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80. ORDRE DE MARIE-STUART en faveur de Jehan Beton. Com

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muniqué d'après l'original, par M. MOET.

Anjourd'huy, XII* de décembre mil cinq cens quatre-vingts et trois, la royne d'Écosse, douairière de France, estant au manoir de Sheffeild, en Angleterre, en considération de l'espécialle recommandation qui luy a esté faicte par Messire Jacques de Beton, archevesque de Glasgo, ambassadeur en France pour sa Majesté, et superintendant de ses affaires, de la personne, bonnes relligion, vye, mœurs, sçavoir et doctrine de Jehan Beton, nepveu dudit sieur archevesque, à icelluy Jehan Beton a accordé et octroyé la première prébende qui viendra cy après à vacquer en l'Église collégialle de Sainct-Quentin estant en sa disposition, à cause de son douaire : mande et ordonne sa de Majesté, à ceulx de son Conseil establi à Paris, que la dite vaccation advenante, ils expédient ou facent expédier aud. Jehan Beton, toutes lettres de collation et autres sur ce nécessaires, en vertu du présent brevet, qu'en tesmoing de ce, elle a signé de sa main et faict contresigner par moy, secrétaire de ses commandemens et finances. Signé MARIE R. (Le contreseing manque parce que le parchemin est rogné dans le bas). Observations. Cet acte nous fait connaître avec certitude que l'infortunée Marie-Stuart, prisonnière d'Élisabeth depuis 15 ans, avait un ambassadeur près de la cour de France, et un Conseil à Paris qui dirigeait ses affaires. Nous voyons aussi ( ce que les historiens ont négligé de nous apprendre ) que la ville de St-Quentin lui avait été assignée pour son douaire comme veuve de François II.

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On sait que la reine d'Écosse fut détenue au château de Shefield jusqu'au 20 sept. 1586. Le 25 sept., elle fut déposée à Fotheringay de Northampton. On lui retira tous les honneurs de la royauté dont jusqu'alors on lui avait laissé l'ombre, et enfin, le 18 février 1587, elle y fut décapitée.

M.

81, PRÉCIS HISTORIQUE, GÉNÉALOGIQUE ET LITTÉRAIRE DE LA MAISON D'ORLÉANS, avec notes, tables et tableau; par un membre de l'Université. Un vol. in-8°, de xxII et 172 pag., orné d'un très-beau portrait de Louis-Philippe I, roi des Français. Paris, 1830; Crapelet.

Cet ouvrage, auquel les circonstances actuelles donnent un

grand intérêt, est précédé d'une introduction où l'auteur fait d'abord connaître les motifs qui lui ont fait prendre la plume, l'objet de son ouvrage et le plan qu'il a suivi. Le recueil qu'il public est une réunion de plusieurs notices qui existaient depuis long-temps en porte-feuille, et qui offrent des recherches fort curieuses sur les six derniers princes de la maison d'Orléans. Chaque notice se compose de recherches généalogiques, d'un précis historique de la vie et des actions de chaque prince, enfin d'une notice bibliographique des divers ouvrages qui ont été publiés sur chacun d'eux.

Les recherches de l'auteur n'ayant eu d'abord pour objet que la branche héréditaire des Bourbons-Orléans, depuis Philippe Ier, né en 1640, jusqu'à Louis-Philippe, roi des Français en 1830, il a pensé que son travail scrait incomplet s'il omettait de parler de l'antique branche des Bourbons, d'où sont sortis ces princes. Tout le monde sait que cette branche remonte, en ligne directe, à Robert, sixième fils de Saint-Louis, par son mariage avec Béatrix de Bourgogne, dame de Bourbon, qui eut lieu en 1272. Pour faire connaître la série de tous les princes de Bourbon, l'auteur en a joint à cette introduction, un tableau plus exact et plus complet que ceux que l'on a publiés jusqu'à ce jour. Il y donne le nom des princes et leurs titres, ceux de leurs épouses, la date de la mort, et le nombre d'enfans qu'ils ont eus. On voit dans la partie inférieure du tableau, en parallèle avec la branche d'Orléans, la généalogie de la reine actuelle, MARIE-AMÉLIE, princesse qui est aussi de la maison de Bourbon par Philippe V, roi d'Espagne, son bisaycul, petitfils de Louis XIV.

