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agit par des sentimens trop diametralement opposés, a le premier proscrit la traite des esclaves, et il ent poursuit, sans relâche, l'abolition totale; pour le bonheur de l'humanité il réussira sans doute à l'obtenir ! Lisons le discours du noble lord Castelreagh à la Chambre des Communes, et nous verrons combien l'Angleterre a en horreur toutes les mesures sanguinaires, et avec quel soin le noble lord a recommandé à la France de ne jamais les employer. Ne serait-il pas le premier à lui dire « que vous servirait de détruire la population d'Hayti, puisque vous ne pouvez pas la remplacer. Faites pour » eux le sacrifice de votre système colonial; faites-leur « des ouvertures qu'ils puissent accepter, alors vous gagnerez, outre les dépenses de votre expédition, les » ressources qu'offrent au commerce un pays déjà cultivé.

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Les moyens de défense à Hayti sont le secret des chefs; je me contenterai de dire que je ne connais point de préservatifs contre l'influence des rayons ardens du soleil sur le sarg riche de l'Européen, contre l'intempérie d'un climat brûlant, contre les défenses naturelles du pays et leurs positions montagneuses; je me rappellerai que l'expérience qu'en ont faites plusieurs nations les a portées à croire que la conquête de ce pays était presqu'impraticable, sans la participation de ses Habitans.

Je ne dirai rien au sujet de la garantie qu'offre l'auteur de l'ouvrage aux indigènes puisque j'admets que ses propositions ne sont pas calculées pour.eux, et qu'ils verraient peut-être dans les hommes dont il parle, les mêmes quí vinrent à Hayti avec le Général Leclerc, et qui, quoique le Gouvernement français ait changé n'ont pas changés avec lui. Souvent les mesures d'un Gouvernement ne out que l'effet d'une sage précaution, et puissai-je dire

avee confiance que dans cette circonstance elles seront inutiles; chacun à Hayti a le droit de raisonner comme il lui plaît; à cet égard le Gouvernement n'a jamais gêné personne sur l'expression de ses opinions, sans en être moins sage, ni moins prudent dans sa marche. -Désirant suivre l'auteur autant que je le désire, j'ai cherché vainement cet emblème de sang dont il parle et ne l'ai point trouvé. Serait-ce du Pavillon? les Couleurs françaises étaient autrefois bleue, blanche et rouge, quand les Haytiens proclamèrent leur Indépendance, ils retranchèrent la 2ème couleur, sans autre intention je pense; et à cet égard, la quantité d'Étrangers résidens à Hayti qui font avantageusement leurs affaires, et sont spécialement protégés sous le Gouvernement de la République, ne se sont jamais apperçus qu'il existât des marques de proscription contre leur couleur.

Je forme les voeux les plus ardens pour le bonheur de ce pays; je désire que les Haytiens puissent par une heureuse explication, éviter tous les malheurs dont ils sont menacés; l'humanité le veut : c'est dans ces sentimens que j'ai pris la plume, et qu'elle ma conduit jusqu'ici S'il en était autrement, mon coeur s'éleverait en leur faveur vers cette essence suprême, vers ce Dieu rénumérateur qui dit à tous les hommes ; Aimez-vous : vous êtes égaux devant mes yeux; vous serez jugés sur vos actions et non sur votre couleur.

Au Port-au-Prince, de l'Imprimerie du Gouvernement,

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NUMERO 2.

PIÈCES RELATIVES

Aux Communications faites au nom du Gouvernement français au PRÉSIDENT 'D'HAYTI, par M. le général DAUXION LAVAYSSE, député de Sa Majesté LOUIS XVIII, Roi de France et de Navarre.

COMMUNICATIONS. Lettre du général DAUXION LAVAYSSE, Au Président d'Hayti.

Numéro I.

