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port des propriétés, des droits de citoyens? la réponse në serait pas difficile.

Nous nous reposons sur la justice de notre cause, surla pureté de nos intentions; nous ne pensons pas que l'Europe s'arme contre nous, parce que nous voulons être libres, sous la seule forme qui puisse nous assurer de l'être, et que les philantropes qui sont l'objet de notre admiration, désapprouvent une conduite qu'ils nous auraient, sans doute, conseillée eux-mêmes. Si de tout cela on pouvait tirer des motifs d'extermination, il faudrait encore s'y resoudre ; et en mettant toute sa confiance dans les mains du maître des maitres du monde, recevoir de lui de nouvelles forces pour se défendre: c'est notre parti, nous n'en avons pas d'autre.

L'application que vous nous faites au sujet des Fuissances Barbaresques, trouve sa réponse dans la conduite que nous avons tenue entre l'Angleterre et l'Amérique pendant le cours de la guerre qu'elles viennent de soutenir, où jamais gouvernement n'a donné de preuves d'une neutralité plus exacte et de respect pour le droit des Nations; aussi il n'a jamais été question de repression de leur part.

Il est de principe avéré que l'on ne peut disputer å aucun gouvernement de se régir par ses propres lois; Louis XIV, en révoquant l'Edit de Nantes, a exclu des français au sein même de la France. Aucune puissance ne s'est immiscée dans cette affaire, et toutes ont profité, plus ou moins, dès avantages que leur a procurés cette émigration.

Au Japon, à la Chine et chez d'autres nations policées, des mesures de précautions, ont interdit aux étrangers jusqu'à l'entrée dans l'intérieur de leur pays, et nous voyons cependant le commerce établi et leurir avec des peules dont l'existence politique ne trouble pa, 'a paix des

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hutres nations; les exemples de cette nature ne seraient pas difficiles à citer, si nous voulions tous les rapporter.

De quelque manière que nos efforts soient jugés dans le cours de notre révolution, l'histoire ne pourra cacher que nous avons été sacrifiés et trompés, et que nos armes ent été aussi couronnées de quelques lauriers.

Si vos pouvoirs n'ont pas la latitude nécessaire pour vous permettre de traiter sur la base que j'ai eu l'honneur de vous proposer, ou que vous ne jugiez pas convenable d'en faire usage dans cette circonstance, je dois vous prévenir que je ne crois pas devoir correspondre plus longtemps avec vous sur l'objet de votre mission.

Quelque événement qui résulte, je n'aurai pas à me réprocher d'avoir négligé la plus petite occasion pour procurer la paix et le bonheur à mes concitoyens, comme je me montrerai toujours digne de leur confiance en fesant respecter leurs droits et leurs privilèges jusqu'à mon der nier soupir, sans m'écarter des principes que j'ai toujours professés.

Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération distinguée.

PETION.

Numéro 14.

Port-au-Prince, le 10 Novembre 1816

GÉNÉRAL,

Votre santé étant rétablie, nous allons vous transmettre la réponse que votre maladie nous a fait retarder.

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Dans votre lettre du 2 de ce mois comme dans toutes vos lettrès précédentes, vous nous parlez encore des vio

lences, des injustices que vous avez éprouvées. Nous nous sommes abstenus, d'après le caractère pacifique dont nous sommes revêtus, de vous faire aucun des reproches que nous aurions pu opposer à ceux que vous faites à quelques français furieux. Nous persisterons jusqu'à la fin dans cette modération.

Vous convenez cependant, que pendant le temps de l'usurpation, quand le Roi se trouvait dans l'impossibilité d'exercer ses droits, vous vous êtes trouvé dans la nécessité de choisir un mode de gouvernement; que l'Indépendance étant de tous, celui qui semblait vous offrir le plus de garantie, avait été choisi par la Nation: mais que rien

