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Postquam nos Amaryllis habet, Galatea reliquit.

Namque, fatebor enim, dum me Galatea tenebat,
Nec spes libertatis erat, nec cura peculî:

Quamvis multa meis exiret victima sæptis,

Pinguis et ingratæ premeretur caseus urbi,

Non umquam gravis ære domum mihi dextra redibat.

MELIB OE US.

Mirabar quid mæsta deos, Amarylli, vocares;
Cui pendere suâ patereris in arbore poma :
Tityrus hinc aberat. Ipsæ te, Tityre, pinus,
Ipsi te fontes, ipsa hæc arbusta, vocabant.

TITYRUS.

Quid facerem? neque servitio me exire licebat,
Nec tam præsentes alibi cognoscere divos.

Hic illum vidi juvenem, Meliboe, quot annis
Bis senos cui nostra dies altaria fumant.

Hic mihi responsum primus dedit ille petenti :

Pascite, ut antè, boves, pueri; submittite tauros.

MELIB OE US.

Fortunate senex! ergo tua rura manebunt!

Et tibi magna satis; quamvis lapis omnia nudus
Limosoque palus obducat pascua junco :

Non insueta graves tentabunt pabula fetas,

L'aimable Amaryllis remplaça Galatée.

Jusques là, d'aucuns fruits ma fortune augmentée
Ne me donna l'espoir de voir briser mes fers;
En vain l'agneau sortait de mes enclos déserts,
Il faut que je l'avoue, en vain ma main servile
Pressait un lait exquis pour une ingrate ville;
Jamais, berger, jamais, sous mon toit indigent,
Ma main ne revenait moins légere d'argent.

MÉLIBÉE.

Amaryllis, voilà pour quel sujet d'alarmes,
Tu tournais vers le ciel des yeux baignés de larmes,
Et pourquoi les fruits mûrs pendaient dans ton verger.
Tityre était absent. Tityre! heureux berger!

C'est toi

que les lauriers, toi que l'arbre des plaines, leur murmure appelaient nos fontaines.

Toi que par

TITYRE.

Que faire ? L'esclavage eût flétri mes vieux ans ;
Et pouvais-je compter sur des dieux plus présents?

Là, je vis ce héros que, douze fois l'année,

Adore des humains la foule prosternée ;
Dont le nom retentit invoqué dans nos chants.

A peine eus-je parlé : Retournez dans vos champs,
reprenez, dit-il, les soins du labourage.

Et

MÉLIBÉE.

Tu vas donc conserver ton antique héritage!
Heureux vieillard! ce champ peut suffire à tes vœux.
Si la pierre importune et le roseau fangeux
Couvrent tes prés au loin remplis d'herbes ameres;
Tes genisses du moins, au moment d'être meres,

N'iront pas, s'infectant d'un mal contagieux,

Dans des champs inconnus dépérir à tes yeux.

Tu viendras, près du fleuve errant dans ces contrées,
Respirer la fraîcheur des fontaines sacrées;

Et tandis que,
La voix du bûcheron se perdra dans les airs;
Heureux vieillard! ici, l'abeille qui bourdonne
En effleurant ces prés que le saule environne,
Viendra par un doux bruit t'inviter au sommeil :
Tes ramiers favoris charmeront ton réveil;

du haut de ces rochers déserts,

Et sur l'ormeau, témoin de leurs amours fideles,
Pour toi roucouleront les tendres tourterelles.

TITYRE.

Aussi l'oiseau vivra dans les flots de Thétis;

Le poisson, dans les airs; ou, changeant de pays, Les Gaulois boiront l'Hebre, et les Scythes la Loire, Avant que de ses traits je perde la mémoire.

MÉLIBÉE.

Nous, hélas! nous verrons les brûlants Africains,
Ou les tristes Bretons, séparés des humains;
D'autres iront languir dans la Scythie aride,
Ou pleurer sur les bords de l'Oaxe rapide.
Faut-il donc vous quitter, ô fortuné séjour,
Lieux chéris, bords charmants, où j'ai reçu le jour!
Les reverrai-je encor, dans des temps plus prosperes,
Ce pays, et ce champ, domaine de mes peres,
Et mon toit recouvert de chaume et de gazon?
Ciel! un soldat impie aura donc ma moisson!
Un barbare, ces champs que j'ai rendus fertiles!

Nec mala vicini pecoris contagia lædent.

Fortunate senex ! hîc, inter flumina nota
Et fontes sacros, frigus captabis opacum.
Hinc tibi quæ semper vicino ab limite sæpes
Hyblæis apibus florem depasta salicti

Sæpè levi somnum suadebit inire susurro;
Hinc altâ sub rupe canet frondator ad auras:
Nec tamen interea raucæ tua cura, palumbes,

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aëriâ cessabit turtur ab ulmo.

TITYRUS.

Antè leves ergo pascentur in æquore cervi,
Et freta destituent nudos in littore pisces;
Antè, pererratis amborum finibus, exsul

Aut Ararim Parthus bibet, aut Germania Tigrim,
Quàm nostro illius labatur pectore vultus.

MELIBOE US.

At nos hinc alii sitientes ibimus Afros;

Pars Scythiam, et rapidum Cretæ veniemus Oaxem, Et penitùs toto divisos orbe Britannos.

En umquam patrios longo post tempore fines, Pauperis et tugurî congestum cespite culmen.......! Post aliquot, mea regna videns, mirabor aristas? Impius hæc tam culta novalia miles habebit ! Barbarus has segetes! En quò discordia cives

F

Perduxit miseros! En queis consevimus agros!

Insere nunc, Melibœe, piros! pone ordine vites!

Ite, meæ, felix quondam pecus, ite, capellæ : Non ego vos posthac, viridi projectus in antro, Dumosâ pendere procul de rupe videbo :

Carmina nulla canam : non, me pascente, capellæ, Florentem cytisum et salices carpetis amaras.

TITYRUS.

Hic tamen hanc mecum poteras requiescere noctem, Fronde super viridi : sunt nobis mitia poma,

Castaneæ molles, et pressi copia lactis :

Et jam summa procul villarum culmina fumant,

Majoresque cadunt altis de montibus umbra.

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