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Liberté.

Numéro V I I.

Egalité.

RÉPUBLIQUE D'HA Y T I.

ALEXANDRE PETION, Président d'Hayti,

A Son Excellence le Général D AUXION LAVAYSSE.

Les Généraux et les Magistrats de la République d'Hayti, convoqués en assemblée, afin de prendre connaissance des diverses dépêches de Votre Excellence, lorsqu'elles leur ont été soumises; et invités à prononcer sur la proposition, y contenue de former un Gouvernement Provisoire au nom de Sa Majesté Louis XVIII, pour régir Hayti, ont, pensé que les divers événemens de la révolution qui avaient conduit les choses à l'état actuel où elles se trouvent maintenant, étaient le résultat des plus grands sacrifices, et consacrés par le sang le plus pur de leurs concitoyens, victimes ou morts en défendant les droits dont on a voulu les priver et qu'ils ont su acquérir par leur courage, leur persévérance ainsi que par la protection divine: que leur premier mouvement lorsqu'ils se sont émancipés a été de proclamer leur indépendance: qu'ils n'ont cessé pendant tout le cours de la coalition des puissances contre la France révolutionnaice de montrer des principes conformes a ceux qui dirigeaient leurs opérations qu'en cela ils croyent avoir des droits incontestables à la justice des Souverains et bien plus particulièrement à celle de Sa Majesté très-chrétienne, droits d'autant plus fondés qu'ils

Cherchaient en vain en quoi elle aurait des reproches à leur imputer: convaincus qu'ils n'avaient d'autre parti à prendre que celui qu'ils ont choisi, qui est justifié par toutes les circonstances qui l'ont provoqué, ils ne peuvent compromettre leur sécurité et leur existence par aucun changement d'état, y penser, entrainerait à une subversion subite et générale et perdrait infailliblement un pays trop Jong-tems déchiré par les fureurs de la révolution, et qui comme tout le reste du monde doit aussi espérer de роцvoir respirer à l'ombre de la paix. Il appartient à la gran deur et à la philosophie éclairée de S. M. Très-Chrétienne ́de reconnaitre l'émancipation d'un peuple dont les malheurs ont commencé avec les siens, et qui livré à la rage de ses ennemis a su, après les avoir terrassés, faire un si noble usage de sa victoire en prenant pour modèles les nations qui viennent de la replacer sur son trône; il leur est doux de croire que Sa Majesté dans ses démarches relativeinent à Hayti, est bien moins dirigée par ses sentimens personnels que par ce qu'elle doit à la portion de son peuple qui réclame à grands cris le retour d'Hayti à la France et à l'ancien système. Aussi ce serait une gloire éternelle pour Sa Majesté, tout en reconnaissant aux haytiens l'in dépendance de leurs droits, de la concilier avec ce qu'elle doit à une partie de ses sujets et en fesant participer les autres aux ressources d'un commerce dont les canaux abondans fesaient le bonheur des deux contrées; c'est dans ces sentimens que, comme organe du peuple que j'ai l'honneur de présider, je proposerai à Votre Excellence agissant au nom de S. M. Louis XVIII, et pour lui donner une preuve de dispositions qui nous animent, d'établir les bases d'une indemnité convenue, et que nous nous engageons tous solemnellement à payer avec toute garantie juste

qu'on exigera de nous, et dont elle fera l'application qu'elle jugera convenable, cet ouvrage est digne d'elle. Je désire bien sincèrement que ces propositions puissent être agréables à V. E. et dans le cas qu'elle ne serait pas dans la ligne prévue de ses pouvoirs, je me flatte qu'elle voudra · bien les présenter aux Ministres de son Souverain, et que son séjour à Hayti, où elle aura été à même de connaitre plus particulièrement notre caractère national, et ce que nous sommes réellement, l'engagera à le faire d'une manière favorable. Je prie V. E. de ne voir dans cette détermination que la volonté d'un peuple auquel ses droits et sa liberté sont plus chers que la vie, qui n'agit que dans la conscience intimne de sa propre conversation, sans aigreur ni prévention contre la nation francaise. En invitant V E. d'appuyer ces propositions auprès de son Gouvernement, 'est lui donner une preuve éclatante de la haute considé ration qu'elle a su nous inspirer et dont je me plais à Įni réitérer le témoignage.

