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pendans d'oreilles d'or. Ces antiquités ont été recueillies en partie par le gouvernement, à très-peu de frais; mais le plus grand nombre a été offert par des particuliers. Ce muséum est visité journellement par les voyageurs, et l'on en a dessiné les objets les plus remarquables. On a l'espérance qu'il sera incessamment beaucoup augmenté. (London literary Gazette; 7 août 1830, p. 514.)

34. M. TEPLIAKOFF a récemment envoyé de Sisipolis au muséum d'Odessa plusieurs pierres tumulaires, des fragmens d'autres antiquités, et un certain nombre de médailles rares et bien conservées, provenant de plusieurs villes de la Mosie inférieure, de la Thrace et de la Macédoine. Ce voyageur se propose de publier les observations intéressantes qu'il a faites aux environs de Gebedsché, Dewno et Pravodi. (Leipziger Literat. Zeitung, avril 1830, p. 637).

35. Sur les kourgani ou tertres que l'on aperçoit de distance en distance au milieu des déserts de la Tatarie; par Ilia RADOJITSKY. (Le Fils de la Patrie, 1824, no 43),

M. Radojitsky a traversé les immenses déserts de la Russie méridionale depuis le Dniéper jusqu'à Azof, et les plaines du Don jusqu'au Cuban et au Térek. Partout il a rencontré des Kourgans ou tertres élevés çà et là, seuls objets qui puissent distraire l'œil du voyageur au milieu des déserts qui le séparent d'une habitation à l'autre. La vue de ces tombeaux, seuls témoins des révolutions de l'existence politique des peuples, vous force involontairement à remonter à ces époques désastreuses où les bandes innombrables de Bâti, de Mamai et de Tamerlan foulaient aux pieds de leurs chevaux ces vastes solitudes, et que l'écho de ce bruit redoutable allait retentir dans les cœurs timides des peuples tributaires.

En passant ainsi d'un tertre à l'autre, la curiosité fait que naturellement on tâche de découvrir l'origine de ces monticules artificiels répandus sur tout l'espace qui s'étend depuis l'orient de la mer Noire et de la mer Caspienne au Nord et à l'Ouest, c'est-à-dire dans tous les lieux où les anciens Tatars Mogols exercèrent leur domination. Quelquefois le voyageur découvre à l'horizon des tertres qui figurent une grande porte ouverte à deux battans; lorsque l'on approche, on remarque le plus sou▾

vent qu'un des kourgans est situé à l'Est, et l'autre à l'Ouest, à 10 ou 12 toises de distance; au milieu de ces deux grands monticules, ou derrière l'un des deux, il s'en trouve un petit, qui semble placé là pour indiquer la direction du chemin. Si l'on se met sur la ligne qui mène du grand au petit kourgan, vous apercevez de nouveau à l'horizon un tertre isolé, qui sert àmontrer la continuation de la direction prise. Quelquefois vous voyez épars comme en désordre 4, 5 et 6 tertres grands et petits; mais en y regardant attentivement, vous découvrez toujours entr'eux une ligne bien déterminée de l'Est à l'Ouest; et cette particularité se fait remarquer dans un bon trajet de 60 à 70 verstes, et presque toujours dans les voisinages des lieux où l'on peut trouver de l'eau ou des pâturages, et en conséquence faire une halte.

