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avait pas dans toute la Grèce, un temple construit avec soin et avec quelque luxe, qui ne fût plus ou moins colorié, c'est-à-dire, peint de manière à contribuer à l'effet et au riche aspect du monument par la couleur harmonieuse des parties symétriques, surtout des parties supérieures de la construction. Ceci s'applique spécialement aux temples construits en pierros grises, monote nes et sans apparence, telles que les montagnes de la Grèce en fournissent le plus fréquemment. Cependant les temples bâtis du marbre lo plus solide, et offrant la surface la plus lisse, par exemple ceux d'Athènes, Sunion, etc., étaient aussi fortement enduits de couleur, du moins dans les parties hautes, depuis l'architrave jusqu'au haut de l'entablement, comme chacun peut s'en convaincre en examinant attentivement le temple de Thésée ou le Parthenon. Faute d'éclaircissemens sur les détails, ce serait aujourd'hui une entreprise difficile d'exposer avec clarté et exactitude le système des Grecs, à l'égard de la peinture de leurs temples: tout en variant sans doute beau coup, elle devait s'exécuter avec sagesse et avec un sentiment délicat, qui pourtant devait craindre moins que nous, habitans des contrées froides et décolorées, les couleurs très-vives ou ce que nous appelons la bigarrure. Quelques découvertes importantes, faites dans les 15 dernières années, nous mettent à même de nous faire une idée assez nette de ce système en général; et voici ce que je crois pouvoir présenter à cet égard, comme le résultat certain de nos observations.

L'application des couleurs à la décoration de l'architecture dans les temples grees, était de 3 espèces; d'abord la couleur y était comme couche, et sans aucun effet d'illusion, pour soute nir l'architecture proprement dite, c'est-à-dire pour relever la teinte insignifiante et monotone de la pierre, pour réunir et rapprocher de l'œil ce qui dans l'idée de l'artiste devait se présenter ensemble, mais ce que dans l'exécution la distance séparait; pour faire ressortir toutes les parties correspondantes, et les mettre plus à la portée de l'ail et de l'esprit de l'observateur; en général pour ajouter à l'effet de l'ensemble par l'aspect clair et agréable de ses parties; il ne faut pas oublier non plus l'avantage matériel que l'enduit procurait pour préserver de la décomposition des matériaux souvent poreux et veineux. En second lieu, la couleur servait pour produire de l'illusion dans

certaines parties de la construction, c'est-à-dire pour l'effet des ombres et des jours, du relief et des enfoncemens sur un plan uni; en un mot, pour faire de véritables tableaux, et par conséquent pour remplacer la sculpture dans les ouvrages architectoniques. En dernier lieu, l'application des couleurs à ces grands monumens s'annonce comme achèvement des parties proprement plastiques, quand des ouvrages de sculpture calculés pour un but qui leur était propre, mais liés à l'architecture pour atteindre un autre but plus élevé, comme, par exemple, de grands groupes dans les frontons, étaient soigneusement peints.

La première manière d'appliquer les couleurs, en les subordonnant à des vues purement architectoniques, était si généra. lement pratiquée dans la plus belle époque de l'architecture grecque, qu'on peut assurer hardiment, que tous les temples grecs étaient peints plus ou moins. M. Brændsted rappelle ce que Vitruve dit de la cire bleue comme étant appliquée aux triglyphes. «Partout en effet où l'on reconnaît encore la couleur, on remarque que les triglyphes des temples de l'ancien style dorique étaient bleus de ciel, tandis que les aires intermédiaires ou les métopes paraissent avoir eu, comme principale couleur, une teinte de rouge vif ou du moins rougeâtre. Quant à la 2o sorte de colorage, celle qui consistait en une véritable peinture remplaçant la sculpture, il suffira d'examiner les exemples pour se convaincre que les Grecs en faisaient un emploi fréquent pour les parties de la frise, dans leurs temples doriques. On peut même soutenir en toute sûreté que la sculpture en relief des métopes a été plus rare en Grèce que la décoration en couleur, non seulement dans les temps anciens où l'art était peu avancé, mais dans tous les temps. L'auteur cite plusieurs temples anciens de la Sicile, figurés dans les ouvrages pittoresques de Hittorff et Zanth, Harris et Angell, et sur lesquels on retrouve les couleurs dont il est ici question, ou qui n'ont pas de sculpture, ce qui fait présumer que la sculpture y était rem placée par la peinture.

