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C'est ici, dans une forteresse romaine, qu'eut sa résidence lo préfet de la 2 légion et de la flotille du Danube. Plusieurs indices prouvent d'ailleurs qu'il y avait une colonie romaine ou un municipe. Une pierre, qui se trouve aujourd'hui incrustée dans le mur de la porte, du côté de Bude, représente, dans un style grossier, deux génies aîlés, vêtus comme les indigènes de ces contrées. L'un tient une branche d'olivier, et l'autre un épi de blé, en montrant sur l'inseription qui se trouve audessus d'eux : « PRO SALUTE IMPP. L. SEPT. SEVERI ET M. Av. ANTONINI. AUGG. » On voit dans le musée national de Pesth une pierre sépulchrale en marbre rouge qui, jusqu'à 1815, avait été murée dans l'édifice épiscopal de Stuhlweissenbourg. La partie supérieure de cette pierre représente une femme avec ses deux enfans, et au bas se trouve l'inscription suivante: « D. M. C. Dignius secundinus Nat. Ræt. V. F. sibi et Aureliæ Deciæ conjugi et munci. Püssimæ et fæminæ rarissimæ ac pudicissimæ C. Vi. Vs, mortem dolens per absentiam mei contiegisse per culpam C, Vrantium conquerar vix an. XV11I. m. X. dieb. XVIII. et C. Dignio Decorato fil. Ann, XXIV. dieb. XVIII item. Digniæ Decoratæ et Aurelia Secundianæ filiabus. » Le fini du travail indique les beaux temps de l'art.-On y a aussi trouvé, en 1805, pendant la construction de la nouvelle maison du comitat, plusieurs monnaies romaines des empereurs Trajan et Antonin.

207. WÜRDIGUNG DER ALTEN Boemischen GesCHICHTSCHREIBER. -Appréciation des anciens historicus de la Bohême : ouvrage qui a remporté le prix proposé par la Société royale des Sciences; par François PALACZKY. XXIV et 308 pages. Prague, 1830; Borrosch.

On peut partager en trois périodes distinctes la série des auteurs qui ont écrit sur l'histoire de Bohême. La première commence avec le plus ancien annaliste, Cosmas ( né en 1045, mort en 1125), et s'étend jusqu'au milieu du XVIe siècle; la fidélité dans les récits, la candenr, mais parfois aussi la partialité contre les étrangers, surtout les Allemands, forment son caractère distinctif, de même que l'absence totale d'un système historique,tel qu'on l'observe dans ces temps chez Kadlubekle Polonais et chez les chroniqueurs français, consistant à mêler les vé

ritables traditions indigènes avec les données fournies par l'antiquité classique; on peut se rappeler à ce sujet le poème du Dante. Cosmas, le plus ancien de ces auteurs, est aussi le plus distingué; l'ouvrage le plus marquant après lui est une chronique en vers, rédigée en langue bohémienne et connue sous le nom de chronique de Dalimil; elle doit avoir été écrite entre 1282 et 1314; elle est précieuse en ce qu'elle nous retrace le véritable esprit de la nation qui, d'après l'observation de M. Palaczky (p. 111), est encore le même aujourd'hui; une imagination vive le porte à la crédulité. D'après cela on ne s'étonnera pas du succès qu'eut l'ouvrage en partie fabuleux de Wenceslas HAYEK de Liboczan ( mort en 1553), et qui, jusqu'à un certain degré, fut avec raison surnommé le Tite-Live de la Bohême; la première édition est de 1541, celle de 1819 en est une copie exacte ou plutôt un fac-simile ( v. p. 278). L'ouvrage fut lu avec une telle avidité que déjà, en 1585, il était difficile d'en trouver des exemplaires; quelques années après il en parut une traduction allemande qui a eu trois éditions; mais l'apparition de la traduction latine avec le commentaire de Dobrer fit cesser cette vogue. Le savant qui a rendu à sa littérature les mêmes services que Shiæzer à celle du nord et surtout à celle de la Russic, suivit pas à pas avec une persévérance, une critique et une érudition à toute épreuve, son auteur, et selon les expressions d'un indigène : « mentiendi finem fecit.» Il est clair qu'il trouvera beaucoup d'adversaires; et nous nous rappelons avoir lu quelque part, qu'on lui fit un crime de lèze-majesté pour avoir rayé de l'histoire de Bohème quelques rois que des récits mystiques y avaient placés. ( Ausus est reges incessere dictis.) Le même savant, avec Pelzel, publia d'excellentes éditions de la plupart de ces annalistes du moyen âge dans les deux volumes des Scriptores rerum bohemicarum, Prague, 1783, auxquels M. Palaczki vient d'ajouter le troisième qui ne contient que des chroniques écrites dans la langue du pays.

