Jean Gaston, dernier grandduc de Toscane, l'attira dans son pays, et le nomma de l'ordre de Saint-Étienne de Toscane, et provéditeur de l'université de Pise. Ce fut lui qui donna le conseil à M. Muratori de composer ses Dissertations sur l'Histoire du moyen âge, et d'entreprendre l'ouvrage des Annales d'Italie.

(2) Jésuite revenu de la Chine avec M. Mezzabarba. Ce missionnaire s'étoit déclaré contre les rites chinois, et en avoit parlé au pape selon sa conscience. Comme, après cette déclaration, il fit sentir à Sa Sainteté que l'air du collège ne lui convenoit plus, Benoît XIII le fit évêque in partibus, et le logea en Propaganda. Montesquieu l'avoit connu chez le cardinal de Polignac, et eut depuis avec lui une négociation pour la résignation en faveur de l'abbé Duval, son secrétaire, d'un bénéfice que ce prélat avoit en Bretagne.

(3) Les difficultés que M. Fouquet faisoit naître coup sur coup au sujet de la pension, ou de la somme d'argent qui devoit être stipulée, faisoient dire à Montesquieu que l'on voyoit bien que Monseigneur n'avoit pas encore secoué la poussière.

(4) Ce qui avoit donné lieu à cette mauvaise plaisanterie des Anglois, étoit de voir autant d'empressement dans le cardinal de Rohan à procurer tous les amusements imaginables pendant qu'il résidoit dans son diocèse à Saverne, où il figuroit comme prince, que de zéle pour la religion à Paris, où il se piquoit de figurer comme chef des anti-jansénistes, et défenseur de la bonne doctrine.

(5) Il avoit été secrétaire de l'auteur. Ce fut lui qui porta le manuscrit des Lettres Persanes en Hollande, et l'y fit imprimer; ce qui coûta à leur auteur beaucoup de frais sans aucun profit. Il obtint en sa faveur la résignation du bénéfice que M. Fouquet avoit obtenu de la cour de Rome en Bretagne, et il s'agissoit ici de l'argent ou de la pension que M. Duval devoit payer à ce prélat. (6) Cette lettre, toute écrite de la main de Montesquieu, est conservée dans Ashridge Collection; Mss. Francis Henry Egerton.

(7) Ce nom, qui est ainsi écrit, est le même que Prault, imprimeur-libraire.

(8) Le Temple de Gnide.

(9) Madame la comtesse de Fontaine-Martel, fille du président Desbordeaux.

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(10) Ce savant Italien, d'une famille de condition de Cortone, avoit été envoyé en France par le chapitre de Saint-Jean de Lacomme vicaire-général de l'abbaye de Clérac, que Henri IV conféra à ce chapitre après son absolution. Pendant nombre d'années qu'il séjourna en France, il travailla à plusieurs dissertations sur l'histoire du pays pour l'académie de Bordeaux, à laquelle il ́fut agrégé, et à des poésies; entre autres au Triomphe de la France littéraire, et à la traduction du poème de la Religion, de M. Racine. Il mérita par là une gratification du roi, en quittant la France pour passer à la prévôté de Livourne, que l'empereur lui conféra comme grand-duc de Toscane.

(11) Il fut le premier qui nous donna une relation de la découverte d'Herculanum, avec un détail des antiquités qu'on avoit trouvées de son temps. Il a eu aussi la plus grande part à l'établissement de l'Académie étrusque de Cortone, qui nous a donné sept volumes in -4° d'excellents Mémoires sur des sujets d'histoire et d'antiquité,

(12) L'abbé marquis Niccolini, un des plus illustres amis que l'auteur ait eus en Italie, se lia avec lui à Florence. Après avoir demeuré long-temps à Rome sous le pontificat du pape Corsini, dont il étoit parent, il s'est retiré dans sa patrie, uniquement occupé des lettres, de la philosophie, et des vues du bien public. Il a voyagé dans les pays étrangers, et y a été lié avec les plus grands hommes. Lorsque, sous le ministère lorrain, dont il étoit médiocre admirateur, il eut ordre de ne point rentrer en Toscane, Montesquieu s'écria, en apprenant cette nouvelle : « Oh! il faut que mon ami Niccolini ait dit quelque grande vérité. »

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(13) C'étoit la dame de Florence qui brilloit le plus par son esprit et sa beauté ; la meilleure compagnie s'assembloit chez elle. L'auteur lui fut fort attaché pendant son séjour à Florence. A mon passage dans cette ville, elle vivoit encore, mais dans un état d'infirmité.