Il arrive que plusieurs kourgans, en partie détruits par des voyageurs curieux, sont entourés de débris de pierres, vestiges d'anciens cimetières tatares, ou de maisons habitées. C'est ainsi qu'au delà de Lougansky, à 24 verstes de Bakhmoul au Sud, on découvre les restes d'une ancienne muraille distribués en 3 lignes distantes d'une verste (1) environ l'une de l'autre, sur un espace d'à peu près une lieue. Il est impossible de douter que ces endroits ne servissent jadis de séjour fixe aux hordes Tatares-Mogoles de Sarnitchik, dont la domination du temps de Mamaï, s'étendait depuis le Volga jusqu'au Danube. On voit entr'autres, aux environs de ces lieux, sur le chemin du Don, quantité d'idoles de pierre appelées babi, et tirées des kourgans qui servaient de tombeaux. Ces monstrueuses et gigantesques statues, avec leurs têtes enfoncées dans leurs épaules, sont toujours re- présentées assises; et presque chacune d'elles tient des deux. mains et sous le ventre un carré que l'on peut bien prendre pour un livre. Il existe 3 classes de ces sortes de statues ; les: plus communes, et celles que l'on rencontre le plus souvent, qui sont de taille moyenne et même petites, doivent représen ter des personnages de peu de considération. Il en est de hautes et de grosses à larges figures, qui sans doute ont été dressées en l'honneur des grands seigneurs de l'Asie. D'autres enfin, qui› ne tiennent point de livres à la main, doivent avoir représenté

(1) La verste vaut à peu près un quart de lieue,

ces khans tout-puissans qui ont le droit d'entrer sans passeport dans le paradis de Mahomet.

On peut conclure, d'après tout ce qu'on vient de lire, que bien qu'effectivement nombre des tertres dont nous avons parlé · aient pu être de véritables tombeaux, et qu'ils révèlent la gloire' passée des anciens Tatares Mongols, cependant il n'est pas juste de considérer, avec quelques savans, tous les kourgans en géné ral épars dans les vastes déserts du Dniéper, du Don et du Volga, comme des lieux de sépulture, et de vouloir faire un immense cimetière de toute la Russie méridionale.

Afin de découvrir la vérité, remontons en idée à quelques siècles de celui où nous vivons. Figurons-nous que ces plaines fertiles que nous voyons aujourd'hui couvertes des fruits de la terre et entourées de villes et de villages, n'étaient autrefois que de vastes pâturages où venaient errer les hordes nomades des sauvages habitans des déserts, qui, parcourant l'immensité des steppes, ainsi que les navigateurs parcourent l'Océan, ne voyaient que le lever et le coucher du soleil, l'éclat du soleil et la scintillation des étoiles. A mesure que les peuples se multiplièrent, les plus forts chassèrent les plus faibles des plus belles contrées; et dans les terres où l'on ne connaissait ni maisons, ́ ni villes, ni demeures fixes, il n'y avait pas non plus de chemins. Cette circonstance admise, comment les hordes nomades pouvaient-elles prendre une direction connue et faire des incursions à quelques centaines de verstes au N., et retourner' avec leur butin dans leurs premiers pâturages? Ce n'était point sans doute à l'aide des chemins qui n'existaient pas, ni au moyen de la direction des rivières, dont ils devaient s'éloigner pour ne pas être entravés dans leurs courses. La nécessité est aussi la mère de l'industrie chez les sauvages. Le soleil est pour eux dans les déserts comme un dieu bienfaisant qui leur dispense la lumière, la chaleur et la vie. Le hazard leur aura ap-~ pris à élever de petites collines; de cette façon, deux tertres auront d'abord servi à déterminer la course journalière du soleil à l'horizon de l'Orient à l'Occident. Puis cette ligne de l'écliptique sera devenue la base des voyages dans le désert ou des expéditions militaires en différens sens. Les collines isolées en avant étaient élevées pour déterminer cette direction : si la ligne droite inclinait d'un côté, alors on amoncelait deux grands

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tertres pour désigner le levant et le couchant. Les petits servaient à indiquer une nouvelle direction. Les hordes, pendant le jour, consultaient ces monticules, ainsi que les navigateurs consultent les étoiles pendant la nuit. Avant la fin du voyage, les guides, apercevant à l'horizon un grand nombre de petits et de grands tertres, faisaient connaître par leurs cis de joie, à ceux qui formaient l'arrière-garde, qu'ils approchaient de l'eau et d'un pâturage favorable pour y passer la nuit. Voilà, selon moi, le véritable et principal usage de ces kourgans, qui servaient également à indiquer aux hordes voyageuses ou guerrières le chemin du retour. C'était sur ces collines que les généraux montaient pour examiner les manœuvres à exécuter pour assurer la victoire; et c'était également à leur pied, que l'on adressait des prières à l'être suprême. Cet usage subsiste encore aujourd'hui chez les Mahométans : à l'heure de la prière, ils se tournent vers le Midi, fléchissent le genou devant le kourgan, sur le sommet duquel ils se figurent voir planer le génie du Prophète.