Plus loin, en traitant du fronton des temples grecs, M. Brændsted soutient et prouve que les sculptures de cette partie de l'édifice sacré étaient toujours polychromes, c'est-à-dire plus ou moins enduites de couleurs et peintures. A. ce sujet, l'auteur

fait voir aussi que les groupes sculptés de ces frontons étaient des figures entières ; et qu'on ne les figurait pas en bas-relief, comme on fait dans les frontons de nos temples. Des bas reliefs placés à cette hauteur et dans une telle place ne sont rien moins qu'antiques : c'est une invention plus moderne, contraire au bon goût de l'antiquité classique.

Nous ne pouvons suivre le savant auteur dans ses discussions sur les diverses métopes, et nous nous bornerons à dire quelques mots des gravures qui ornent cette 2o livraison. Ces gravures représentent, outre les contours de toutes les métopes décrites dans l'ouvrage, les deux têtes antiques conservées à Copenhague; plusieurs belles médailles et pierres gravées qui étaient toutes inédites, et donnent lieu à des digressions appuyées sur des passages d'auteurs anciens, et quelques fragmens d'antiquité, que l'auteur essaie d'expliquer. M. Brændsted donne aussi le plan du Parthénon restauré et dessiné par l'architecte anglais Cockerell, et une portion de l'entablement de cet édifice superbe, dont les ruines font encore l'admiration des les Turcs dans la dernière guerre pamais voyageurs, que raissent avoir mutilé encore plus qu'il ne l'était depuis le bombardement d'Athènes par l'armée vénitienne en 1681. La description du Parthénon est un sujet si fécond dans les rapports archéologiques et mythologiques, que l'auteur doit continuer de le discuter dans la livraison suivante que nous désirons voir paraître bientôt. Peu de voyageurs qui ont visité la Grèce, sont versés comme M. Brændsted dans la littérature grecque, et ont comparé autant de monumens et de témoignages écrits. Son voyage a été riche en recherches instructives dont les résultats tendent à donner une idée plus haute encore du génie des Grecs. Sous le rapport typographique, l'ouvrage est parfaitement imprimé et ajoute aux chefs-d'œuvre sortis de l'imprimerie de Firmin Didot.

D.-G.

117. UEBER MITTEL UND ZWECK der VaterlæNDISCHEN ALTERTHUMSFORCHUNG.-Sur les moyens et le but des recherches d'antiquités nationales; par BENJAMIN PREUSKER. In-8°, p. 53. Leipzig, 1829; Reinek.

Cet ouvrage n'est point d'un intérêt purement local; bien qu'il soit spécialement dédié à la Société des sciences de la

