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Jollois, par la raison qu'il en a obtenu une dans un concours précédent. Elle a pensé qu'il devait être fait une mention honorable de son travail dans le rapport général.

M. le comte d'Allonville, préfet de la Meurthe, a, comme M. Jollois, obtenu déjà une médaille d'or. Ce savant amateur des sciences et des arts a manifesté son zèle et son goût pour les connaissances archéologiques, dans tous les départemens dont l'administration lui a été successivement confiée. Il nous a fait parvenir cette année une dissertation sur trois inscriptions dédiées à Hercule Saxanus, et trouvées dans les carrières de la commune de Norroy, près de Pont-à-Mousson.

La troisième seulement de ces inscriptions, découverte en 1827, était inédite. M. d'Allonville a cherché à l'expliquer par des conjectures ingénieuses. Il a enrichi son mémoire de nouveaux éclaircissemens sur le nom d'Hercule Saxanus, et sur le culte rendu à ce dieu dans les provinces occidentales de l'empire romain; ce qui a donné, à l'un des membres de la Commission ( M. Hase), l'occasion de remarquer dans un rapport spćcial, que les divinités désignées sous les noms d'Hercule Saxanus, Hercule Eponus, Gacilianus, Gilius, Macusanus, étaient honorées dans les Gaules avant la conquête des Romains, et que ceux-ci se bornèrent généralement à employer ces différentes dénominations, comme des surnoms d'un même dieu.

M. d'Allonville a joint à ce travail une discussion sur les vexillaires des légions du Haut-Empire, une autre sur les cohortes auxiliaires des armées romaines. Son mémoire, auquel la variété des connaissances, la sagacité des réflexions et le sage emploi des conjectures donnent de l'importance, a été jugé digne d'une mention honorable.

M. de Gerville s'est livré à de longues recherches sur les stations et les voies romaines de la presqu'île du Cotentin; et il nous fait connaître les méthodes qui l'ont conduit le plus fréquemment à des découvertes. Ce n'est point ici le lieu de donner le détail de ses opérations; mais nous devons dire que par - ces divers secours et par sa persévérance M. de Gerville est parvenu à reconnaître l'emplacement, et même à dessiner le circuit des stations de Crociatonum et à’Alauna. Il a découvert des restes considérables de voies militaires, et il en a tracé quelques-unes qui étaient mal indiquées sur les cartes, notam

ment celles qui passaient par Alauna, et aboutissaient de plusieurs autres points à l'ancienne Coriallum.

D'autres découvertes de ce genre ont été encore le résultat des explorations lumineuses de l'auteur. Nous avons dû lui accorder une mention honorable.

Tels sont, Messieurs, les travaux d'archéologie communiqués à l'Académie depuis sa séance publique du mois de juillet 1829. Vous reconnaîtrez avec satisfaction que la Gaule antique et la France du moyen âge se dévoilent de plus en plus à nos yeux. Aussi actif dans ses investigations que puissant dans ses créations nouvelles, le génie français accroît tous les jours, jusque dans les recherches les plus arides, la gloire de la nation.

Les membres de la commission des Antiquités de la France, Signés : NAUDET, ALEXANDRE DELABORDE, HASE, JOMARD, RAOUL-ROCHETTE, Dureau DelamALLE, ÉMÉRIC-David, rapporteur.

L'Académie, dans sa séance du 23 juillet 1830, après avoir entendu la lecture de ce rapport, en a adopté les conclusions. Certifié conforme : Le secrétaire perpétuel de l'Académie, membre de l'Acadé– mie française, Baron DACIER.

42. SCULPTURE gothique.

Le midi de la France, si riche en antiquités grecques et romaines, possède également quelques morceaux de sculpture et d'architecture gothiques très remarquables. Dans la principale église de Salon (Bouches-du-Rhône), patrie de Nostradamus, on voit, dans une petite chapelle où l'on n'exerce point les cérémonies du culte, un groupe en pierre calcaire de Callissanne, dont le grain est admirable. Ce groupe, d'un seul bloc, représente une descente de croix. Jésus mort est étendu sur les genoux de sa mère, qui pose la main sur le cœur de son fils. Anne est à côté d'elle, et soutient la tête du Christ, auquel Saint-Jean enlève sa couronne d'épines. Saint-Joseph contemple ce triste spectacle. Toutes ces figures, de grandeur naturelle, sont disposées avec beaucoup d'art, et exécutées avec finesse et habileté. La charpente humaine y est parfaitement sentie; la composition est bien ordonnée, et toutes les parties en sont ménagées avec talent. Seulement les figures, si l'on ex

cepté celle du Christ, sont un peu courtes, et légèrement empreintes de cette sécheresse particulière aux seulptures gothiques. Le costume est un mélange des vêtemens du temps et de ceux des orientaux ; Saint-Joseph porte le bonnet doctoral, la ceinture de cuir et l'escarcelle. Par une bizarrerie de l'auteur, son nom, qu'on ne peut lire qu'en partie, est écrit en lettres gothiques sur le bord du manteau de Saint-Jean, et y figure une riche broderie.

Il est fâcheux que, lorsque les départemens font exécuter des fouilles pour découvrir des vestiges antiques, leur administration ne s'occupe pas de recueillir de pareils fragmens. Certainement le groupe dont nous parlons serait un des plus beaux et des plus considérables qui puissent orner les musées royaux. (Le Temps; 17 juillet 1830).

43. DESCRIPTION DE MÉDAILLES ANTIQUES GRECQUES ET ROMAINES, avec leur degré de rareté et leur estimation; par T. E. MIONNET, etc. Supplément; Tom. V. In-8° avec 6 planches. Prix, 24 francs. Paris, Imprimerie Royale, 1830; De Bure frères.