(14) A peine M. l'abbé Venuti eut-il pris l'administration de l'abbaye de Clérac, qu'il s'éleva à Rome un parti contre lui dans le chapitre qui l'avoit envoyé, travaillant à le faire rappeler, et se servant pour cet effet du canal de M. le cardinal de Tencin pour le desservir. Le principal grief qu'on avoit contre lui étoit que les remises des revenus de l'abbaye n'étoient pas assez abondantes, faute qu'on mettoit sur son compte, et qui provenoit des grosses décimes dont l'abbaye étoit chargée, des frais de réparation et de procès, auxquels une partie des revenus devoit être employée. Outre ces raisons, il n'étoit pas regardé de bon œil par les missionnaires jésuites, chargés, dès le temps de Henri IV, de prêcher toutes les fêtes et dimanches dans l'église abbatiale de cette ville, qui, malgré cela, a continué d'être presque entièrement habitée par des protestants, sans qu'on puisse citer d'exemple de la conversion d'un seul huguenot.

(15) Cet ami de Montesquieu avoit passé quelques années à Paris, où il étoit allé pour une maladie des yeux. Son père étant mort, il fut obligé de retourner à Turin pour l'arrangement de ses affaires domestiques. En passant par cette ville, j'ai ouï dire qu'ayant besoin de l'intervention du ministre pour arranger quelques intérêts, il ne put jamais obtenir audience de M. le marquis d'Orméa, par une suite d'une ancienne inimitié de ce ministre contre son père. C'est aussi par une suite de cette inimitié que ses deux frères avoient pris la résolution de se transplanter dans les pays étrangers, se vouant au service de la maison d'Autriche, où ils n'ont pas eu lieu de se repentir du parti qu'ils avoient pris.

(16) Il lui avoit fait présent de cet ouvrage lorsqu'il prit congé de lui en partant de Turin, sans lui dire qu'il en étoit l'auteur. Il le lui apprit depuis, en lui disant que c'étoit une idée à laquelle la société de mademoiselle de Clermont, princesse du sang, qu'il avoit l'honneur de fréquenter, avoit donné occasion, sans d'autre but que de faire une peinture poétique de la volupté.

(17) Il s'étoit fort lié avec lui dans le voyage que le comte de Guasco fit à Paris en 1742, à son retour de Russie.

(18) Madame de Tencin, sœur du célèbre cardinal de Tencin,

qui lui devoit sa fortune et son chapeau, figura beaucoup dans Paris par les charmes de sa beauté et de son esprit. Elle fut pendant cinq ans religieuse dans le couvent de Montfleury, en Dauphiné; mais elle rentra dans le monde, en réclamant contre ses vœux. Elle parvint, sans être jamais fort riche, à avoir dans Paris une maison de la meilleure compagnie. Il étoit du bon ton d'être admis dans sa société ; les seigneurs de la cour, les gens de lettres et les étrangers les plus distingués briguoient également pour y être introduit. Comme ceux qui faisoient le fond ordinaire de cette société étoient les beaux-esprits et les savants les plus connus en France, madame de Tencin les appeloit, par ironie, ses bétes. Elle étoit souvent consultée par eux sur les ouvrages d'agrément qu'on vouloit publier, et s'intéressoit avec chaleur pour ses amis. Montesquieu, qui étoit un de ceux qu'elle considéroit le plus, en avoit procuré la connoissance au comte de Guasco, frère de l'abbé de ce nom.