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Numéro V 1 I I.

Port-au-Prince, ce 29 Novembre 1814.

Monsieur le PRÉSIDENT.

J'ai l'honneur devons accuser la réception de votre lettre du 27, par laquelle V. E. me fait part du résultat de la délibération de l'assemblée des Notables de votre Gouvernement. Je m'empresserai de la faire connaître à S. E. le Ministre de la Marine et des Colonies.

La cloture de cette assemblée et votre lettre ayant mis un terme à ma mission, je ne dois pas perdre un moment pour m'acheminer vers mon pays. En conséquence, j'ai chargé hier un négociant de frêter un bâtiment pour me porter à la Jamaïque. Il aura l'honneur de s'adresser à Votre Excellence aujourd'hui ou demain., afin d'obtenir des passe ports de parlementaire.

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J'ai l'honneur de vous remercier des choses honnêtes
qui me sont personnelles, à la conclusion de votre lettre:
si je ne les mérite pas par le stérile et triste résultat de ma
mission, ceux qui ont été témoins de mon zèle, de mes
efforts, je dirai même de mes angoisses morales, durant une
longue et accablante maladie, me rendront du moins la .
justice de dire que je n'ai rien négligé pour arriver à un
résultat plus heureux; et que je n'ai pu être découragé, ni
dégoûté par les machinations perverses et journalières de
nos ennemis, qui sont aussi les vôtres; et contre lesquels,
je vous le prophétise, Monsieur le Président, vout serez
un jour aussi indigné que je le suis.

J'ai l'honneur d'être avec la plus haute considération,
De Votre Excellence,

Monsieur le Président,

Le très-humble et très-obéissant Serviteur,

(Signé) DAUXION LAVAYSSE.

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Liberté.

Égalité.

RÉPUBLIQUE D'HAY TI

LE PRÉSIDENT D'HAYTI.

AU PEUPLE ET A L'ARMÉE.

JAMAIS il ne se présenta une époque plus intéressante dans les fastes de la République, que celle dont vous venez d'être les témoins, et où le caractère national devait se manifester d'une manière plus magnanime: Haytiens, nous avons combattu depuis vingt-quatre années pour nos droits, notre Liberté; notre Indépendance a été le fruit de nos travaux; sans elle, point de sécurité, point de garantie de notre régénération. Déjà connue par notre réputation militaire et des qualités honorables, les yeux sont ouverts sur nous, et l'on attend le résultat de notre conduite; elle sera un exemple pour la postérité. Je ne rappellerai aucuu de ces traits glorieux qui ont distingue les hommes qui se sont immortalisés en sontenant la Liberté l'histoire ne les a pas oubliés, elle en perpétuera la mémoire.

Je parle à un peuple enflammé de rayons les plus purs du patriotisme, libre de fait et de droit et qui ne cessera de montrer à l'Univers qu'il en est digne! Grandeur, générosité, sont les élémens natureis du patriote, j'ai toujours reconnu en vous ces nobles qualités, et je viens d'en acquérir une nouvelle preuve, dont je m'honore de vous témoigner l'expression la plus vive de mon coeur. La France a fait la paix ; elle réclame des droits sur Saint-Domingue, elle les a perdus pour toujours sur Hayti, et c'est aux Français eux-mêmes, qu'elle doit cette perte: elle a voulu cependant les faire revivre, et a préféré employer la conciliation, à des armes qui seront toujours impuissantes: un agent s'est présenté, le général Français Daution Lavaysse, vous l'avez reçu, accueilli, il a joui des

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