Les kourgans servaient donc principalement à déterminer la route des hordes nomades, et à indiquer la limite de leurs excursions; car on n'en voit que jusqu'aux endroits où s'étendait la puissance des Tatars. Les Mongols de la horde ne songèrent à établir des chemins que lorsqu'ils se furent définitivement fixés dans les contrées qu'ils avaient soumises. Jusqu'à présent même, on ne voit que fort peu de routes pratiquées au-delà du Cuban et dans la Cabardie. Ce système des kourgans indicateurs s'observe encore dans les steppes immenses des Kalmouiks et des Nogaïs, entre le Don et le Volga, surtout dans les déserts de sable qui conduisent à la mer Caspienne, où, sans les kourguni, les tourbillons empêcheraient de reconnaître les chemins; plusieurs d'entr'eux ont leurs noms, et servent d'étapes aux Asiatiques qui voyagent en caravane. Enfin, les brigands du Caucase eux-mêmes préfèrent voyager de la sorte, à suivre les routes déjà tracées dans leur pays. Tel est, d'après mon avis, le point de vue sous lequel il faut considérer les kourgani répandus dans tous les déserts de la Russie méridionale; et mon opinion est, en partie, la même que celle de M. Timkowsky, dans son nouveau voyage en Chine; cet illustre voyageur a remarqué dans les déserts des Mongols de sem

blables tertres appelés obo. Les Mongols, dit-il, s'agenouillent au pied de ces collines, et y prient avec ferveur l'Étre supréme. Ces obo servent aussi à indiquer la route, et à déterminer les frontières entre les peuplades nomades.

A. J.

36. CAPUA VEtere. L'ancienne Capoue, ou Description de tous les monumens de l'ancienne Capoue, et particulièrement de son célèbre amphithéâtre; par J. RUCCA. 1 vol. in-8°, avec deux planches en cuivre. Naples, 1828. ( Biblioth. italiana; mai 1830, p. 260.)

L'auteur, après avoir longuement recherché l'origine du mot Capua, finit par reconnaître que ce mot est d'origine étrusque. Il traite ensuite de la fondation de cette ville, de sa célébrité, de la valeur de ses habitans, de ses citoyens les plus illustres, de ses monumens, du théâtre, de l'arc de triomphe, des curies, des cirques, des temples, etc. L'auteur parle aussi de l'école des gladiateurs de Lentulus, d'où sortit le fameux Spartacus; des parfums et des marchands de parfums, des deux places Seplasia et Æbana, où la multitude des essences et des parfums remplissant les magasins, inspiraient aux hommes la mollesse et la volupté.

L'auteur soutient que l'amphithéâtre Campano est le plus ancien, le plus vaste et le plus beau de tous les amphithéâtres qui aient jamais existé. Quant aux constructions qui ont été récemment découvertes sous cet amphithéâtre, l'auteur en parle comme si, depuis 15 ans, les fouilles faites au Colisée n'avaient pas produit les résultats les plus satisfaisans. Enfin, il paraît ignorer les nombreuses observations et publications qui ont été faites à Rome au sujet de ces découvertes précieuses. C. R.

37. MUSÉE ÉTRUSQUE ET VASES ÉTRUSQUES DU PRINCE DE CANINO. (Ibid.; juin 1830, p. 423.)

Les savans italiens et étrangers désiraient vivement recevoir des nouvelles relatives aux fouilles que le prince de Canino, Lucien Bonaparte, a entreprises dans ses terres pendant les années 1828 et 1829. Nous nous empressons, en conséquence, de leur faire part de la publication de deux volumes contenant l'explication des vases antiques qui ont été découverts. Ces deux volumes, quoique liés entre eux jusqu'à un certain point, se ven

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