(19) Le jour de la mort de madame de Tencin, en sortant de son antichambre, il dit au frère du comte de Guasco, qui étoit avec lui: «A présent vous pouvez mander à M. votre frère que « madame de Tencin est l'auteur du Comte de Comminges et du Siége de Calais, ouvrages qu'elle a faits en société avec M. de « Pont-de-Vesle (son neveu). Je crois qu'il n'y a que M. de Fon« tenelle et moi qui sachions ce secret. »

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Elle comptoit parmi ses amis, Fontenelle, Benoît XIV, et Montesquieu. Elle avoit fait les Malheurs de l'Amour, et les Anecdotes d'Édouard II.

(20) Actuellement lieutenant-général, et ci-devant commandant de Dresde pendant la dernière guerre.

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(21) Comme, durant la guerre qui venoit de se terminer entre les cours de Vienne et de Turin, les comtes de Guasco avoient fait toutes les campagnes au service de la dernière, en quittant ce service, ils crurent ne devoir pas fournir au marquis d'Orméa l'occasion de noircir cette démarche en entrant alors au service de la cour de Vienne, de peur d'attirer par là de nouveaux chagrins à leur père, qui vivoit encore. Ils prirent en conséquence la résolution de passer en Russie, puissance sous laquelle ils ne se trouveroient jamais dans le cas de porter les armes contre leur souverain, et qui, en ce temps-là, offroit beaucoup d'avantages aux étrangers qui voudroient entrer à son service; mais la dureté du climat, et les révolutions dont ils furent témoins, les détermi

nèrent à profiter de la guerre survenue en Allemagne à la suite de la mort de l'empereur Charles VI, afin de suivre leur première inclination pour le service de la maison d'Autriche.

(22) Sous son ministère, la cour de Turin, dans la guerre précédente, avoit abandonné l'alliance avec la cour de Vienne, et étoit devenue l'alliée de la France On prétend que le marquis d'Orméa, dans cette occasion, avoit proposé, pour prix d'une négociation avec la cour de Vienne, qu'il passeroit à son service, et qu'il y auroit une charge considérable : de quoi l'empereur Charles VI avertit le roi de Sardaigne, en envoyant, sous d'autres prétextes, à Turin le prince T..............., qui devoit faire connoître la chose au roi, sans que le ministre se doutât de sa commission.

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(23) Après avoir passé un an à Turin, il étoit revenu à Paris, et s'étoit voué aux fonctions de son état ; mais, voyant qu'elles ne feroient que l'exposer au fanatisme qui régnoit alors en France, à cause des disputes théologiques, il y renonça, se livrant uniquement à la culture des lettres et à la société des savants, dans la vue d'obtenir une place à l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, où il fut depuis reçu en qualité d'un des quatre honoraires étrangers.

(24) On peut voir ce qui en est dit dans sa vie, qui est à la tête de la traduction en françois de ses Satires russes, par un anonyme que l'on croit être l'ami à qui Montesquieu écrit cette lettre.

(25) L'Esprit des Lois.

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(26) L'un de ceux qui assistoient à cette lecture m'a dit que, qu'on relevoit quelque chose, il ne faisoit pas la moindre difficulté de le corriger, de le changer, ou de l'éclaircir.

(27) Il s'agit ici d'une petite pièce de poésie envoyée pour étrennes de la nouvelle année à mademoiselle de Montesquieu. Cette pièce a été imprimée dans le Mercure de janvier 1745, avec la traduction en françois, faite par M. Le Frane de Pompignan.

(28) Comme il est souvent parlé dans ces Lettres de madame la cortesse de Pontac, il est bon de remarquer ici que c'est une des dames de Bordeaux qui brille autant par son esprit et par ses liaisons avec les gens de lettres, qu'elle a brillé par sa beauté. Il est parlé d'elle dans quelques poésies de M. l'abbé Venuti.

(29) Il venoit de la marier à M. de Secondat d'Agen, gentilhomme d'une autre branche de sa maison, dans la vue de conserver ses terres dans sa famille, au cas que son fils, qui étoit marié depuis plusieurs années, continuât de n'avoir point d'enfants.

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