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L'auteur de cette compilation dit que les îles de Diomède sont dans l'Adriatique (1); et si l'on voulait contester la validité de ce témoignage, du moins quant à l'époque précise à laquelle je crois devoir le rapporter, je l'appuierais d'un passage où Théophraste a dit exactement la même chose, peu de temps après Aristote (2).

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Or, on sait que les îles de Diomède sont les îlots de Trémiti, placés au-dessus du coude que fait au N. la presqu'île du monte S -Angelo, à l'endroit où elle se joint au continent, et ces îles. sont à 28 lieues plus au S. que l'ancienne Adria. L'Adriatique atteignait donc au moins la

empereur, s'il n'était évident par le contexte même que le passage est altéré. M. Camus, en observant qu'il s'agit de l'olivier produit par la volonté de Minerve, et qui se voyait dans l'Acropolis, pense qu'au lieu de èv rộ Hávm Θείῳ, il faut ἐν πόλει ου ἐν ἀκροπόλει (p. 228) ; Ch. Paschal (de coronis) avait vu dans son MS. Пavonoɛíw; je proposerais de lire ἐν τῷ (Ερεχθείῳ ; correction qui conserve la finale sí, et est d'ailleurs appuyée par Hérodote (VIII, 53), qui place l'olivier sacré dans le temple d'Erechthée (èv To Epexoños va), que Pausanias appelle Epexerov (I, 27, 62). Il est probable qu'un ancien copiste n'ayant pu lire que la finale et dans son MS., a suppléé le commencement comme il l'a jugé à propos ; il a mis (Пav)0ɛíw, parce que le Pantheon lui était plus connu qu'autre chose.

(1) Mirab. Aušc., c. 80, p. 155, ed. Beckm. Cf. c. 82, p. 160. (2) Theophr. Hist. plantar. ; IV, c. 7, p. 402, ed. Amst. Cf. IV, 6, p. 368.

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hauteur du mont Garganus ou S.-Angelo, vers le commencement du troisième siècle. Je dis au moins, car c'est tout ce que les passages d'Aristote et de Théophraste m'autorisent à avancer positivement; mais il est fort possible que le nom d'Adriatique s'étendît davantage vers le Sud, et comme Théophraste dit ailleurs qu'Apollonie est sur le bord du golfe Ionien (1), on que la limite de l'Adriatique et du golfe Ionien, au troisième siècle avant J. C., devait se trouver entre les parallèles du mont Garganus et d'Apollonie. L'histoire ne fournit pas les moyens de suivre immédiatement et pas à pas l'extension du nom qui m'occupe, et je suis obligé de passer du commencement du troisième siècle au milieu du second.

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on voit

Polybe, dans son histoire, décrit la forme de l'Italie en ces termes : « L'Italie a la forme d'un triangle, dont le côté oriental est borné première»ment par la mer Ionienne (wópos Ióvios), et en» suite par le golfe Adriatique ; le côté méridional » et occidental par la mer Sicilienne et la mer Tyrrhénienne; ces côtés se réunissent au pro» montoire avancé, nommé cap Cocinthus, qui forme le sommet du triangle, et qui sépare la >>mer Sicilienne de la mer Ionienne; le côté sep>>tentrional est formé par la chaîne des Alpes qui,

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(1) Απολλωνία ἡ περὶ τὸν Ιόνιον, Theoph. lib. VIII, . 10, p. 960.

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» commençant aux environs de Marseille, va se terminer presqu'au fond du golfe Adriatique (1).» Je n'examinerai pas ici pourquoi la configuration de l'Italie, que suppose Polybe dans son histoire, est différente de celle qui résulte de la combinaison de toutes les mesures que M. Gosselin a rassemblées dans les fragmens conservés par Strabon, et qui permettent de juger du système que s'était fait cet historien: je renverrai, à ce sujet, aux explications qu'a données de cette contradiction le savant géographe que je viens de

nommer.

