Œuvres de M. J. Chénier ...: précédés d'une notice sur Chénier, Volume 1

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Guillaume, 1824
 

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Page viii - En admirant les traits de génie qui éclatent dans les monstrueuses productions de Shakspeare , Chénier ne concevait pas qu'on pût mettre sérieusement en parallèle avec le théâtre classique des Grecs et des Français, un prétendu genre romantique, ignoble symptôme de la décrépitude de l'art théâtral , quand il n'en est plus le premier essai. Il lui semblait impossible que l'esprit humain rétrogradât, en effet, de Racine à Schiller, à moins qu'on ne s'avisât aussi de renoncer à...
Page 297 - Ses exploits laisseront un souvenir durable; Je crois que son malheur n'est point irréparable. Cet amour filial qui vous attache à lui Tous les deux vous honore, et lui donne un appui. Mais faut-il à ces soins borner vos destinées? Qu'à l'aspect des vertus qu'ils ont abandonnées, Apprenant à rougir, les Romains sous vos yeux Rentrent dans les sentiers que frayaient leurs aïeux. Le sénat, les faisceaux, les honneurs militaires, Attendent l'héritier de tant de consulaires.
Page 254 - Les délateurs, vendant leurs voix et leurs écrits, Viennent dans son palais marchander les proscrits ; Lui seul des tribunaux fait pencher la balance ; Le sénat le contemple, et décrète en silence ; Les regards sont muets, les lois n'osent parler ; Tibère à ses genoux voit l'univers trembler, Et, subissant lui-même un tyrannique empire, Éprouve, en l'ordonnant, la frayeur qu'il inspire.
Page 257 - La lumière trois fois avait dissipé l'ombre, Lorsqu'aux premiers rayons d'un jour livide et sombre Le vaisseau , traversant les flots silencieux , De ses voiles en deuil vient affliger nos yeux. On voit avec ses fils Agrippine descendre : L'urne où Germanicus n'est plus qu'un peu de cendre Paraît; le peuple accourt sur la rive des mers; Les chemins, les maisons, les toits en sont couverts.
Page 316 - Quel prestige maintient cet empire suprême, Pesant pour les sujets, pour le tyran lui-même? Un seul , maître de tous , ordonnant de leur sort , Et promettant la vie, ou prescrivant la mort! Un seul ! et les Romains tremblent devant un homme! Les Romains! Où sont-ils?
Page 316 - Esclave* accablés du nom de leurs aïeux, Ils cherchent tous les jours leurs avis dans mes yeux, Réservent aux proscrits leur vénale insolence, Flattent par leurs discours , flattent par leur silence, Et, craignant de penser, de parler et d'agir, Me font rougir pour eux , sans même oser rougir.
Page 478 - Votre voix cette nuit déja s'est fait entendre. NATHAN. La tienne me ranime : elle est sensible et tendre. ZOÉ. Quels fleuves , quels déserts n'avez-vous pas franchis ! Et les monts jusqu'à vous n'ont pas porté mes cris, Les cris de votre fille aux feux abandonnée , Et loin de vos secours à mourir condamnée? Un ange protecteur, aussi jeune que beau, Et qui, dit-on, sur moi veilla dès mon berceau, Vit des sommets du ciel votre fille...
Page 136 - Il eût été moins grand, s'il m'avait moins aimée. CARLOS. Cet espoir me suffit : entraîné , convaincu , Je cède à votre voix , et vous m'avez vaincu. Quel langage imposant! quel ascendant suprême! Ah! lorsque vous parlez j'entends la vertu même; Au-dessus des héros je me sens élevé. Et voilà donc le cœur qui m'était réservé ! Tandis que sur les bords de l'heureuse Angleterre Une autre Elisabeth , en éclairant la terre , Du fanatisme impur dédaigne les clameurs , Elisabeth , la...
Page 96 - Vient contre moi vous demander justice. De Horn et de Nassau c'est l'ami , le complice. Vous savez s'il mérite un favorable accueil , Et comment vous devez répondre à son orgueil. C'est dans la fermeté qu'est ici la prudence. Des principes nouveaux craignez l'indépendance Pour les nombreux États entre vos mains transmis. On doit quelque indulgence à des sujets soumis; Mais un peuple indompté veut un maître sévère. Vous seul , entre les rois que l'Europe révère , Du nom de catholique...
Page 334 - Ecoutez, retenez, rappelez- vous sans cesse Les ordres, les sermens, les vœux de votre roi. LE CHŒUR. Pour tout le peuple, Œdipe, ils seront une loi. ŒDIPE. Citoyen comme vous, et, dans le rang suprême, Aux décrets du pouvoir obéissant moi-même , Je jure de venger l'héritier de Cadmus; Je jure de punir l'assassin de Laïus. Oui, puisque notre loi n'admet pas les supplices, Que banni des cités, exclu des sacrifices, Privé de l'eau lustrale et de l'aspect des Dieux, Misérable partout, et...

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