Peut-on entrer? LA VIEILLE. Oui, mes enfants. GORGO. LA VIEILLE. On peut tout faire avec le temps, La belle, c'est suivant les efforts qu'on emploie ; GORGO. Vieil oracle! elle parle et court sans s'arrêter. PRAXINO E. C'est à faire trembler. Viens, donne-moi la main. Ma robe est déchirée! Ah, l'ami, par les Dieux, Ménagez mon manteau. L'ÉTRANGER. J'y ferai de mon mieux, Mais je n'en réponds pas. PRAXIN OE. Bons dieux! comme on s'empresse! Nous voilà maintenant au plus fort de la presse. L'ÉTRANGER. Bien. Vous voici,la belle, enfin hors de danger. PRAXINOE. Grand merci de vos soins, généreux étranger: Que suivant nos desirs le ciel vous récompense! Le brave homme !... Eunoë ne vient pas... Pousse, avance. Tout le monde est entré. C'est comme dit l'époux, Quand sur la mariée il ferme les verroux. GORGO. Praxinoë, vois donc cette tapisserie ; Regarde sa beauté : quel goût, quelle industrie! PRAXINOE. O divine Pallas! Quel peintre ingénieux A tracé ces portraits? et quelles mains savantes On croit les voir agir, elles vont se mouvoir. Combien l'homme a d'esprit! Ma chere, ah! viens donc voir Sur ce beau lit d'argent Adonis qui repose; Le duvet orne encor sa bouche demi-close; Vois donc, qu'il a de grace! ah! quoique inanimé UN ÉTRANGER. Jaserez-vous toujours, colombes gémissantes, GORGO. Oh! oh! d'où sort cet homme ? Et je veux jaser, moi. Entends-tu ! Nos ayeux, afin qu'il t'en souvienne, Etaient Corinthiens comme Bellerophon. Je tirerai le troisieme morceau de la premiere partie de l'idylle XXII®. Les Argonautes étant descendus sur le rivage des Bébryces, Castor et Pollux s'avancent dans les campagnes solitaires. Ils découvrent, dans le creux d'une roche escarpée, des fontaines dont les ondes ont l'éclat et la pureté du crystal : les platanes, les cyprès étalent leur chevelure antique, et la terre est émaillée de fleurs odoriférantes. Là, seul, n'ayant jamais d'autre toit que le ciel, Ainsi qu'un globe épais sa poitrine s'avance. par Un colosse de fer, forgé sous le marteau. Les coups pesants du ceste ont meurtri ses oreilles ; Pollux l'aborde et le dialogue commence. POLLUX. Joie et salut! Quel peuple habite ces climats ? AMYCUS. Joie et salut, de gens que je ne connais pas ! POLLUX. Ne crains rien; la justice est notre loi suprême. AMYCUS. Moi craindre! Un tel conseil, garde-le pour toi-même. Le dialogue continue avec politesse d'un côté, avec insolence de l'autre ; Pollux demande s'il peut se désaltérer à la fontaine, Amycus lui répond qu'il n'y réussira qu'en s'armant du ceste, et en lui livrant un combat. POLLUX. Quels gages dois-je mettre? et quels seront les tiens? AMYCUS. Vaincu, je suis à toi; vainqueur, tu m'appartiens. POLLUX. Ce combat est celui des oiseaux de carnage! AMYCUS. Quel qu'il soit, combattons; je n'ai point d'autre gage. Il dit, et fait aussitôt retentir dans les airs sa conque marine. A ce signal, les Bébryces à longue chevelure se rassemblent en foule sous un épais platane : Castor court vers le rivage, et revient accompagné des Argonau tes les rivaux arment leurs mains du ceste, : et le combat commence. Ils tâchent quelque temps avec un soin pareil Du géant, qui, d'un pas par la rage affermi, Il le frappe au menton. L'autre, plus irrité, Le poursuit; tout son corps est courbé vers l'arene; Ils craignaient que, luttant dans un étroit enclos, |