Enfin, pour compléter ce qui regarde, à différentes époques, le duché d'Orléans qui a toujours été, depuis Philippe de Valois, l'apanage des premiers princes du sang, l'auteur donne encore la série des dues d'Orléans, connue sous le nom de Valois-Orléans et Valois-Angoulême avant l'avènement de Henri IV au trône. Cette liste commence à Philippe de France, comte de Valois, né en 1336, quatrième fils de Philippe de Valois, roi de France. Le neuvième et dernier duc d'Orléans de cette série, est Henri III avec lequel s'éteignit la branche des Valois en 1589.

Il résulte de ces deux tableaux qu'il y a eu en France dix-huit

ducs d'Orléans, savoir neuf dans la branche des Valois, et ncuf dans celle des Bourbons, y compris le jeune duc de Chartres, à qui vient d'être conféré le titre de duc d'Orléans. De ces dixhuit princes, cinq sont parvenus au trône de France, savoir: Louis XII, en 1498: Henri II, en 1547 : Charles IX, en 1560: Henri III, en 1574; et enfin Louis-Philippe Ier, en 1830.

Ces détails historiques, par lesquels se termine l'introduction, conduisent l'auteur jusqu'à l'époque où commence son précis ou plutôt les notices historiques auxquelles il a donné ce titre.

La première est consacrée à MONSIEUR, Second fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, né à St.-Germain-en-Laye, le 21 septembre 1640.

La carrière de ce prince, et encore plus son caractère, offrent des disparates singuliers : à la cour, des goûts effeminés; à l'armée, un courage à toute épreuve. Aussi Charlotte de Bavière, sa seconde femme, raconte dans sa Correspondance, qu'à l'armée, les soldats disaient de lui : « il craint plus que le soleil ne hâle son teint, qu'il ne craint la poudre et les coups de mousquets. >> L'auteur s'étonne de ce que ce prince, dont l'adclescence se passa dans des plaisirs frivoles, se soit toujours distingué à l'armée. Cet étonnement doit cesser lorsque l'on considère que ce prince accompagna Louis XIV, son frère, dans toutes ses campagnes, et que, dans les occasions glorieuses où il eut le commandement en chef, il avait sous ses ordres des généraux tels que Luxembourg et autres. Ces réflexions, qui ne laissent aucun doute sur la bravoure de ce prince et son courage comme soldat, peuvent en faire naître sur ses talens comme homme de guerre.

Ce prince aimait les lettres et possédait assez bien la langue latine; on lui doit une traduction de l'abrégé de Florus publiće par son précepteur Lamothe le Vayer, en 1656, et réimprimée en 1670. Cette traduction n'est plus recherchée.

La notice suivante est celle de Philippe II, né le 2 août 1674, et connu sous le titre de Régent. L'auteur donne d'abord la liste chronologique de tous les membres qui ont composé la nombreuse famille de ce prince, et réunit sur chacun d'eux des anecdotes connues et recueillies dans les mémoires du temps. Vient ensuite la vie du prince, très-courte et ne donnant qu'un exposé très-succinct des faits principaux. L'auteur a donné

plus d'étendue à la notice bibliographique qui contient des recherches curieuses sur tous les ouvrages satiriques dirigés contre la personne du Régent. Parmi beaucoup d'ouvrages fort connus, mais sur les éditions desquels l'auteur se livre à des détails peu susceptibles d'analyse, on remarque les suivans qui ne sont guère connus que des bibliographes :

1 Histoire du prince Papyrius, surnommé Pille-Argent, gouverneur des Francs-Sots, avec la clef, suivie de plusieurs épigrammes (sans date, mais vers 1721, in-12).

Cet écrit satirique, au sujet des billets de banque et du système de Law, est annoncé dans la bibliothèque historique de France (Tom. II, no 24,565), il est dans le style de Rabelais et est fort plaisant quoiqu'il ne renferme que les titres de XVII chapitres qui forment toute l'histoire.

