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religion des Grecs et celle des Romains. D'anciens auteurs ont soutenu que la loi des XII Tables avait été tirée de la législation des Lacédémoniens, L'auteur consacre le 3o chapitre de sa dissertation à combattre cette assertion qui lui paraît inadmissible pour peu que l'on réfléchisse que les institutions des Romains, qui coïncident avec celles des Lacédémoniens, existaient chez les Romains avant la loi des XII Tables, et s'expliquent naturellement par le caractère national de ce peuple. Viennent ensuite les passages des anciens auteurs sur la participation qu'Hermodore a eue à la rédaction de la loi des XII Tables, passages où l'on remarque de nombreuses contradictions. L'auteur pense qu'Hermodore n'a pas été étranger à la rédaction des lois des XII Tables, mais que son travail n'a été que partiel, et a eu pour objet la forme des dispositions législatives et non pas le fond. D'où il suivrait que c'est par une altération de la tradition, qu'Hermodore a été considéré comme ayant traduit les lois attiques pour les faire entrer dans la loi des XII Tables. Voilà une vue toute neuve. Le 4o chapitre contient de nouveaux argumens contre la tradition qui prétend trouver dans les lois attiques le type de la loi des XII Tables, par exemple, le silence des auteurs grecs contemporains, celui de Cicéron, la distance des lieux, l'ignorance à Rome de la langue grecque, la circonstance que les Romains pouvaient trouver dans les lois royales et dans leurs usages, les élémens d'une législation fixe et stable pour toutes les classes de citoyens. Ici se termine la dissertation; car les 4 derniers chapitres ne donnent que des éclaircissemens plus détaillés sur la thèse de l'auteur. Leur titre commun est ainsi conçu :

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Ex comparatione legum XII Tabularum ad jus publicum, sacrum et privatum pertinentium, cum atticis legibus ejusdem argumenti instituta efficitur nihil omnino e jure græco, romanos desumpsisse: qua opportunitate ratio similitudinis legum atticarum et romanarum explicatur. Cette partie de la dissertation est sans contredit la plus importante, parce que l'auteur y com pare avec le plus grand soin les fragmens encore existans de la loi des XII Tables avec les fragmens des lois grecques, notamment des lois attiques, et explique les coïncidences des deux législations. C. R.

56. Discours SUR LE CARACTÈRE ET LA MORT DE CATON LE JEUNE; par W. T. BAUMHAUER, ( Mengel. van het te Brus, gevert. nederl. lit. Genootsch.; p. 125.)

Plusieurs écrivains ont manifesté des opinions différentes sur la fin de Caton le jeune, autrement nommé Caton d'Utique; les uns ont prétendu qu'il s'était suicidé par lâcheté; les autres, par un excès de fierté ; d'autres encore, pour une vaine gloire, ou dans la crainte d'une mort honteuse. Je ne m'attacherai, dit l'auteur, à aucune réfutation en particulier, et croirai avoir rempli le but de cette dissertation, lorsque j'aurai prouvé, d'après l'histoire de sa vie et sa doctrine, qu'il devait agir ainsi pour rester fidèle à ses principes,

« Le suicide de Caton considéré en lui-même, est, à mon avis, un trait de cette fierté romaine qui, luttant contre la puissance croissante de César, afin de se soutenir dans sa dignité et son indépendance, cherchait, pour accomplir ses projets, à se placer sur un théâtre différent de celui d'Utique, ville dans laquelle il s'était retiré après la chûte de Pompée et la défaite de Scipion, et où il se vit tout-à-coup dépouillé des moyens nécessaires pour arrêter les progrès du vainqueur, On sait même qu'à la suite de cela il avait conseillé à ses amis de l'abandonner, et que ce fut peu de temps après avoir acquis la certitude qu'ils s'étaient embarqués et mis en sûreté, qu'il se perça de son épée. Cette action qui figure d'une manière remarquable dans sa vie déjà célèbre, devra donc se juger d'après son caractère, les principes de la philosophie stoïcienne dont il était pénétré, et les événemens qui l'entouraient alors.