Kingston, Jamaïque, ce 6 Septembre 1814

GÉNÉRAL,

Une des peronnes qui ont la confiance de Votre Excellencc, et avec lequel le Général Hodgson eut la bonté de m'aboucher à Curaçao, vous a sans doute, rendu compte de ma mission, ainsi que des intentions paternelles et libé. rales de notre Roi bien aimé Louis XVIII,

Vous êtes trop éclairé, Général, et sans doute trop sage, pour ne pas concevoir et sentir, toute la différence qui

existe entre l'ordre de choses établi à la restauration de Louis XVIII. et ce qu'on appèle l'ancien régime, ainsi que

le gouvernement despotique,et arbitraire que Buonaparte avait assayé d'établir en France.

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Tromper pour asservir, était devenu, depuis dix ans le grand secret, et le principal mobile, de la politique du perfide et haineux usurpateur. Exécré du monde entier, abandonné des compagnons de sa gloire militaire, le sort de cet énergúmène, sera, il faut l'espérer, une leçon pour tous ceux, qui, exerçant un pouvoir illégitime et précaire, ont cependant la tête saine. Il n'est pas néces saire d'avoir de grandes connaissances en droit public, pour appercevoir la différence qui existe, entre la forme constitutionnelle de Gouvernement actuel, et celle du Gouvernement de la France avant 1789.

Ce n'est pas ce que les émigrés et les républicains appelaient une contre-révolution, il y a quelques années, qui a replacé les Bourbons sur le trône de France. Le géné reux Alexandre et ses alliés, venus en France pour se venger d'un tyran en délire, ont été le point de ralliement des français, las depuis long-temps, du plus extravagant et du plus sanguinaire despotisme.

C'est auprès d'Alexandre, que se sont ralliés les hommes énergiques, sages et habiles qui ont joué les premiers rôles durant notre révolution. Ce sont les Talleyrand-Bénévent, les Dessoles, les Dupont, les Marmont, les Ney, les Bournonville, etc. qui, après avoir travaillé, pendant plus de vingt-ans, durant les diverses variations de notre révolution, à l'oeuvre de la liberté et de l'indépendance de la France, ont été les agens de notre patrie, pour réédifier la monarchie française, sur les bases d'une constitution libre et représentative: Et cette constitution, c'est Louis XVIII qui en est l'auteur et le rédacteur principal. Combien cette circonstance, Général, ne doit-elle pas rendre

le nom de son royal auteur. précieux à tous les vrais amis de la Liberté! De quelle heureuse augure ne doit-elle pas être pour nos frères de l'Ile d'Hayti?

Oui, Général, c'est un Roi philosophie, un nouveau Marc-Aurèle, un nouvel Henry IV, qui est assis sur le trône de France. Croyez-m'en, ce n'est pas le langage de la flatterie, mais celui de la vérité, celui de tous mes compatriotes.

Pour bien vous fixer sur l'esprit qui règne aujourd'hui en France, jetez les yeux sur la liste de la Chambre des Pairs et des principales autorités de l'Etat. Là vous verrez ces antiques colonnés corinthiennes de la Monarchie Française les Montmorency, les Rohan, les Périgord, les Larochefoucaud, etc. mêlés à ces colonnes héroïques d'ordre modernes, les Ney, les Suchet, les Marmont, les Bournon, ville, les Dessole, les Dupont, etc. les défenseurs de l'in dépendance et de la gloire de notre chère France.

Vous verrez tous ces hommes qui, par leurs talens, leur génie, leur vaillance, leurs vertus, se sont illustrés durant les orages et les grandes scènes de notre révolution ; vous les verrez, dis-je, dignement placés entre le Roi et le peuple, également soutiens de la Majesté et de la puissance de la couronne, des droits de la nation et de la li berté publique.

Lisez la Chartre Constitutionnelle, et les actes du gou vernement actuel, et vous verrez, qu'au mépris des criailleries et des absurdités des partisans aveugles ou insensés de l'ancien régime, tout ce que la révolution à produit de bien, de principes libéraux, compatibles avec nos habitudes monarchiques, a été religieusement conservé.

Réfléchissez bien sur ces choses, et dites-vous, je vous en supplie, Général: « Louis XVIII est un Roi philosophe

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