Gouvernement; vous tous, généraux et magistrats, aux◄ quels la providence a confié le soin de ce peuple: le soin de l'éclairer sur ses véritables intérêts: n'en doutez pas, ce peuple vous demandera un jour un compte rigoureux de son bonheur et de son malheur. Ces réflexions préliminaires posées, j'aurai l'honneur de proposer au président d'Hayti, de reconnaître et de proclamer la souveraineté du Monarque français, aussitôt qu'il aura jugé dans sa sagesse, le peuple de ce pays suffisamment préparé à ce grand et heureux événement. Pourquoi à l'imitation des hommes sages et énergiques, qui, dans l'interrègne qui a eu lieu en France, entre la chûte de Buonaparte et la restauration des Bourbons, le Président d'Hayti, assisté de quelques-uns des principaux chefs, ne se constituraient-ils pas le Président et les membres du Gouvernement provisoire d'Hayti, au nom de S M. Louis XVIII? S'ils ont la sagesse et l'énergie d'adopter cette bienfaisante mesure, que de nobles et d'honorables distinctions et de récompenses ne mériteront-ils pas du digne petit-fils du bon Henry IV, combien de gratitude de la part de la France, leur patrie et de leurs compatriotes d'Hayti? Que le chef suprême et ses subordonnés persuadent bien à leurs compatriotes que les progrès des lumières ont détruit en France, comme pour les colonies, la tyrannie des préjugés nuisibles à l'humanité: que de mêmes que ces vol cans qui, par leurs irruptions, désolent les pays qui les environnent, mais répandent des cendres qui fertilisent les campagnes, la révolution française a laissé après elle quelques vérités et quelques principes utiles, d'où est résultée cette, constitution libre et sage que nous venons de recevoir de potre bienfaisant législateur, Louis XVIII: que semblable à la divinité dont il est l'image et le représentant, ce monarque pére de tous les français, soit qu'ils aient reçu le jour sous le climat de l'Europe ou sous celui de la Zone Torride; quelle que soit la couleur que la nature ait imprimée sur leurs visages, semblable, dis-je, â la divinité, ce monarque également bon et éclairé les chérit tous également; veut les faire participer tous au nouvel ordre de choses qui a régénéré la France; et n'établir entr'eux d'autre distinction que celles des vertus, des lumières et des talens. Qu'ils songent bien que les hommes violens et incorrigibles, dont les préjugés seraient incompatibles avec la tranquillité de la colonie seront repoussés de son sein. Qu'ils songent bien que c'est un Malouet qui est actuellement ministre de la marine et des colonies; que Monsieur Malouet fut l'ami de l'abbé Raynal; qu'il plaida leur cause à l'assemblée constituante; qu ils sachent que les noms de Nestor chez les Grecs, celui de Caton chez les Romains ou celui de Sully du temps de Henry IV, ne rappèlent pas l'idée de plus de vertus que celui de Malouet de notre temps; et conséquemment que tout ce qui leur sera promis par un tel Ministre, au nom du meilleur des Rois, sera aussi sacré que si c'était la divinité elle-même qui le leur promettait. Qu'ils songent qu'un gouvernement si différent de celui du Corse (1) n'enverra parmi eux que des chefs aussi dis (1) Si e parle avec tant d'indignation de cet usurpateur dontlenom se rattache, néanmoins, à tant de gloire militaire, c'est qu'aux yeux de l'homme de bien toute gloire militaire est flétrie par le brigandage, la cruauté et la perfidie. Avec de grands talens et une ambition sans principes et sans tingués par leur probité, leur désintéressement et leur hu manité, que le Bacha Leclerc et les autres brigands; en voyés il y a quelques années par l'usurpateur, se sont rendus horriblement célèbres par leur rapacité, leur perfidie et leur cruauté. Combien je serai heureux, si ces réflexions et ces propositions qui ne sont que l'expression des vues paternelles de notre excellent Souverain et de son vertueux