L'enfance est le miroir de la vieillesse: aussi voyons-nous, d'après Plutarque, l'écrivain le plus impartial de la vie de Calon, que celui-ci avait donné dans son enfance les preuves les plus convaincantes de toutes les vertus que ses contemporains, ainsi que la postérité, ont admirées en lui dans la suite.

Toute sa contenance était fière et imposante; sou air agréable mais grave; sa voix harmonieuse et forte; son langage solide et persuasif; son habillement simple et quelquefois même peu convenant à la dignité dont il était revêtu; son caractère uniforme et inflexible.

Ses exercices de jeunesse se distinguaient de ceux de ses

N° 56 condisciples par une forte aversion pour tout ce qui flatte les sens et par un penchant pour ce qui peut fortifier l'âme et le

corps.

Aucune sensation, de quelque nature qu'elle pût être, n'était capable de le faire chanceler dans ses résolutions. Toutes ses entreprises portaient la marque d'une force beaucoup au-dessus de son âge, et rarement ses conseils étaient négligés par la partie bien pensante de l'état romain. Aucune flatterie n'eut accès auprès de son cœur, et les menaces de ses ennemis ne l'intimidèrent point. Plus sensible à l'amitié qu'à l'amour, l'histoire de sa vie ne fournit aucun exemple de déloyauté envers ses amis, tant malheureux fussent-ils : au contraire il ne craignit pas de céder, pour un certain temps, sa deuxième femme Marcia, fille de Marcius Philippus, à Quintus Hortentius, pour en avoir des enfans; chose qui, quelqu'immorale qu'elle paraisse, repose néanmoins sur un paradoxe des stoïciens, qui admettait comme un droit parfait, qu'une femme, belle, jeune et vertueuse, ne devait pas laisser passer le temps propice à la fécondité; que d'ailleurs cette action transmettait la vertu aux diverses races et affermissait les liens de l'amitié entre les contractans. Caton n'était pas facile à persuader, aussi éprouvait-il de grandes difficultés dans l'étude, bien qu'il n'oubliât jamais ce qu'il avait une fois appris. Il était très-docile à l'égard de son maître, et faisait tout ce qu'il lui commandait, moins par obéissance que par la persuasion où il était, que comme enfant et jeune homme, il avait besoin d'être conseillé et guidé. Aussi voit-on dans Plutarque que son précepteur Sarpédon n'employait auprès de lui que la raison.

Les stoïciens attribuaient diverses propriétés au bien. La principale, et celle à laquelle ils s'attachèrent le plus, était le beau, c'est-à-dire ce qui approchait davantage de la vertu et du bonheur. Le beau signifiait donc le bien qui contient en lui-même toutes les parties de sa nature (perfectum bonum, quod omnes naturæ numeros in se complecteretur). D'après cela, il n'y a donc de bien que ce qui est beau, et de mal, que ce qui est honteux (turpe), ou participant de la honte; ainsi les choses dont la possession dépend uniquement de nous appartiennent au bien, et en aucune manière la vie, la volupté, la

santé, la beauté de corps, la vénération, la richesse. De même, on doit exclure du mal les choses qui ne dépendent pas de nous, telles que la mort, la maladie, la douleur, la honte, la difformité et la misère.

En cela les stoïciens diffèrent de Platon qui, il est vrai, plaçait le plus haut dégré du bien, dans le beau; mais distinguait encore deux sortes de bien, celui qui appartient au corps et celui qui est indépendant de nous; tandis que les stoïciens les plaçaient parmi les choses indifférentes.

Le beau consiste à vivre en harmonie avec la nature (óp.cλογουμένως τῆς. ... φύσεως ζήν), et à s'approcher de plus en plus de sa perfection; ce qui doit étre le but de la volonté de l'homme sans la participation du plaisir ou de l'intérêt; car celui qui cherche à obtenir le beau de cette manière, est indigne du nom

de sage.