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Tout cela, Général, rentre parfaitement dans ce que nous avons eu l'honneur de vous dire dans notre dernière lettre. Jusqu'ici, vous n'avez commis aucune hostilité ouverte contre le Roi. Les mesures que vous avez prises l'ont été contre les ennemis de sa couronne, c'est une arme que vous avez forgée pour les combattre et dont vous ne pouviez vous servir légalement que contre eux. Mais quand le Roi reprend l'exercice de ses droits, quand tous les partis déposent leurs armes, quand tous ses sujets s'empressent de se ranger sous ses Lois, vous seriez les seuls qui voudriez vous servir de ce qui a été fait contre des ennemis qui étaient les siens, pour le lui opposer! une telle entreprise serait vouloir élever une lutte nouvelle contre un pouvoir légal qui se trouverait offensé et blessé sans avoir provoqué en rien l'agresseur; ce serait se mettre en révolte ouverte. Les droits du Roi comme souverain, sont incontestables. Le contrat qui existe entre lui et ses peuples est indissoluble; ses droits enfin qui sont imprescriptibles ne peuvent

être

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tre détruits ni altérés en rien parce qu'il en a perdu ma mentanément l'exercice. Ainsi, tant que le Roi n'aura pa prononcé, l'état de guerre deviendra permanent et tous restera incertain jusqu'à la paix dont on ne pourra plus pré voir l'époque. Tout ceci est d'une vérité tellement reconAue que nous ne devons pas nous étendre davantage sur ce point.

Si dans notre dernière lettre nous vous avons parlé de certains articles de votre Constitution, notre seule intention a été de vous faire remarquer ce que vous proposien au Roi de reconnaître, en consacrant votre indépendances et de vous démontrer que la loi fondamentale de vos institutions portait avec elle le germe de votre propre destruction. Il a été loin de notre pensée assurément, de faire ca que vous nommez un appel aux gouvernemens étrangers La France, en se séparant de son Roi, a éprouvé de grands malheurs; mais son honneur, comme sa puisssance, sont loin d'être perdus ; et le Roi est par lui-même assez fort pour défendre ses droits, selon son bon plaisir et sa volonté, sans appeler l'appui d'aucune puissance.

Notre intention n'a pas été non plus, Général, d'éviter ni d'éluder de traiter une question dont la discussion n'arien d'effrayant pour nous. Si pourtant (nous croyons de voir vous l'assurer, Général,) nous avions suivi notre premier mouvement, nous nous serions bornés, d'après votre lettre, à prendre congé de vous et nous aurions mis à la voile pour aller faire connaitre au Roi la persévérance que nous avons rencontrée en vous, pour soutenir sèchement et sans en indiquer ni la nécessité ni les avantages, ni les compensations, une indépendance qui n'est autre chose que la volonté de méconnaître les droits de Sa Majesté

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Mais le noi qui nous à ordonné de porter avec constance dans cette discussion, toute la modération qui se trouve dans son cœur, nous aurait blâmes d'avoir quitté ce territoire brusquement, sans avoir essayé de vous démontrer Finjustice d'une telle persévérance et le danger que le gouFernement que vous voulez choisir, aurait nécessairement pour ce pays. Si nos réflexions peuvent vous ramener à la vérité, nous n'aurons qu'à nous applaudir de ne nous être pas montrés irrascibles. Nous vous aurons rendu à vous même, un signalé service et nous aurons rempli les inten tions, comme les ordres du Roi.

Nous allons donc, avant de terminer notre mission, vous faire sur cette indépendance, comme nous l'avons fait sur quelques articles de votre Constitution, les réflexions que nous impose notre devoir et que nous dicte l'intérêt de la colonie.

Pour être indépendans, il faut avoir la certitude de pou voir en tout temps et partout, faire respecter son indépen dance. Il faut avoir en soi-même assez de force pour pouvoir résister aux efforts, comme à l'ambition de ceux qui peuvent devenir jaloux de la prospérité que vous pourriez acquérir. u faut pouvoir par soi-même, défendre ses sujets au-dehors comme au-dedans et être dans la possibilité de venger une injure. Si l'Etat qui veut se déclarer indépendant n'a pas ces moyens par lui-même, s'il est obligé de recourir à une puissance étrangère pour avoir son appui, il cesse d'être indépendant, et son existence politique est à chaque instant compromise.

Voyons à présent quelle est la position de cette colonie, plus faible en population que la moindre province de France. Vous fiant à votre courage et sur votre climat, vous êtes disposés à affronter toutes les puissances de l'Eu❤

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