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Voir et parler avec les deux chefs pour connaitré s'ils veulent se soumettre à la France, dans le cas contraire, j'établirai ma croisière, pour intercepter le cemmerce de l'ile de la partie française seulement. Le ministre a interrompu ce Monsieur en lui disant: vous n'êtes point venu ici pour tenir cette conversation. Ce n'est pas l'intention de sa majesté, elle est décidée à faire pour les chefs ce qui dépendra d'elle, ainsi que pour les officiers subalternes que les chefs désigneront; la moindre disposition hostile qui serait faite pour le moment, dérangerait nos opérations. Quand le temps en sera venu, nous nous occuperons des moyens qu'il faudra employer pour réduire ou exterminer les nègres révoltés.

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Interrogé: Quel corps d'armée croyez-vous qui sera employé préférablement contre Hayti?

A répondu Cela dépend du ministère; mais j'ai entendu dire que la France profiterait de cette expédition pour se débarasser d'un tas de mauvais sujets qui l'embarrassent.

Interrogé: Quel chef croyez-vous qui commandera l'expédition française ?

A répondu : Je ne sais pas; mais le prince d'Angoulême a promis beaucoup de choses au commerce de Bordeaux; M. Dravermann me l'a dit, il veut le rétablisssement des colonies et la traite des nègres.

Interrogé A quelle époque avez-vous quitté Paris?

A répondu Le vingt-huit ou vingt-neuf de Juin, nous sommes partis Dauxion Lavaysse, Dravermann et moi pour nous rendre à Boulogne, où quatre ou cinq jours après nous sommes embarqués pour Douvres.

Interrogé : Cominent avez-vous quitté l'Angleterre ?
A répondu: De Douvres, nous avons été à Londres. et

de Londres à Falmouth; l'ambassadeur de France, comte de la Châtre, nous a fait procurer un passage sur un paquet du gouvernement, à la disposition de M. Dauxion Lavaysse.

Interrogé: Dans quel endroit avez-vous touché dans les iles premièrement?

A répondu : Nous avons touché premièrement à la Barbade, ensuite à Ste Lucie, après à la Martinique et delà à Curaçao, d'où nous sommes rendus à la Jamaïque.

Interrogé: Avez-vous vu le général Hogdson à Curação? A répondu Non, c'est M. Dauxion Lavaysse qui a descendu à terre; comme M. Dauxion veut être toujours décoré, contre les intentions du Ministre, nous sommes fachés sur les représentations que je lui ai faites. Je présume cela,

Interrogé: Et vous, avez-vous vos décorations?

A répondu : J'ai deux croix, une de S. M. Louis XVIII, et l'autre de l'empereur Napoléon, et mes uniformes sort dans ma malle, partie à la Véga et partie à Santo-Domingo. Interrogé: Chez qui les avez-vons déposés ?

A répondu : A la Vega chez le commandant, et à Santo Domingo chez ma soeur Donna Anna.

Interrogé A Quelle époque avez-vous touché à la Jamaïque.

A répondu : Le 25 ou 26 Août.

Interrogé: Chez qui avez-vous descendu?

A répondu : Dans une auberge.

Interrogé Avez vous descendu tous trois ensemble dans la même auberge?

A répondu: Dauzion Lavaysse a descendu dans un autre canot que nous, a été logé ailleurs. M Dravermann et moi nous avons été ensemble dans la même auberge vers

le soir; le lendemain M. Dravermann a tombé malade de paralysie, car c'est un homme de soixante-dix ans environs. Interrogé: Quel âge a à-peu-près Dauxion Lavaysse? A répondu, peu-près quarante ans.

Interrogé: Comme porteurs des dépêches de sa majesté Louis XVIII à quelle autorité vous êtes vous adressé à la Jamaïque ?

A répondu: M. Dauxion Lavaysse a été dans la ville capitale pour se présenter au gouverneur, pour montrer les lettres de recommandation qu'il avait apportées de Londres et pour lui parler.

Interrogé; Quelles sont les personnes qui avaient donné ces lettres de recommandation?

