La reine cependant, profondément blessée, Enfonce dans son sein le trait qui l'a percée; Se consume d'amour, languit, et dans son coeur Nourrit d'un feu secret la dévorante ardeur. Les vertus du héros, l'éclat de sa naissance, Les combats, les écueils qu'affronta sa vaillance, La beauté de ses traits, ses exploits glorieux
Sont gravés dans son ame, et présents à ses yeux; La voix d'Énée encor résonne à son oreille,
Et sa nuit inquiète est une longue veille.
A peine éclaircissant son humide noirceur,
L'ombre a fait place au jour; elle court chez sa seur : « O toi, de mes chagrins confidente secrete, D'où vient que le sommeil fuit mon ame inquiète? Dit-elle. Quel est donc ce Troyen vertueux ? As-tu vu sa fierté, son front majestueux ? Sans doute il est sorti d'une race divine, etc.
La reine cependant, atteinte au fond du cœur, Nourrit d'un feu secret la dévorante ardeur. Les vertus du héros, l'éclat de sa naissance, Les combats, les écueils qu'affronta sa vaillance, La beauté de ses traits, ses exploits glorieux, Sont gravés dans son ame, et présents à ses yeux. La voix d'Enée encor résonne à son oreille,
Et sa nuit agitée est une longue veille. L'ombre à peine éclaircit son humide noirceur, Égarée, éperdue, elle aborde sa sœur,
Sa sœur, de ses secrets tendre dépositaire, Et, de ses feux naissants dévoilant le mystère : « O toi, etc.
Si, depuis que la mort trahit des feux si beaux, Je pouvois de l'hymen rallumer les flambeaux.
A trouvé, malgré moi, le chemin de mon cœur: Du feu dont je brûlois je reconnois la trace.
Pourquoi ces longs regrets, ces douleurs éternelles? Les morts s'informent-ils si nous sommes fidèles?
Tandis que l'Orion soulève encor les flots, Sachez donc en ces lieux retenir ce héros. Que l'amour naisse en lui de la reconnoissance; Et nous, allons des dieux implorer la clémence! Ce discours, etc.
Aux lèvres qu'elle adore est encor suspendue.
Aux lèvres du héros demeure suspendue.
Elle embrasse l'image.
D'un amour qui se trompe inutiles efforts!
Cependant tout languit dans ses murs, dans ses ports;
Ses guerriers amollis laissent dormir leurs lances. L'amour a suspendu tous ces travaux immenses, Ces temples, ces palais, ces forts audacieux, Et ces superbes tours qui s'approchoient des cieux. Dès que Junon la voit se livrer à sa flamme, Et l'amour sur l'honneur l'emporter dans son ame, Elle aborde Vénus, etc.
Elle embrasse l'image,
Et, par l'enchantement de cette illusion,
Cherche en vain à tromper sa folle passion. Comme elle cependant tout languit dans Carthage; La jeunesse indolente a perdu son courage. Ils sont interrompus, ces murs audacieux, Qui partoient de la terre et s'approchoient des cieux. De ces forts commencés et de ces tours naissantes Le travail n'accroît plus les hauteurs menaçantes: Les échafauds oisifs pendent au haut des airs, Les chantiers sont muets, les ports restent déserts; Et, dans ces grands travaux où Carthage commence, L'œil étonné croit voir une ruine immense.
Dès que Junon a vu, de ses transports naissants, etc.
Les chantiers sont muets, et les camps sont déserts; Et, livrant à l'amour les destins de Carthage, Didon laisse imparfait, etc.
Didon pour les plaisirs négliger sa mémoire, Et l'amour à son cœur faire oublier la gloire...
Je connois vos soupçons: Vénus a pour son fils Craint les murs de Carthage et des dieux ennemis.
--A l'auguste Junon est-il rien qu'on refuse? Lui répondit Vénus, souriant de la ruse.
Des jeunes Tyriens une brillante élite En foule des palais sort et se précipite.
Les gardes, les chasseurs, tout est prêt; le soleil, Des toiles, des filets éclaire l'appareil;
D'épieux au large fer les sillons se hérissent,
Des noirs Massyliens les fiers coursiers bondissent, Et des chiens attroupés l'instinct intelligent,
Déja le nez avide interroge le vent.
La reine cependant ne paroît pas encore; Tous les grands à sa porte ont devancé l'aurore; Et la fleur de l'état, son cortège royal, Avec impatience attendent le signal. Le coursier de Didon, partageant leur attente, Superbe, enorgueilli d'une housse éclatante, De pourpre tout couvert, tout éblouissant d'or, Et sous son noble poids prêt à prendre l'essor, Contient, fier et soumis, l'ardeur qui le consume, Et mord, en frémissant, son frein blanchi d'écume. La reine enfin paroît: d'un air majestueux Elle fend de sa cour les flots respectueux.
des monts on affronte l'audace, Et des bois sans issue, et des routes sans trace.
Court, vole, et, dédaignant des combats sans honneur,
Voudroit qu'un fier lion, un sanglier sauvage
Vint d'un combat plus noble honorer son courage.
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