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RÉPONSES.

L'esclavage qui seroit introduit, à l'occasion du droit des gens d'une nation qui passeroit tout au fil de l'épée, seroit peut-être moins cruel que la mort; mais il ne seroit point conforme à la pitié. De deux choses contraires à l'humanité, il peut y en avoir une qui soit plus contraire que l'autre : j'ai prouvé ailleurs que le droit des gens tiré de la nature ne permet de tuer qu'en cas de nécessité. Or, dès qu'on fait un homme esclave, il n'y a pas eu de nécessité de le tuer.

C'est une mauvaise vente que celle du débiteur insolvable qui se vend. Il donne une chose inestimable pour une chose de néant. Je n'ai point cherché, au chapitre vi du livre XV, l'origine de l'esclavage qui a été, mais l'origine de l'esclavage qui peut ou doit être.

Il vaut mieux des gens payés à la journée que des esclaves : quoi qu'on dise des pyramides et des ouvrages immenses que ceux-ci ont élevés, nous en avons fait d'aussi grands sans esclaves.

Pour bien juger de l'esclavage, il ne faut pas examiner si les esclaves seroient utiles à la petite partie riche et voluptueuse de chaque nation; sans doute qu'ils lui seroient utiles: mais il faut prendre un autre point de vue, et supposer que dans chaque nation, dans chaque ville, dans chaque village, on tirât au sort pour que la dixième partie qui auroit les billets blancs fût libre, et que les neuf dixièmes qui auroient les billets noirs fussent soumis à l'esclavage de l'autre, et lui donnassent un droit de vie et de mort, et la propriété de tous leurs biens. Ceux qui parlent le plus en faveur de l'esclavage seroient ceux qui l'auroient le plus en horreur, et les plus misérables l'auroient en horreur. encore. Le cri pour l'esclavage est donc le cri des richesses et de la volupté, et non pas celui du bien général des hommes ou celui des sociétés particulières.

Qui peut douter que chaque homme ne soit bien content d'être le maître d'un autre? Cela est ainsi dans l'état politique, par des raisons de nécessité : cela est intolérable dans l'état civil.

J'ai fait sentir que nous sommes libres dans l'état politique, par la raison que nous ne sommes point égaux : ce qui rend certains articles du livre en question obscurs et ambigus, c'est qu'ils sont souvent éloignés d'autres qui les expliquent, et que les chaînons de la chaîne que vous avez remarquée sont très-souvent éloignés les uns des autres.

Quant à la contradiction du livre XIX, chapitre 1x, avec le livre XIX, chapitre xxvII, elle ne vient que de ce que les êtres moraux ont des effets différens, selon qu'ils sont unis à d'autres. L'orgueil, joint à une vaste ambition, et à la grandeur des idées,

produisit de certains effets chez les Romains; l'orgueil, joint à une grande oisiveté avec la foiblesse de l'esprit, avec l'amour des commodités de la vie, en produit d'autres chez d'autres nations. Celui qui a formé les doutes a beaucoup plus de lumières qu'il n'en faut pour bien sentir ces différences, et faire les réflexions que je n'ai pas le temps de faire ici.

Il n'y a qu'à considérer les divers genres de supériorité que les hommes, suivant diverses circonstances, sont portés à se donner les uns sur les autres.

Sur le doute du chapitre XXII, livre XIX, il est très-honorable à un magistrat qui le forme; mais il est toujours vrai qu'il y a des intérêts plus prochains et plus éloignés.

Sur le doute du livre XXIV, chapitre II, cela dépend de la nature des espèces particulières des animaux.

A l'égard des moulins, ils sont très-utiles, surtout dans l'état présent. On ne peut entrer dans le détail; ce qu'on en a dit dépend de ce principe qui est presque toujours vrai : plus il y a de bras employés aux arts, plus il y en a d'employés nécessairement à l'agriculture. Je parle de l'état présent de la plupart des nations; toutes ces choses demandent beaucoup de distinctions, limitations,

etc.

