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règle; dans leurs vers de dix pieds, la finale muette qui formerait le onzième ne compte pas : je citerai à cet égard la sixtine d'Arnaud Daniel, LO FERM VOLER, dont les vers sont tous terminés par une rime féminine, et je choisirai, dans cette sixtine, deux vers dont la traduction, exactement interlinéaire, produira notre vers français de dix pieds avec la rime féminine :

Qu'aitan vezis cum es lo dets de l'ongla,

Qu'autant voisin comme est le doigt de l'ongle.
Arnaut tramet son cantar d'ongla et d'oncle.
Arnaud transmet son chanter d'ongle et d'oncle.

Aussi, dans le second vers de la réponse d'Arnaud Daniel, l'e final de COBRIRE ne compte pas pour un pied. RAYNOUARD.

109. BLUMENLESE AUS DER CLASSISCHEN SPANISCHEN Literatur DES MITTELALTERS. Recueil extrait de la littérature espagnole du moyen âge, et notamment des ouvrages en prose espagnols les plus rares; par A. LANGERHANS. I vol., 200 p. in-8°. Vienne, 1829; Tendler. (Jena. allg. Literats Zeitung, mai 1830, p. 289.)

Le titre de cet ouvrage fait naître des espérances que cependant l'auteur est loin de justifier. Les extraits qu'il donne sont presque tous empruntés à de très-anciens ouvrages espagnols; ils ne sont pas à la vérité dépourvus d'intérêt, mais leur rareté même prouve que c'est à tort que l'auteur leur applique la qualification d'ouvrages classiques.

Le recueil commence par le discours très-connu de don Manuel Quintana sur l'ancienne poésie; discours qui se trouve dans le 14 tome de la collection de don Ramon. L'auteur se sert de ce discours comme d'une introduction à son recueil quoiqu'il ne cadre aucunement avec son contenu. L'auteur donne des extraits de la prose castillane, et Quintana parle des travaux poétiques de la vieille Espagne. A ce discours succède l'histoire de Geofroi de Rudel le provençal, par M. Langerhans. Cette histoire dénote un esprit très-versé dans la littérature espagnole, elle est aussi parfaitement écrite; mais le talent du style est bien plus remarquable dans l'analyse critique de la Celestina tragicomedia de Caliste e Melibea. L'auteur de cet ouvrage qui, de son temps, a joui d'une si grande célébrité, a G. TOME XVI, OCTOBRE 1830.

II

fait tous les efforts imaginables pour cacher son nom, sans cependant pouvoir se résoudre à un silence complet. En effet, sous prétexte de continuer un ancien poème intitulé Juan de Menas ou Rodrigo Cotas, il a mis son nom, sous forme d'acrostiche, dans les onze octaves qui figurent au commencement du drame. Les initiales des vers donnent: el bachiller Fernando de Rojas acabo la comedia de Calisto y Melibea e fue nacido en la puebla de Montalvan. Cette crainte de se reconnaître l'auteur d'un ouvrage de pur amusement est commune à tous les poètes espagnols du moyen âge. M. Langerhans prouve par des argumens victorieux que Rojas est l'auteur du poème entier, et qu'il à été composé entre les années 1481 et 1492. L'analyse de la Celestina, accompagnée de longs fragmens de ce poème, occupe presque la moitié du recueil. Ou voit par cette analyse qu'aucun des historiens de la littérature espagnole, pas même le savant Bouterwek, n'a lu lui-même la Celestina. D'après Bouterwek, Calisto et Melibea sont d'accord dès le principe, mais il n'en est pas ainsi, Celestina leur procure par des moyens magiques l'occasion de se voir; leurs parens découvrent cette intelligence; suivent des attentats affreux. Calisto mcurt assassiné, etc. Sismondi a suivi Bouterwek, il a par conséquent reproduit les erreurs de son devancier. A M. Langerhans appartient le mérite d'avoir le premier découvert ces erreurs, et indiqué l'époque et l'auteur de ce poème remarquable.

