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doit servir de complément au premier, a été formé par M. Paulus, professeur à l'université d'Heidelberg. Il se compose en entier de morceaux relatifs à la théologie et à la littérature orientale. La plupart sont des notices raisonnées des chefs et des professeurs de l'université de Tubingue, qui avaient précédé l'auteur dans la carrière. On peut citer encore les discours sur l'ouvrage sanscrit intitulé Hitopadesha, sur l'utilité de la langue arabe pour la critique des livres de l'Ancien Testament, et sur les ouvrages orientaux qui sont sortis de l'imprimerie établie à Constantinople.

R.

155. LEXICON MANUALE HEBRAICUM ET CHALDAICUM in quo omnia librorum veteris Testamenti vocabula neenon linguæ sanctæ idiomata explanantur. Auctore J. B. GLAIRE, Ù SɔC. asiat. Paris. et ling. hebr. profess. in facultate theol. Parisiensi. In-8", de VII et 372 pages. Lutetiæ Paris., 1830; ex typis Eberharti; reperitur apud auctorem.

Depuis environ un siècle il n'avait plus paru en France un dictionnaire hébreu, la publication du présent est d'un bon augure pour l'étude de la langue hébraïque; travaillé en conscience, dégagé de tout luxe d'érudition qui semble être un vice radical dans des ouvrages de ce genre, d'un prix qui le met à la portée de tout le monde (7 fr.), renfermant beaucoup en peu d'espace, on peut lui promettre des succès à peu près sûrs. L'auteur a mis à profit les meilleurs ouvrages lexicographiques qui ont paru en Allemagne, mais sans entrer dans toutes leurs vues, et nous ne pouvons qu'applaudir au principe énoncé dans la préface, de tâcher autant que possible. d'expliquer la Bible par l'hébreu et de ne pas recourir à toute occasion à la langue arabe dont surtout depuis Schultens on s'est beaucoup trop servi. Il est reconnu par toutes les personnes en état d'en juger, que la langue syriaque d'un côté et la Mischnah de l'autre, sont des guides généralement plus sûrs, et déjà la différence très-considérable entre les systèmes de grammaire hébraïque et arabe aurait dû rendre les philologues plus circonspects. Nous ne prétendons nullement, par ces observations, faire l'éloge de l'étude exclusive de la littérature rabbinique, dans le seus d'Edzardi ou de Surenhusen qui va jusqu'à dire qu'avant de pouvoir être chrétien, il faut se faire jnif; certaine

ment ce temps est passé et ne reviendra plus. Mais comme diț un philosophe chinois (1), il est inutile de chercher au loin ce qu'on peut trouver tout près; d'après cela, en fait d'hébreu, il faut s'adresser d'abord au chaldaïque et au syriaque et ne recourir à l'arabe ou même à l'éthiopien que dans les cas assez rares où les autres oracles gardent le silence. Les limites de ce journal se refusent aussi bien que la nature même d'un travail lexicographique, à une analyse quelconque des articles en détail où parfois nous aurious des observations à soumettre à l'auteur. Nous terminons en recommandant cet ouvrage à l'atten→ tion des personnes qui se vouent à l'étude de la langue hébraïque, et nous désirons que la grammaire du même auteur, qui va être mise sous presse, conjointement avec le dictionnaire, porte des fruits qui soient en rapport avec le mérite de la rédaction de cet ouvrage. 156. CONFUCII CHI-KING sive liber carminum. Ex latina P. Lacharme interpretatione edidit Julius MoHL. XXII, XVI et 322 p. Stuttgartiæ et Tubinge, 1830; Cotta.

rent pas

S.