Ministre, font quelque impression sur l'esprit et les coeurs des chef's et des habitans d'Hayti! Ah! Si elles pouvaient les conduire à arborer de leur propre mouvement l'oriflame de la fidélité et de l'honneur français, avec quel bonheur avec quelles larmes de joie je m'empresserais de me mettre sous bornes, Buonaparte est parfaitement caractérisé dans ces paroles célèbres, par lesquelles Sénèque fit le portrait des Corses de son temps: Prima lex mentiri ; Secunda, ulcișci; Tertia, vivere de rapto; Quarta, non agnoscere Deum. C'est-à-dire : Leur première Loi est le mensonge, La quatrième méconnaître Dieu. Quel portrait! quel peuple! Les Romains avaient pour eux un tel mépris, qu'ils n'en voulaient même pas pour esclaves: ce que le sénateur Lan-, juinais eut le courage d'observer à ses Collègues lorsqu'il fut proposé d'élire Buonaparte, Empereur. les ordres du Chef actuel du Gouvernement d'Hayti; de lui offrir de me ranger parmi les chefs militaires et de les embrasser comme mes camarades et mes frères d'armes! Alors les haytiens verraient le cominerce raviver leur agriculture et leur industrie; l'aisance, les richesses et le bonheur se répandre parmi eux, et la confiance faire cesser cet état d'inquiétude et de défiance, si pénible à toutes les âmes bien nées. (Signé) DAUXION LAVAYSSE. A. S. le Président d'Hayti. Au Port-au-Prince ce 9 Novembre 1814. Liberté. Numéro I V. Egalité. RÉPUBLIQUE D'HAY TI ALEXANDRE PETION, Président d'Hayti, A L'honneur d'accuser réception à S. E. le Général Dauxion Lavaysse de la note qu'il lui a adressée le 9 du présent mois, en sa qualité d'Agent principal de S. E. le Ministre de la marine et des colonies de S. M. T. C. pour la restauration de la colonie française dans l'ile d'Hayti, etc. etc. Une révolution aussi longue qu'étonnante qui a failli bouleverser l'univers, dont le caractère et la marche ne trouvent point d'exemple dans les annales du monde, vient de se terminer d'une manière aussi extraordinaire qu'elle était inattendue; et les nations rendues à la paix recherGhent les traces perdaes ou oubliées de leurs anciennes ins titutions. L'ile d'Hayti, appelée par les cris de la liberté qui ont retenti en France avec l'aurore de la révolution, était, par sa nature, destinée à y prendre une part bien active; aussi s'y est-elle fait ressentir dans toute sa force et les événemens qui l'ont accompagnée ont préparé son état actuel. C'est avec peine que le Président d'Hayti retracera à S. E. le général Lavaysse, que tous les malheurs de ce pays sont l'ouvrage de la France révolutionnaire et qu'elle n'a cessé de les provoquer par une conduite constante et cruelle qui a poussé les habitans d'Hayti au désespoir ! Ja« mais peuple ne montra plus de dévouement à la métropole que celui-ci. Abandonné par elle au caprice et aux fureurs sanguinaires d'agens féroces et corrompus qui tour-à-tour se succédaient pour la déchirer de plus en plus, les haytiens, toujours fidèles à la France, combattaient pour elle, sous son pavillon, la faisaient triompher à 2,000 lieues et ne cessaient de lui donner des preuves d'un attachement sans exemple, lorsqu'à l'époque de la paix d'Amiens elle fit une expédition qui devait fixer le bonheur dans cette bellé contrée et reconnaître les services rendus à la mère - patrie par une portion d'hommes, qui seuls et livrés à eux-mêmes, avaient pendant quatorze années soutenu la gloire des armes françaises : expédition de Cannibales ! où les colons et les français rivalisaient à l'envi dans la soif ardente du sang des malheureux haytiens, les armes dont ils venaient de se servir pour faciliter la prise de possession de l'armée française leur étaient arrachés des mains et ils étaient en traînés dans des prisons flottantesqualifiées du nom d'étou foires, suffoqués, noyés, ou pendus, bayonnettės, brûlés dévorés par des chiens dressés à cet horrible manège e transportés |