Quant à la loi qui oblige les filles de révéler, la défense de la pudeur naturelle dans une fille est aussi conforme à la nature que la défense de sa vie; et l'éducation a augmenté l'idée de la défense de sa pudeur, et a diminué l'idée de la crainte de perdre la vie.

Sur les doutes du livre XIV, chapitre XIV, et du livre XIII, chapitre XXII, l'un et l'autre sont des faits dont on ne peut douter; s'ils paraissent contraires, c'est qu'ils tiennent à des causes particulières.

Livre XXX, chapitres V, VI, VII et VIII. Cela peut être, et que le patrimoine public ait suffi pour former les fiefs. L'histoire ne prouve autre chose, si ce n'est qu'il y a eu un partage; et les monuments prouvent que le partage ne fut pas du total.

Voilà, monsieur, les éclaircissements que vous m'avez paru souhaiter; et comme votre lettre fait voir une personne très au fait de ces matières, et qui joint au savoir beaucoup d'intelligence, j'ai écrit tout ceci très-rapidement. Du reste l'édition la plus exacte est la dernière édition imprimée en 3 vol. in-12, à Paris, chez Huart, libraire, rue Saint-Jacques, près la fontaine Saint-Séverin. J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec des sentiments remplis d'estime, votre très-humble et très-obéissant serviteur, DE MONTESQUIEU.

FIN DU PREMIER VOLUME.

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И.

CHAPITRES.

Des lois, dans le rapport qu'elles ont avec les divers êtres.
Des lois de la nature.

III.

De la nature des trois divers gouvernemens.

........

LIVRE II.

4
3

4

6

7

DES LOIS QUI DÉRIVENT DIRECTEMENT DE LA NATURE DU GOUVERNEMENT.

I.

De la nature des trois divers gouvernemens.

9

II.

Du gouvernement républicain, et des lois relatives à la dé-

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Des lois, dans leur rapport avec la nature du gouvernement
monarchique....

46

V.

Des lois relatives à la nature de l'état despotique...

47

LIVRE III.

DES PRINCIPES DES TROIS GOUVERNEMENS.

II.

Différence de la nature du gouvernement et de son principe.
Du principe des divers gouvernemens..

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III.

Du principe de la démocratie.

19

IV.

Du principe de l'aristocratie.

21

V.

Que la vertu n'est point le principe du gouvernement mo-
narchique.

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VI.

Comment on supplée à la vertu dans le gouvernement mo-
narchique.

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Que l'honneur n'est point le principe des États despotiques. 24
Du principe du gouvernement despotique....

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Différence de l'obéissance dans les gouvernemens modérés
et dans les gouvernemens despotiques....

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LES LOIS DE L'ÉDUCATION DOIVENT ÊTRE RELATIVES AU PRINCIPE

CHAPITRES.

DU GOUVERNEMENT.

Des lois de l'éducation:..

De l'éducation dans le gouvernement despotique.
Différence des effets de l'éducation chez les anciens et parmi

I.

II.

De l'éducation dans les monarchies.

III.

IV.

V.

VI.
VII.
VIII.

nous.

De l'éducation dans le gouvernement républicain...
De quelques institutions des Grecs..

PAGES.

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En quel cas ces institutions singulières peuvent être bonnes.
Explication d'un paradoxe des anciens, par rapport aux

mœurs...

LES LOIS QUE LE LÉGISLATEUR DONNE DOIVENT ÊTRE RELATIVES

AU PRINCIPE DU GOUVERNEMENT.

Idée de ce livre...

36

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59

LIVRE VI.

CONSÉQUENCES DES PRINCIPES DES DIVERS GOUVERNEMENS, PAR RAPPORT A
LA SIMPLICITÉ DES LOIS CIVILES ET CRIMINELLES, LA FORME DES JUGE-
MENS ET L'ÉTABLISSEMENT DES PRINES.

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LIVRE VII.

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