Nous rendrons un compte détaillé de ce 5o volume du Supplément à un ouvrage devenu classique dans tout le monde.

savant.

44. OSSERVAZIONI sopra un QUINARIO D'ORO, etc. Observations sur un quinaire d'or de Pertinax et sur un clou de bronze trouvés à Acqui; par le prof. BARUCCHI.(Mémoires de l'Académie royale de Turin, classe des sciences historiques, vol. XXXI, p. 1.)

La médaille qui fait le sujet de ce mémoire a été trouvée dans une vigne près d'Acqui, et fait partie de la collection du Musée Royal de Turin. Ce qui donne de l'intérêt à cette découverte, c'est principalement la rareté des médailles à l'effigie de Pertinax et surtout de ce module. En effet, on ne trouve de quinaire au nom de cet empereur, ni dans la collection de Vienne ni dans celle de Paris.

Du côté de la tête, qui est couronnée de laurier, se lit la légende commune à toutes les monnaies de Pertinax : IMP. CAES. P. HELV. PERTIN. AVG.

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Sur le revers est cette inscription qu'on ne voit sur aucune des médailles des empereurs précédens : LAETITIA. TEMPOR. Cette inscription est accompagnée d'une figure de femme debout, tenant de la main droite une couronne, et de la gauche une haste. Suivant M. Barucchi, c'était l'emblême de l'espoir que les Romains avaient conçu de voir renaître les beaux jours de Trajan et d'Adrien sous Pertinax, prince juste dont le règne, commencé sous de si heureux auspices, ne fut malheureusement que d'une trop courte durée.

La fin du mémoire de M. Barucchi est consacrée à la description d'un clou de bronze trouvé à Acqui, et conservé dans le Musée Royal de Turin. La tête de ce clou est de forme ronde et d'environ deux pouces de diamètre. Il a la même dimension en longueur, Sur cette tête se lisent très-distinctement les caractères suivans: EX. COMITATU. IMP. DOMITIANI. AUG. GERMANICI. Plus bas se lisent ces mots : AB AQVIS STATIELLIS, mais en caractères de formes assez diverses pour donner lieu à quelques doutes. Au-dessus de ces inscriptions se voit un trou fait exprès pour recevoir un clou plus petit avec lequel on attachait le grand sans qu'il fût endommagé par les coups de marteau.

M. Barucchi ne pense pas que ce clou ait été du nombre de ceux que l'on attachait dans les temples pour marquer les années. Cet usage étrusque adopté par les Romains des premiers siècles dut cesser lorsque l'étude des lettres eut fourni à leurs · descendans d'autres moyens de perpétuer la mémoire des faits.

M. Barucchi croit que ce clou appartenait à un monument élevé dans les dernières années du règne de Domitien. On sait qu'après la mort de cet empereur, le sénat donna ordre d'abattre les statues et de détruire tous les monumens érigés en son honneur. Selon l'opinion de M. Barucchi, c'est à la ruine d'un de ces monumens que le clou qu'il décrit aurait survécu. A. P.

45. NUMISMATIQUE ORIENTALE. (Leipzig. Literatur Zeitung; mars 1830, p. 585.)

L'empereur de Russie a fait don à l'Académie des Sciences de St.-Pétersbourg de la plus grande collection de médailles et de

monnaies persanes qui ait jamais existé, et que M. Fraehn a formée, en vertu de l'autorisation du comte Cancrin, ministre des finances, de plusieurs millions faisant partie des sommes que la Perse a payées à la Russic à titre d'indemnité, en vertu du traité de Turkmantichai. Cette collection a été immédiatement exposée dans le Muséum Asiatique de l'Académie.

L'Académie qui possédait déjà dans diverses médailles du Schah antérieur de la famille des Sefides, un souvenir intéressant de la campagne glorieuse de Pierre le Grand, en Perse, a acquis par cette riche collection des médailles de la dynastie nouvelle, un brillant trophée numismatique de la dernière guerre de la Russic avec la Perse.

Par cette collection l'Académie des Sciences de St.-Pétersbourg peut facilement soutenir la comparaison avec d'autres collections semblables.

Elle est divisée dans les quatre sections suivantes :

1 Monnaies des temps anciens.

2o Monnaies des rois de Perse de la dynastie des Sefides. 3 Monnaies des rois de Perse de la dynastie des Sendides. 4 Monnaies des rois de Perse de la dynastic de Katochar. Dans la masse des médailles M. Fraehn n'a trouvé que deux monnaies d'or cufiques, mais ce sont deux raretés numismatiques; l'une, de l'année 488 de l'hégire ou 1095 de J.-C., est de Berkjaruk, quatrième sultan de la dynastic des Seldschakides à Iran. Le sultan y porte le titre pompeux de sultan sublime, dominateur de l'Islamisme, colonne de la croyance et habitué à la victoire ; il paraît qu'elle a été frappée à Awah, ville située entre Teheran et Hamadan, dont on ne connaissait encore aucune monnaie. Il y a beaucoup de médailles des Seldschakides de l'Asie-Mincure, mais presque point de ceux d'Iran. Le Musée Asiatique de l'Académie des Sciences de St.Pétersbourg en a fait connaître le premier quelques-unes.

La seconde monnaie cufique est de Melik-el-Umerc Seif eddin Ghasi ben Maudud, second atabek de la ligne de Mosul, de l'année 573 - 1177, 8. Elle est aussi très-rare et inédite. C'est la troisième monnaie d'or atabek dont M. Frachn a eu connaissance jusqu'à présent.

Les médailles des Sefides, au nombre de 13 et en or, sont des Schahs Husein Thamąsp II, et Abbas III. Elles ont été

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