S.

208. LE CHATEAU DE KARLSTEIN, par le professeur J. M. SCHOTTKY. (Monatschrift der Gesells, des vaterl. Muscums in Böhmen; août 1828, p. 99.)

Prunisser a dit avec infiniment de raison que Karlstein jouerait toujours un rôle important dans l'histoire de la Bohême,

mais que ce château était encore plus remarquable par les nombreux monumens que l'on y trouve de la plus ancienne peinture de l'Allemagne et de la Bohème..

Karlstein, jadis la résidence d'un empereur, échappa aux fureurs des guerres des Hussites et des paysans, et demeura intact au milieu d'autres discordes civiles et religieuses qui désolèrent le pays. Mais ce château eut ensuite beaucoup à souffrir d'un incendie, d'une attaque par les Suédois, et surtout de l'indifférence qui, plus tard, s'empara des esprits, relativement aux beaux-arts.

Pendant les 20 dernières années de sa vie, l'empereur Charles Ier, fondateur de Karlstein, visita souvent. ce château et y rendit plusieurs ordonnances. Voici quelques détails sur Karlstein, qui feront sans doute plaisir à nos lecteurs.

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Le 10 juin 1348, l'archevêque de Prague, Arnest, posa la première pierre de cette immense construction. En même temps, c'est-à-dire deux années après son couronnement, l'empereur fonda l'Université et la Neustadt, et l'ensemble des travaux fut poussé avec activité. L'architecte français, Mathieu d'Arras, dirigea aussi la construction; et, en 1357, l'œuvre était tellement avancée, que les églises et les chapelles purent être consacrées avec la plus grande solennité.

Karlstein n'était pas un château comme on en trouve tant qui sont à moitié en ruinc, c'était un château destiné à conserver des trésors, et qui était surveillé comme une pierre précieuse. Karlstein était confié à la garde d'un bourggrave, qui se trouvait au nombre des personnages les plus distingués du royaume. Et les choses restèrent dans cet état jusqu'à la guerre de Trente ans. Le bourggrave devait résider à Karlstein, et ne pouvait livrer les insignes royaux qu'en observant certaines formalités rigoureuses. Le roi Venceslas jugea même à propos de confier la garde du château à deux bourggraves, choisis dans l'ordre de la chevalerie et de la noblesse. A l'approche d'un péril, la noblesse voisine était obligée d'accourir en personne à la défense du château, et c'est aussi ce qu'elle fit à l'époque du siége de 1422. Quoique le château eût beaucoup souffert par ce siége et par un incendie qui éclata en 1487, on ne le regardait pas moins comme inexpugnable.

Après le violent incendie qui ravagea Prague, en 1541, et

dans lequel un grand nombre d'actes publics devinrent la proie des flammes, on ordonna qu'à l'avenir deux copies seraient dressées de chaque acte ou document de nature à intéresser le bien-être de la société, et que l'une de ces copies serait déposée au château de Karlstein. En même temps, on leva un impôt destiné à couvrir les frais que devaient nécessiter les réparations que l'on se proposait de faire au château : il est vrai que cette loi ne demeura pas long-temps en vigueur. Mais sans que Karlstein déchut dans l'opinion publique, on regardait toujours ce château comme le véritable sanctuaire du pays, et peu de personnes obtenaient l'autorisation d'y entrer. La rigueur à cet égard était si grande, que l'archiduc Ferdinand ayant demandé, en 1554, à visiter Karlstein, afin d'examiner la couronne, les reliques et le trésor, les États lui en donnèrent l'autorisation le 27 août, sous condition expresse qu'il serait accompagné par six membres de l'ordre de la noblesse et par six membres de l'ordre de la chevalerie.