Il n'y a donc aucune différence relative entre la vertu et le beau, en sorte que l'une est l'autre.

Les biens qui font partie de la vertu ou du beau sont suffisans pour notre bonheur, et celui qui les possède est heureux au sein des malheurs mêmes.

L'Être suprême nous a fait don de la vie, sans doute, avec la condition que nous en pourrions jouir, disent les stoïciens; car un don sans jouissance, ne peut exister. Ainsi, lorsque nous ne sommes plus en état de la goûter, elle cesse d'être un présent et devient un fardeau véritable. Pendant que la vie est un présent pour l'homme, il ne lui est pas permis de s'en défaire; mais dès l'instant qu'elle n'a plus d'attraits, il lui est permis de la rendre à celui qui la lui a donnée. Ce n'est qu'aux sages parfaits qu'il est permis de distinguer ce cas, eux seuls savent agir par raison et réflexion, et enfin, lorsqu'ils n'ont plus les moyens de défendre leur vertu, ils peuvent quitter la vie. Malgré que le suicide, d'après les maximes de Platon et celles que nous professons, brave ouvertement les devoirs et la vertu, et ne diffère du meurtre véritable que par l'impunité sociale, on n'en conviendra pas moins que ces inculpations doivent plutôt se diriger contre la philosophie des stoïciens, que contre Caton; car il était d'usage chez les Grecs et les Romains, comme encore parmi nous, de s'attacher à l'une ou à l'autre doctrine du temps.

57. DE CHRISTIANÆ ECCLESIÆ PRIME, MEDIE ET NOVISSIMÆ ÆTATIS POLITIA; par PELLICIA. Nouvelle édition. 2 vol. in-8° de vii520 p. Cologne, 1829; Bachem. Vienne; Wallishausser.

Il existait un grand nombre d'ouvrages, et des ouvrages trèslongs, sur la discipline et la police de l'église chrétienne. Mais aucun d'eux ne s'étendait au-delà du sixième siècle de notre ère. Celui-ci, quoique renfermé dans des bornes très-étroites, est destiné à tenir lieu de tous les autres et même à remplir la lacune qui les déparait. Le premier volume constitue l'ouvrage proprement dit. Le second, qui n'a pas encore paru, renferme un supplément avec quelques dissertations relatives aux questions susceptibles de difficultés.

L'auteur est un savant napolitain qui écrivait en 1777. Il a profité de tout ce qui avait été écrit avant lui, et a cherché à suppléer par l'ordre et la méthode à la place qui lui manquait. On trouve dans cet ouvrage le tableau des usages et des pratiques de l'église chrétienne, depuis la prédication de l'évangile, jusqu'au dix-huitième siècle.

L'ouvrage commence par la définition du mot église, et des différentes classes de personnes qui en font partie. Vient ensuite le tableau des cérémonies du baptême, et les différens usages auxquels il a donné lieu. On passe de là à la confirmation et aux autres sacremens, ainsi qu'à l'organisation du clergé, aux diverses liturgies, aux fètes, etc. Nous nous dispenserons d'entrer dans de plus longs détails, và que les matières traitées dans l'ouvrage sont du ressort de tous les lecteurs, et qu'il suffit de les leur indiquer. Nous nous contenterons de dire que l'auteur procède avec méthode, et qu'on trouve au bas des pages l'indication des sources auxquelles il a puisé, ce qui per met à chacun de recourir aux originaux. A la fin du premier volume est une planche représentant la forme primitive des églises, forme qui ne s'éloigne pas beaucoup de celle de plu sieurs églises de nos jours.

Quand le second volume paraîtra, nous nous empresserons de le faire connaître. En attendant il est de notre devoir de dire que l'édition a été revue par M" Joseph Ignace Ritter, professeur à l'université de Bonn, lequel a corrigé en quelques en droits le style, et vérifié une partie des citations.

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