Haute-Lusace, il appartient à l'Allemagne cu général tant pár les vues qu'il présente que par ce qu'il constate des faits relatifs aux associations destinées à atteindre le but de cette science. Une note fournit l'état détaillé de toutes les sociétés savantes qui s'occupent d'antiquités; là figurent des noms fort connus, tels que ceux de MM. Thorlacius, Kruse, Minutoli, Dorow. Une autre note s'occupe des résultats; nous y remarquerons d'ingénieuses observations sur les tumuli et sur les limites anciennes en terres rapportées, puis une remarque qui est juste aussi pour la Gaule, c'est que les confins des diocèses guident assez bien l'antiquaire pour fixer les frontières des peuples anciens. Ön sera bien aise de savoir d'ailleurs que plus d'un fait constaté aujourd'hui est venu appuyer les conjectures du géographe Mannert. M. Preusker établit que les nations germaines seules et non les races slaves brûlaient leurs morts, puis il résume et indique tout ce qui a été fait sur les tombes dites Hünengraeber. Nous voudrions qu'il eût cité aussi sur ce sujet une excellente dissertation de M. le professeur Schreiber de Fribourg en Brisgau. S'il eût parlé de la Société historique de cette ville et de la publication de ses utiles mémoires, son livre y eut gagné beaucoup; tel qu'il est, il est digne d'éloges, et donne des préceptes dignes d'attention sur les fouilles à entreprendre. Mais ce qui le distingue par-dessus tout, c'est la classification des sources monumentales de l'histoire nationale. Il y a dans cet exposé beaucoup d'esprit d'analyse; nous avons été frappés surtout du parti qu'on peut tirer des langues pour ressaisir des vestiges de faits d'usages et de noms. On ne peut que gagner à l'étude de ce petit traité dans lequel la méthode la plus claire a disposé avec intelligence toutes les partics et tous les moyens de la science. P. DE GOLBÉRY.

118. ANCIEN TOMBEAU APPELÉ Hunengrab. (Abhand, der natur» forsch. Gesellschaft in Gorlitz; 1er vol., a cah., p. tta), Sur la grande route qui conduit de Rügen à Moushgut (dit Made II. de Montanglaut dans le Libéral (1) de 1821, no 30, p. 118), on aperçoit dans un champ le plus grand et le plus remarquable des tombeaux dits Hunengræber du pays. Les matériaux avec lesquels ce tombeau est construit sont d'une nature (+) Freimüthige.

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tellement colossale, que vn de loin, il a l'aspect d'on beau đébris d'un grand monument. Ceint d'arbres sous une forme pittoresque, ce tombeau est un brillant sujet pour le dessin.

A une demi-lieue de Bergen, il y a une petite campagne nommée Cracow, appartenant à M. de Normann. La plupart des Hanengræber s'y trouvent cachés dans une belle forêt sotis des chênes antiques et vénérables, et entre d'épaisses broussailles. Ce sont des fosses carrées de cinq à six pieds en longueur et d'autant en profondeur. Elles sont garnics de pierres bién pohes, de la même grandeur, qui ont l'apparence du granit, et couvertes d'une pierre analogue dont l'épaisseur est extraordinaire. Leur structure prouve que les anciens étaient bien plus avancés dans la mécanique qu'on ne le pense communément, car autrement il eût été impossible de manier ces pierres gigantes

ques.

M. de Normann a fait sauter avec de la poudre la plupart de ces tombeaux. Dans le plus grand on a trouvé plusieurs squelettes humains pressés les uns contre les autres, et assis avec les bras croisés sur la poitrine. Tout autour on voyait de petites urnes cinéraires, des haches et des armes en pierre. Les autres tenfermaient que des urnes d'argile et des armes.

ne

On pense que les anciens enterraient les corps entiers de leurs héros les plus illustres, et qu'ils se bornaient à brûler leur cœur dont ils déposaient la cendre dans de petites urnes destinées à être placées dans le tombeau. On prétend aussi que les personnes d'une condition obscure étaient brûléos entièrement et que l'on recueillait leurs cendres.

Depuis long-temps il existe une grande divergence d'opinions parmi les savans sur l'origine du mot Huné. Suivant l'opinion la plus généralement reçue, ce mot est synonyme de gigantesque dans l'ancienne langue du Nord. Les débris d'êtres humains que l'on remarque dans les Hunengræber fournissent un argument assez plausible à l'appui de cette opinion. C. R.

119. ANTIQUITÉS DU SOMERSETSHIng.-De l'Uxelle de Ptolémée. (Gentleman's Magaz.; avril 1826, p. 313).

Le présent article a pour objet de démontrer contrairement à l'opinion de certains antiquaires et topographes, que la ville

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