L'empereur Rodolphe II, cet ami passionné des arts et des sciences, dépensa des sommes considérables pour l'enticr rétablissement de Karlstein, et recommanda particulièrement ce château à la vigilance des bourggraves. Pour satisfaire au désir de l'empereur, les bourggraves déployèrent une grande sévérité dans l'exercice de leurs fonctions. Balbin raconte que le bourggrave J. de Kolowrat, s'étant aperçu un jour où il venait visiter ce châtean, que l'un des portiers n'était pas à son poste, appela le bourreau et lui ordonna de décapiter le coupable. Rodolphe ordonna, à la vérité, de faire des innovations dans le château, mais ces innovations n'effacèrent point les peintures et les constructions anciennes qui présenteront toujours un grand intérêt historique.

La guerre de Trente ans fut une époque malheureuse pour le château de Karlstein, car alors commença le pillage de tout ce qu'il contenait de précieux, et la rapacité de ceux qui le dé pouillèrent fut telle, que si Meissner dit, en parlant des objets d'art que Karlstein possède encore aujourd'hui, qu'on ne doit les considérer que comme les débris d'un vaisseau naufragé, il à raison sous plus d'un rapport. Il n'y a plus de traces de plusieurs bâtimens qui faisaient partie du château, tels que la cha pelle de St.-Wenceslas, la maison des quatre chanoines qui

résidaient, et les cinq corps-de-garde au pied de la tour. Cependant, malgré les dégâts qu'a causés le vandalisme des temps, plusieurs objets précieux ont été sauvés, et des mesures ont été récemment prises pour en assurer la conservation. Depuis 1815 jusqu'à 1828, l'empereur d'Autriche a consacré 18,000 fl. au rétablissement des toits, des murs, des escaliers et des fenêtres du château. Malheureusement il n'existe pas un fond particulier pour l'entretien des bâtimens, ensorte que les peintures et les tableaux pouvant être exposés à l'intempérie des saisons, par suite des dégâts que produisent souvent les orages, périront d'autant plus promptement.

209. GESCHICHTE PES URSPRUNGS DER STENDE IN DEUTSCHLAND. Histoire de l'origine des États (sociaux) en Allemagne ; par Charl. D. HÜLLMANN. 2o édit. entièrement refondue. 686 pag., in-8°. Berlin, 1830; Eichhoff et Krafft.

La matière que l'auteur à entrepris de traiter, est difficile à éclaircir; pour y parvenir, il a consulté une foule d'écrits du moyen âge, surtout des chroniques et des chartes. Il remonte à l'ancienne constitution de la société en Allemagne, telle qu'elle résulte des lois antiques des peuples barbares. Il y avait les nobles, les hommes communs libres, et les demi-libres, que les chartes latines désignent sous le nom de colons, et que dans les langues germaniques on appelait leudes. On nommait terres saliques celles que les nobles, au lieu de les faire cultiver par d'autres, régissaient eux-mêmes. M. Hüllmann fait dériver ce mot de celui de sal ou salle par lequel on désignait la demeure seigneuriale. Sala seu palatiolum, dit un chantre de Charles-leChauve chez Baluze. L'auteur trouve ensuite qu'il y avait en vigueur deux principes qui dans la suite ne se sont plus conservés que dans la caste noble, savoir: l'indivisibilité du patrimoine de la famille et le privilége de la primogéniture. Il cherche à prouver que ces principes résultaient de la nécessité dans laquelle se trouvait chaque chef de famille de protéger les siens contre les violences du dehors. Peu à peu les familles contractèrent des alliances, et eurent des points de contact. On régla dès-lors les compositions ou satisfactions dues aux familles dont un membre avait été tué par une autre famille. Dix communautés ou familles de propriétaires s'associaient en formant une

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