Je me contenterai d'observer que, d'après le passage cité, Poly be supposait que l'Italie s'avance dans la Méditerranée, droit au Sud, de manière qu'un des côtés est exposé juste à l'Orient, le second à l'Occident, et le troisième directement au Nord.

Le côté oriental commençait au cap Cocinthus, un peu au-dessus des Locriens Epizéphyriens. Il était borné, dit Polybe, d'abord par la mer Ionienne, et ensuite par l'Adriatique; on sent combien il serait difficile de savoir, d'après aussi vague indication, le point où l'une de ces deux dénominations faisait placé à l'autre, si des témoignages positifs, tirés du même Polybe, ne venaient lever tous les doutes. Heureusement il dit ailleurs que l'Aufidus se jette dans l'Adria

(1) Polyb. Hist., II, p. 102, B. D. Casaub.

tique (1) donc le mot Adriatique descendait au moins jusqu'aux côtes de la Pouille; mais s'arrêtait-il à cette hauteur? Non, car Polybe ajoute dans un autre endroit que l'île de Sason, située au-dessous d'Apollonie (2), et même Orice, ville de la côte placée un peu plus bas encore, étaient au point de jonction de la mer Ionienne et de l'Adriatique (3). Il s'ensuit qu'au temps de Polybe, les monts Cérauniens à l'E, et la côte de l'Iapygie à l'O., servaient de limite entre les deux mers.

Un auteur contemporain de Polybe s'accorde avec lui sur le point de contact de ces deux mers. Antoninus Liberalis, dans son livre des Métamorphoses, nous dit, d'après Nicandre, « que Iapyx, » Daunius et Peucetius, fils de Lycaon, ayant » rassemblé une troupe assez nombreuse, arri» vèrent sur les bords de l'Adriatique en Italie, » et qu'après avoir chassé les anciens habitans, » ils s'établirent dans le pays, et le divisèrent en » trois parties, dont chacune prit le nom d'un des » trois chefs. (4) »

Il est question dans ce passage de la partie de l'Italie située entre le cap Iapygium et le mont Garganus ainsi, dans la pensée du mythographe, la mer Adriatique descendait le long des

(1) Polyb., III, p. 260. D. (2) Polyb., V, p. 446. D. (3) Id. ap. Steph. Byz. voce 'pinós. (4) Anton. Liber., §. 31, p. 244, ed. Muncker.

côtes de l'Iapygie; et c'est à peu près ce que Polybe.

dit

Mais Antoninus Liberalis, qui vivait sous les Antonins, n'a fait qu'extraire plusieurs auteurs anciens, surtout Nicandre, dont l'ouvrage intitulé leporμeva, ou Métamorphoses (1), lui à fourni dix-neuf chapitres de sa compilation (2), et entr'autres celui où se trouve le passage rapporté ci-dessus or, ce Nicandre florissait à Pergame, au rapport de Suidas, sous Attale le jeune qui régna entre les années 159 à 138 avant J. C., époque qui correspond, à quelques années près, avec celle où Polybe écrivit son histoire.

Cet état de choses subsista sans altération jusque vers la fin du premier siècle de l'ère vulgaire, ainsi que je le ferai voir plus bas. Les résultats de cette première partie sont donc :

1°. Que le nom de mer Adriatique fut borné à la partie septentrionale du golfe de Venise, depuis une époque inconnue jusqu'à la fin du quatrième siècle (en 388 avant J. C.), et qu'à partir de cette époque, il est descendu vers l'Adria du Picenum.

2o. Qu'entre cette époque et l'an 336 environ ce nom atteignit les îles de Diomède ou de Tremiti, et la presqu'île du mont Garganus.

(1) Sur cet ouvrage, voyez Casaubon (ad Athen., III, 7) et Muncker (ad Anton. Libér., p. 300.) (2) Ce sont les chap. 1, 2, 4, 8-10, 12-14, 16, 22—27, 32, 35, 38.

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