Depuis l'extension rapide de nos connaissances en fait de littérature chinoise, on a scnti le besoin de tirer de l'oubli diffé→ rens bons ouvrages rédigés dans le dernier siècle par des hommes capables, pour la plupart, en Chine même; mais les difficultés dont on croyait hérissée l'étude de la langue ne permide livrer à l'impression ces traités dont l'utilité était pour lors peu de chose, restreinte comme elle était au petit nombre de personnes en état de travailler dans le voisinage de la bibliothèque du roi. Le plus précieux de ces ouvrages, la Vaste grammaire du P. Premare, est imprimé dans ce moment aux frais de lord Kingsborough à Malacca, et l'un des plus anciens et des plus importans monumens qui nous soient parvenus de l'antiquité chinoise, le livre des vers a trouvé un éditeur dans M. Mohl qui a bien voulu se charger du travail fastidieux de collationner differens manuscrits de la traduction faite par le P. Lacharme en Chine, dans la première moitié du dérnier

siècle.

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Le traducteur nous avertit qu'il s'est servi de différens commentateurs chinois pour rédiger son travail, ce qui est indis(1) Mengtsen, II, 1, 37.

pensable même pour un indigène qui veut comprendre le style des King ou des livres classiques, dont la diction, souvent surannée et d'une excessive brièveté qui s'approche du style lapidaire, est hérissée de difficultés qui ne permettent pas de se passer de toutes sortes de secours. Nous avons comparé différens passages de la traduction du P. Lacharme avec des citations éparses dans les Sse-chou ou livres classiques, et nous avons trouvé de temps à autre des variantes de sens assez considérables; mais ce résultat est très-naturel, car bien souvent les indigènes eux-mêmes ne sont pas d'accord sur le sens de ces chansons qui remontent en grande partie au 12° siècle avant notre ère, et dont Confucius fit une collection, en choisissant parmi 3,000 la 10° partie qui lui semblait la plus remarquable.

On a de tout temps en Chine donné beaucoup d'attention à l'opinion publique, et les empereurs de la dynastie des Tcheou firent recueillir les chansons qui l'exprimaient ; telle est la base du recueil qui forme un des cinq King dont l'autorité est irréfragable, et même pour les savans de l'Europe il peut être envisagé comme d'une importance égale au Chouking ou livre historique qui fournit jles seuls documens authentiques sur l'histoire ancienne de l'Empire du Milieu.

La publication de cette traduction facilitera l'étude de l'original qui, à bon droit, est regardé comme le plus difficile des King; une centaine de pages de notes, qu'à la vérité on aurait désiré plus étendues, y contribueront aussi. Nous sommes informés qu'on va imprimer, par les soins du même éditeur, chez le même libraire, le Yking avec des commentaires trèsétendus, et nous faisons des vœux pour qu'aucune circonstance imprévue n'en empêche la prochaine publication.

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S.

157. JU-KIAO-LI. Roman chinois traduit par M. Abel Remusat. Texte autographié et publié par M. LEVASSEUR, ingénieur-géomètre du cadastre, membre de la Société asiatique de Paris. 31 pages doubles pliées à la manière chinoise; prix, 2 fr. 50 c. Paris, 1829; lithographie de Ratier.

M. Levasseur qui a fait paraître il y a quelque temps une jolie édition in-12 du Tehoung-young de Confucius, a entrepris un travail du même genre, mais d'une étendue bien plus considérable. Le Yu-Kiao-li, si bien connu depuis la traduction de

M. Abel-Remusat, réunissait tous les titres pour une édition textuelle publiée en Europe; le mérite de l'ouvrage même, son style qui le fait regarder comme un modèle en Chine, enfin la circonstance que c'est la seule composition en kouan-hoa ou style mandarinique, sur laquelle, jusqu'à présent, au moyen de la traduction, les étudians pussent s'exercer; toutes ces qualités réunies faisaient désirer vivement la publication du texte. M. Levasseur a bien voulu, pour l'amour de la science, se charger d'un travail aussi fastidieux, pénible et de longue haleine. Quant à l'exécution on peut assurer que dans son genre c'est à beaucoup près ce qui a été fait de mieux en chinois d'après le procédé autographique; nous avons sous les yeux la nouvelle édition publiée en 1828 à Londres du traité sur la vaccine, imprimé d'abord à Canton en 1805; on n'a rien négligé pour soigner cette édition, mais elle est lithographiée et de beaucoup inférieure à la présente publication. Nous sommes avertis que M. Levasseur compte livrer très-prochainement la seconde livraison; l'ouvrage entier en aura dix. Nous faisons des vœux pour que cette entreprise éminemment utile soit achevée le plus promptement possible.