2o La grande chronique de Sotermelec, écrite dans le même style que l'histoire précédente. Elle se trouve dans le recueil des pièces touchant la Régence.

3o Enfin, la chronique de Dom Philippe d'Aurélie, et des prouesses des Bonnets-Ronds en icelui temps. Cette facétie, dirigée principalement contre les parlemens, est composée de 17 chapitres et est écrite dans le même style que les précédentes. Nous renvoyons au livre même les lecteurs curieux de lire ces pièces dont l'auteur donne quelques-unes en entier.

La troisième notice est relative à Louis d'Orléans, né à Versailles le 4 août 1703, fils du Régent, mais dont la vie fut bien différente de celle de son père. Ce prince, retiré du monde à l'âge de 23 ans, se livra tout entier à l'exercice des pratiques religieuses, aux oeuvres de charité et à l'étude des sciences. On doit à ce prince, dont les travaux étaient dirigés sur l'Écriture sainte, une traduction des psaumes, faite sur l'hébreu, une autre des épîtres de St.-Paul, d'après le texte grec, une réfu tation des hexaples, ainsi que plusieurs autres traités et dissertations. On doit regretter que ces ouvrages soient restés manuscrits (1). L'auteur cite au sujet de l'oraison funèbre de ce prince un fait assez remarquable, c'est que ce discours fut fait par J.-J. Rousseau (2) pour un abbé d'Arty', homme obscur et

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(1) Ils existent, en plus de 20 cartons, à la Bibliothèque royale. (N du R.) (2) On le trouve dans ses œuvres, Tom. V, p. 542, éd. de Paris; Belin, 1817, in-8°. Rousseau parle de ce morceau dans sa lettre du 12 décembre ,561, à son ami Moulton,

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inconnu, mais qui cependant, chargé en 1749 du panégyrique de St.-Louis, pria Voltaire de lui faire ce discours qu'il pro-nonça avec beaucoup d'assurance devant l'Académie française. On voit que si cet abbé manquait de talens littéraires, il avait du moins celui de bien choisir ses faiseurs.

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La quatrième notice est relative à Louis-Philippe, né le 12 mai 1724, fils du précédent. La vie de ce prince offre peu de particularités intéressantes pour l'histoire, qui ne prend note que des caractères brillans et élevés, sans s'attacher aux qualités de la vie privée. On a caractérisé d'un seul mot la vie de ce prince, lorsqu'on a dit « qu'elle offrait plus à louer qu'à blâmer. »

Au sujet de la cinquième notice consacrée à Louis-Philippe Joseph, né le 13 avril 1747, l'auteur s'exprime en ces termes : « Nous ne nous dissimulons point tout ce que notre tâche a de pénible dans la rédaction de cette notice. Mais, ami de la vérité, nous parlerons avec franchise des qualités de Philippe, car il en avait; mais en même temps nous ne nous dissimulons rien de ses faiblesses et de ses torts. Au reste, nous ne serons que l'écho de l'histoire; déjà elle l'a jugé. » L'auteur nous paraît avoir rempli l'obligation qu'il s'est imposée, dans la manière dont il a présenté des faits trop connus pour que nous ayons besoin de les rapporter après lui.

La sixième et dernière notice est consacrée à Louis-Philippe, né le 6 octobre 1773, fils du précédent, actuellement ROI DES FRANÇAIS Sous le nom de Louis PHILIPPE 1oг. Il est à regretter que l'auteur en donnant cette vie si riche de faits n'ait présenté qu'un récit trop sec et trop rapide, et tel qu'il conviendrait à un article de biographie. Les brillantes qualités, les malheurs du prince et l'importance des événemens politiques par suite desquels il est parvenu au trône, événemens dont l'auteur ne donne qu'un aperçu, demandaient beaucoup plus de développemens et pourraient être la matière d'une histoire spéciale. Les recherches de l'auteur du Précis Historique et le talent avec lequel il les a mises en œuvre, nous donnent lieu de croire qu'il serait en état plus que tout autre de traiter avec succès cet ouvrage important. A. P.

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