A ce traité succèdent des extraits de la chronique du grand maître don Alvaro Luna, écrite par un de ses serviteurs, entre les années 1453 à 1460: ce sont des mémoires comme l'Espagne en possède un grand nombre sans le savoir; ils sont intéressans parce qu'ils présentent un tableau fidèle de l'état des mœurs au moyen âge, et d'une haute importance pour l'histoire de l'époque, sans compter qu'ils sont très-amusans.

Le fragment suivant est emprunté à la chronique de don Pedro el Cruel et contient le récit de la capture et de la délivrance de Bertrand Duguesclin, que l'espagnol Mosen nomme Beltran de Claguin, Cette chronique est moins inconnue que celle d'où est tirée le fragment qui vient après, fragment que l'on peut considérer comme appartenant à l'un des ouvrages les plus remarquables et en même temps les plus rares de l'ancienne littérature castilfane; c'est le Conde Lucanor, par l'infant don Juan

Manuel, his de don Manuel et petit-fils du roi Ferdinand III; le Conde Lucauor a été imprimé deux fois, l'édition de Gonzalo de Argote et Molina (Séville 1575) a entièrement disparu, et une autre de 1642 est extrêmement rare. Cet ouvrage, presqu'oublié en Espagne, a trouvé des copistes en France et en Angleterre. L'histoire de don Juan, du Magicien, et du Diacre de Sau - lago, que M, Langerhans a insérée dans son recueil, a été imprimée dans deux ouvrages français et dans quatre ouvrages anglais. L'ouvrage en lui-même est remarquable sous tous les rapports, d'abord comme recueil d'anecdotes amusantes et pleines d'aperçus moraux, ensuite par son antiquité et par son auteur qui est certainement un des hommes les plus distingués de l'Espagne du moyen age, soit comme militaire, soit comme savant,

M. Langerhans a donné deux fragmens du Conde Lucanor, don Rodrigo el franco et l'histoire du Diacre de San-Jago, Ces fragmens plairont au lecteur, taut par la pureté du style que par les vues morales de leur auteur. Ils terminent l'ouvrage, M. Langerhans a mis à côté du texte une traduction qui n'est pas très-satisfaisante; elle est souvent libre et ne rend pas toujours parfaitement l'original.

C. R.

ARCHEOLOGIE, NUMISMATIQUE.

110. MUSEUM WORSLEYANUM. EINE SAMMLUNG VON ANTIKEN BAS-RELIEFS, etc. — Musée de Worsley. Collection de Basreliefs, Bustes, Statues, Pierres gravées, avec des vues du Levant. Publié par H. W. EBERHARD, architecte, et H. SCHEFFEB, secrétaire de la Bibliothèque grand-ducale de la Hesse. 12 livraisons in-4", chacune de 9 à 10 pl. gravées au trait, plus un volume de texte. Prix de chaque livraison, a florins a4 kr, ou a fr. 70 e. Darmstadt; Leske.

Le Musée de Worsley est, comme on le sait, le produit d'un voyage littéraire que Richard Worsley fit dans les années 1785 4 1787 en Grèce, dans l'Asie-Mineure, en Égypte, à Constantinopic et dans la Petite Tartarie. A son retour, it fit faire par les

meilleurs artistes de Rome un grand nombre de dessins des monumens antiques qu'il avait recueillis dans ses voyages; il accompagna les gravures de notes, et il eut dans cette entreprise le célèbre Visconti pour collaborateur. Les frais de l'ouvrage, dont on ne tira que 50 exemplaires, se montaient à 27,000 liv.st.

C'est cet ouvrage fort rare que MM. Eberhard et Schaffer ont eu l'heureuse idée de mettre à la portée d'un plus grand nombre d'amateurs en en faisant une édition allemande qui est due au zèle éclairé de M. Leske de Darmstadt.