158. SUR LES OUVRAGES EN BENGALAIS ET LEURS AUTEURS.

Dans un des derniers numéros de la Gazette littéraire de Calcutta, Babou Kashieprisad Ghose a publié un article à ce sujet, dont nous nous proposons d'extraire la substance pour l'avantage du lecteur, et d'y ajouter quelques remarques sur les ouvrages qui sont particuliers à Serampore.

Selon lui, les premiers ouvrages correctement écrits en prose bengalaise à la suite de ceux publiés par Mritunjuyu et Huruprisad, furent les pamphlets mis au jour par Rammohun Roy. Vient ensuite la traduction de l'Histoire d'Angleterre, de F. Carey, qu'il blâme très-sévèrement. Nous avouons franchement qu'elle n'est pas sans défauts. La traduction des noms et des titres anglais est peu exacte, et l'emploi des mots composés du sanskrit a été calculé pour affaiblir la popularité de l'ouvrage. Mais il n'y a peut-être pas un seul européen dans l'Inde plus profondément versé dans le bengalais et possédant mieux les formes communes du langage du pays, les habitudes et les coutumes de l'Inde, que M.-F. Carey; et nous ne connaissons per

sonne en état d'écrire avec plus de pureté en bengalais. Il ne réussit point dans son Histoire d'Angleterre pour avoir voulu la rendre trop classique. Il ne manque toutefois à cet ouvrage, pour lui donner du prix, qu'une révision qui réduirait à une diction plus simple les longs mots composés du sanskrit,

Babou Kashieprisard Ghose pose en fait que la langue dans laquelle ont été faites toutes les publications en bengalais est très-défectueuse, et que les naturels l'appellent bengalais de Serampore. La meilleure réfutation de cette imputation se trouve dans la phrase très-courte qu'on trouvera plus bas, où il exalte une traduction en bengalais de l'Histoire des Indes britanniques, par Mill, comme très-bonne, comme étant comprise facilement par tous les naturels, comme exprimant bien l'esprit des idiotismes et méritant d'être placée au premier rang des ouvrages de la littérature des Bengalais. Cet ouvrage a été traduit et imprimé à Serampore. Le manque d'un titre (cet ouvrage n'étant pas encore terminé) a donné lieu à cette erreur.

L'auteur donne ensuite la notice des ouvrages de poésie en bengalais. Kritecbas, pandit brame, traduisit le Ramayan en bengalais il y a environ 300 ans, et ce fut le premier écrivain qui ait cu de la célébrité. Il trouve que cet ouvrage abonde en expressions vulgaires, mais il le regarde comme le meilleur de son temps. Cet ouvrage de. Kriteebas est peut-être le poème le plus populaire du Bengale, surtout dans les classes moyennes de la société, et surtout parmi les boutiquiers. Quand ils ont terminé les travaux de la journée, ils se réunissent en cercle et parcourent quelques chants de son Ramayan. Ilse trouve à peine un boutiquier un peu marquant au Bengale qui ne possède une copie de quelque chant de ce poème. Nous sommes très-portés à croire que beaucoup de termes vulgaires proviennent des erreurs des copistes, beaucoup plus que de l'auteur. Il y a eu beaucoup d'éditions manuscrites de cet ouvrage pendant 30 ans, sans avoir été collationnées par aucun pandit, ce qui fait naturellement supposer que beaucoup d'altérations proviennent de copistes illétrés, au gré de leur fantaisie. Mais la traduction est pleine de feu, et serait très-estimable si elle était purgée de ses barbarismes. Une nouvelle édition du premier chant vient de sortir des presses de Serampore, revue avec soin par un pandit d'une grande réputation.

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