A répondu: Je ne sais si c'est le ministre ou l'ambassa deur français; c'est le duc de Manchester qui est le gouverneur de la Jamaïque; Dauxion Lavaysse a vu les chiefs, mais moi et Dravermann nous ne les avons pas vu étant malades; mais lorsque nous avons été rétablis, moi je les ai vus, excepté le duc de Manchester,

Interrogé Quelles sont les dispositions que Dauxion Lavaysse a prises à la Jamaïque pour remplir sa mission?

A répondu Il m'a dit avoir écrit au général Pétion maintenant Lafond Ladebat est son sécrétaire, il est presque aveugle; nous n'avions pas emmené de secrétaire avec nous. Il attendait la réponse de Pétion, pour se rendre au Port-au-Prince,

Interrogé: Dauxion Lavaysse n'a-t-il écrit qu'au général Pétion seulement ?

A répondu: M. Dauxion m'a dit que son intention était d'écrire au roi Christophe, et qu'il avait une occasion sûre pour cela.

Interrogé Par quelle occasion a-t-il écrit à Pétion?

Arépondu : Je ne sais pas si c'est par une frégate, un brick ou un vaisseau du Roi, ou si c'est par les caboteurs qui vont et viennent.

Interrogé: De vous trois, quel est celui qui est parti de la Jamaïque le premier ?

A répondu: Moi le premier, M. Dravermann doit aller dans le Sud et M. Dauxion Lavaysse devait rester à la Jamaïque pour attendre la réponse de Pétion.

Interrogé: Avez vous connaissance de la réunion des colons à la Jamaïque, dans une fête qui y a eu lieu ?

A répondu Cette fète s'est donnée dans la même soirée de notre arrivée, par tous les français en réjouissance de la paix générale.

Interrogé : Avez-vous eu connaissance des pétitions faites à Sa Majesté Louis XVIII, par les ex-colons, signées au nombre de quinze cents?

A répondu : Qui, j'ai eu connaissance de ces pétitions, j'ai vu à la Jamaïque plusieurs colons, entr'autres le chevalier Lafite et Dessource; il n'y a que tout au plus une centaine de colons à la Jamaïque.

Interrogé: Par quelle occasion êtes-vous venu dans la partie espagnole ?

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A répondu: Dans une petite goëlette. J'ai débarqué à Mont-Christ d'où Je me suis iutroduit dans cette partie. Lecture faite du présent interrogatoire au sieur Agoustine Franco de Medina, a déclaré contenir vérité, n'avoir rien à ajouter ni diminuer y persister et a signé avec nous. Franco de Médina, de la Bande du Nord duc de la Marmelade, d'Ennery, de Richeplaine, de Jean-Joseph, baron de Léo, Joseph Léonel, et de Cadet Antoine, greffier.

NUMÉRO 5.

Copie de la Lettre du Sieur CATINEAU LAROCHE, ex- Colon de Saint- Do mingue, datée de Paris, 16 Février 1815. A Son Excellence le Général PETION, Président, au Port-au-Prince.

MON CHER AMI,

Il est beaucoup question, comme je vous l'ai déjà marqué, d'envoyer sur la Gonave, les Cayemittes, l'Isle-àVaches et la Tortue, des troupes qu'on y laissera s'accli mater. On parle, entr'autres, de faire partir d'ici Sooo hommes pour la Tortue: une partie des troupes qui vien. nent d'être envoyés aux'îles du vent iraient ou les rejoindre ou s'acclimater sur les autres îles. Pendant ce temps, on enverrait des émissaires pour semer des troubles dans le Nord, et on vous proposerait de mettre les troupes européennes sous vos ordres pour faire la guerre au Roi d'Hayti.

Je crains bien que mon exprès n'arrive trop tard : cependant, comme il n'y a pas encore de troupes embarquées, et que l'argent n'est pas plus commun ici que les moyens de transport, j'espère qu'il arrivera à temps, des circonstances de même nature peuvent avoir lieu plus d'une fois et vous devez juger combien il est important que vous me donniez les moyens de correspondre avec vous. Vous devriez avoir toujours en Angleterre des bâtimens et des agens à ma disposition.

A

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