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Laisse les flots grondants sur les flots se briser;
Dans ma grotte, la nuit, tu peux mieux reposer:
Là, le myrthe aux cyprès vient mêler sa verdure,
Le lierre y laisse errer sa noire chevelure,
La vigne sur ses bras voit mûrir le raisin;

Et l'Etna frémissant, de son sommet voisin,
Fait eu tout temps pour moi rouler sur ce rivage

De ses neiges d'argent le céleste breuvage,
A l'asile enchanté que je t'offre en ce jour,
Qui peut des flots bruyants préférer le sejour?

( Page 218, vers 14.)

Ecce Dionæi processit Cæsaris astrum.

Jules César faisait remonter son origine jusqu'à Iule, fils d'Énée qui était lui-même fils de Vénus; et Vénus était fille de Jupiter et de la nymphe Dioné.

VIRGILE,

Écl. 9, v. 54.

THEOCRITE, id. 14, v. 22.

(Page 221 vers 2.)

Lupi Morim vidêre priores.

Λύκον εἶδες, ἔπαιξέ τις, ὡς σοφὸς εἶπεν.

C'est peut-être le loup que la belle aura vu! C'était un proverbe usité chez les grecs : quand quelqu'un était enroué, ou avait une extinction de voix, ou ne voulait pas parler, on disait de lui qu'il avait vu le loup : ce qui en français signifierait toute autre chose : et c'était un jeu de mots difficile à traduire dans Théocrite, qui fait dire par un plaisant à la maîtresse d'un des convives qui ne disait mot, qu'elle a vu un jeune homme nommé le Loup. Il paraît que dans les superstitions populaires des Romains, on ne perdait la voix que quand c'était le loup qui vous avait premier.

aperçu

le

Hinc adeo media est nobis via ; namque sepulcrum
Incipit apparere Bianoris.

Κοὔπω τὰν μεσάταν ὁδὸν ἄνυμες, οὐδὲ τὸ σᾶμα (1)
ἡμῖν τῷ Βρασίλα κατεφαίνετο· καὶ τιν ὁδίταν,
Nous n'étions pas encore au tombeau de Brasile,
Monument qui s'éleve entre Halente et la ville.

VIRGILE,

Écl. 9, v. 59.

THEOCRITE,
Id. 7, v.10.

(1) Atque iter haud medium nobis erat : haudque sepulchrum Apparebat adhuc Brasilæ.

H-8

ECLOGA X.

GALLUS.

EXTREMUM hunc, Arethusa, mihi concede laborem :

Pauca meo Gallo, sed quæ legat ipsa Lycoris,

Carmina sunt dicenda : neget quis carmina Gallo?
Sic tibi, quum fluctus subterlabere Sicanos,

Doris amara suam non intermisceat undam!

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Incipe sollicitos Galli dicamus amores
Dum tenera attondent simæ virgulta capellæ.
Non canimus surdis; respondent omnia silvæ.

Quæ nemora, aut qui vos saltus habuere, puellæ
Naïdes, indigno quum Gallus amore periret?
Nam neque Parnassi vobis juga, nam neque Pindi
Ulla moram fecere, neque Aonie Aganippe.
Illum etiam lauri, etiam flevere myricæ;

Pinifer illum etiam solâ sub rupe jacentem

Mænalus et gelidi fleverunt saxa Lycæi.

Stant et oves circùm ; nostri nec pœnitet illas :

Nec te poeniteat pecoris, divine poëta;

Et formosus oves ad flumina pavit Adonis.

ÉCLOGUE X.

GALLUS.

DAIGNE encore, Arethuse, une fois m'inspirer :

C'est pour mon cher Gallus que je viens t'implorer!
Mais il me faut des vers sur un mode si tendre,
Que même Lycoris se plaise à les entendre;
Qui pourrait à Gallus refuser quelques vers!
Ainsi, puisse Doris, quand sous les flots amers
Vers le lit d'un époux tu diriges ta course,

Ne jamais altérer le cristal de ta source!

Tandis que mes chevreaux tondent l'arbuste en fleur,
Nous dirons de Gallus l'amoureuse douleur;

Nos chants sont écoutés, la forêt les répete.

Quels lieux, Nymphes, quels bois vous servaient de retraite
Quand brûlé d'un feu lent Gallus fuyait le jour?
Pourquoi désertiez-vous votre docte séjour,
Et le sommet du Pinde, et ces rives fécondes.
Où le Permesse épand ses poétiques ondes?
Tout le pleurait; le cedre, et l'arbuste, et la fleur:
Tandis qu'au fond d'un antre il cachait sa douleur,
Le Ménale attendri pleurait; et le Lycée
Laissait tomber des pleurs de sa cime glacée.

Son troupeau l'entourait ; (des maux de leur berger,
Gallus, on vit souvent les troupeaux s'affliger :)
Garde-toi d'en rougir; songe, divin poëte,

Que le bel Adonis a porté la houlette.

Les pasteurs des taureaux, ceux des troupeaux bêlants,
Ceux des troupeaux fangeux qui s'engraissent de glands,
Des hameaux d'alentour arrivent pleins d'allarmes,
Et tous lui demandaient le sujet de ses larmes.
Apollon vient : Quel trouble égare tes esprits?
Cet objet de tes pleurs, dit-il, ta Lycoris
Brave auprès d'un rival les frimas et la guerre.
Sylvain paraît, le front couronné de fougere,
Agitant dans ses mains le jonc retentissant.
Enfin de l'Arcadie accourt le dieu puissant;
Je l'ai vu : le carmin et l'hyeble sauvage
D'une teinte sanglante enflammaient son visage.
Il n'est donc pas, dit-il, de terme à tes douleurs !
Tu crois fléchir l'Amour! l'Amour aime les pleurs,
Comme l'herbe altérée aime une eau vive et pure,
L'abeille le cytise, et l'agneau la verdure.

Mais le triste Gallus : Bergers de ces hameaux,
Du moins à vos forêts vous conterez mes maux :
Vous seuls savez chanter, pasteurs de l'Arcadie!
Si dans vos bois, charmés de votre mélodie,
Mon nom résonne un jour sur vos doctes roseaux,
Ah! combien mollement reposeront mes os!

Que n'ai-je parmi vous vu s'écouler ma vie !
Gallus à vous servir eût borné son envie,

Le sort d'un vendangeur aurait comblé mes vœux;
J'eusse aimé soit Philis, soit Laure aux blonds cheveux;
Oui, Philis, quoique brune, eût été mon amante;
La violette est noire et n'est pas moins charmante:
On verrait près de moi, parmi les pampres verds,

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