Πάντ' ἐδόκει τήνας ἄγρας· πενία σφιν ἑταίρα. Οὐδεὶς δ ̓ ἐν μέσσῳ γείτων, παντᾷ δὲ παρ ̓ αὐτὴν Θλιβομέναν καλύβαν τρυφερὸν προσέναχε θάλασσα. Au fond d'une cabane, asile humble et sauvage, Il me semble que la peinture si naïve de la pauvreté de ces deux innocents pêcheurs doit être de quelque intérêt pour les ames sensibles; et j'avoue que je n'ai jamais lu ce morceau dans Théocrite, sans en être extrê mement ému. Mais de tels sujets, comme celui de Philémon et Baucis de La Fontaine, demandent à être traités par des maîtres: un bel-esprit les dédaigne, et l'homme de génie s'en empare. Le lecteur doit voir que je n'ai point cherché à exagérer le mérite de Théocrite, puisque jusqu'ici j'ai cité précisément les morceaux que Fontenelle a blâmés. Maintenant, pour faire voir la diversité des talents de ce grand poëte, je vais choisir trois morceaux de ses idylles *. Le premier sera tiré de l'idylle XVIIe où l'on trouve par-tout l'expression simple et pure de la pudeur. En voici le commencement. Ménélas venait enfin d'obtenir Hélene et de se renfermer avec elle, lorsque Douze vierges, les bras mollement enlacés, *Le mot sidov, idylle, ne signifie point pastorale, il veut dire piece détachée, petite piece. C'est le talent de Théocrite qui a fait transporter le nom d'idylles aux pastorales. Quoi! lorsqu'à peine luit l'étoile de Vénus, Si la main de ce dieu pesait sur ta paupiere, Sous les yeux Attendu parmi nous le retour de l'aurore. N'est-t-elle pas à toi, le soir et le matin, Chaque jour, chaque année ? Oh ! quel heureux destin, A la ville, où vingt rois se disputaient Hélene? Ne voit point de beauté qui marche son égale. Le second morceau sera pris de l'idylle XV, qui a le mérite de nous faire connaître quelques détails de la vie privée des anciens, et qui doit contribuer à augmenter nos regrets sur la perte des mimes de Sophron. C'est une véritable scene comique dont les principaux acteurs sont deux syracusaines qui se sont établies pendant quelque temps à Alexandrie, pour voir la solemnité des fêtes d'Adonis. IDYLLE XV. LES SYRACUSAINES. GORGO, PRAXINOE, EUNOE, etc. GORGO. TA maîtresse est chez-elle ? EUNOE. On vous attend. PRAXINOE. Enfin Je te vois ! quel bonheur ! Vîte, un siege, un coussin. EUNOE. J'y cours. PRAXINO E. Assieds-toi donc. GORGO. Oh! je suis excédée. C'est un monde, un fracas; tu n'en as pas d'idée. PRAXINOE. C'est mon très-digne époux, qui toujours crie et gronde, C'est lui qui m'est venu loger au bout du monde, Dans un antre plutôt que dans une maison; C'est pour nous séparer la voilà sa raison, GORGO. Tais-toi donc, Praxinoë, prends garde: Quoi, devant ton enfant! vois comme il te regarde! PRAXINOE. Zopyrion, mon cœur, mon fils que j'aime tant! GORGO. Il entend Par les Dieux ! (haut.) Il est beau, papa! PRAXINOE. L'aimable pere! Hier, c'est l'autre jour, mais n'importe, ma chere, GORGO. Moi, je t'en livre autant; Voilà mon cher époux, trait pour trait, c'est Bathylle. L'autre jour, il donna sept drachmes, l'imbécille! Pour quoi? pour cinq toisons, reste de vieux lambeaux, Toisons plutôt de chiens, je pense, que d'agneaux ! Débris vil et poudreux ! couture sur couture! Et de quelques vieux sacs antique couverture! Mais, prends ton voile ; allons, marchons vers le palais; Allons voir Adonis; on m'a dit qu'à grands frais La reine.... PRAXINOE. Oh! chez les grands, il n'est rien de vulgaire. Ce qu'on voit, quel plaisir de le conter, ma chere, A ceux qui n'ont rien vu! |