Les 150 gravures de ce Musée sont divisées en 6 classes. La ire contient 26 dessins de bas-reliefs antiques, dont quelquesuns, qui ont été recueillis à Athènes et dans d'autres parties de la Grèce, offrent des inscriptions grecques. La 2 classe se compose de 10 bustes et Hermès, parmi lesquels on remarque les têtes de Sophocle et d'Alcibiade; on les trouva sous d'anciens débris qui formaient probablement une partie du Prytanée. La 3 classe comprend 12 statues dans le style égyptien ou grec; le groupe de Bacchus et de son génie favori Acratus se distingue parmi ces statues par sa beauté remarquable. La 4* classe embrasse 29 planches de pierres antiques qui ont été ramassées à Athènes, en Égypte, à Constantinople et à Rome; plusieurs de ces pierres ont fixé l'attention des archéologues au plus haut degré. La 5o classe est composée de 43 planches représentant les sculptures des métopes et des frises du Parthénon. La 6e classe offre une collection de vues de ruines d'anciens monumens du Levant et de la Petite-Tartarie. Les dessins faits sur les lieux mêmes sont d'un artiste célèbre, Revely.

Six livraisons seulement ont été publiées jusqu'à ce jour, et le texte n'a point encore paru. La gravure au trait est faite avec esprit et représente fidèlement l'édition originale. Les deux Ires livraisons contiennent la 1re classe de dessins, les basreliefs, il y en a même 27.

La 3 livraison offre deux inscriptions grecques sous les numéros 28 et 29, puis les 10 bustes ou Hermès composant la 2o classe, et enfin 2 des statues de la 3e classe. Les bustes sont ceux de Sophocle, Alcibiade, Anacréon, Phérécydes, Hercule, Regulus, Achille, Sapho, Jupiter et un autre Hercule. Les deux bustes les plus remarquables, de Sophocle et d'Alcibiade, n'ont

point été cités par Visconti dans son Iconographie grecque, ce qui doit étonner puisqu'il ne doivent pas lui avoir été inconnus. Le groupe de Bacchus et d'Acratus est d'une grande beauté; la 2o statue représente le Nil.

e

Les autres statues composent la 4o livraison, elles représentent une Vénus, Asclepiade, un Génie, Hercule, quelques statues égyptiennes, un Cupidon. La dernière planche de cette livraison offre le dessin d'un antique fauteuil en marbre..

Les 5 et 6 livraisons sont, à l'exception de deux planches de vues et d'un piédestal, consacrées à la 4° classe, les pierres antiques, parmi lesquelles on en distingue de très-remarquables par leur taille, les sujets qu'elles représentent et leur travail. Les deux vues représentent l'Acropolis en 1785, et un temple dorique à Corinthe.

Nous devons, en terminant, remercier les auteurs et l'éditeur de cet ouvrage pour le service qu'ils ont rendu en le mettant à portée du public, et les engager à achever promptement cette belle publication (1).

Z.

111. BREVE NOTIZIA DEGLI OGGETTI D'ANTICHITA EGIZIANE, etc. -Courte notice sur les antiquités égyptiennes, apportées en Europe par la Commission scientifique de Toscane, qui a visité l'Égypte et la Nubie pendant les années 1828 et 1829, et exposées dans l'Académie des arts et métiers à SainteCatherine de Florence. In-8°, 94 p. Florence, 1830. ( Bibliotheca Ital., février 1830, p. 215.)

Ce livre est destiné à servir de guide aux personnes qui vont voir les antiquités égyptiennes qui se suivent jusqu'au no 108, et une quantité de dessins formant la neuvième partie de la collection entière. Mais comme plusieurs numéros contiennent la désignation d'une foule d'objets, leur nombre total, en y joignant les dessins, s'élève à plusieurs milliers; ils ne sont point classés parce que le placement n'en a pu être fait que d'après les localités, ainsi que l'annonce M. H. Rosellini qui a procédé à ce travail avec ses compagnons de voyage et le professeur Migliarini. Chaque objet est accompagné d'une explication succincte.

(1) Il est bien entendu, quant aux dénominations des bustes, statues, etc., qu'on ne fait que rapporter ici celles de l'auteur, sans les ga

(N. du R.)`

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