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que toutes tentatives que le cabinet français pourrait faire, soit pour nous tromper ou nous diviser seraient inutiles, et que toutes propositions qui ne porteraient point la condition expresse et sine quanon de reconnaitre l'indépendance d'Hayti, tant en matière de gouvernement que de commerce seraient rejettées, et que toutes expéditions, armées dirigées contre Hayti, soit contre le Nord-Ouest ou le Sud-Ouest, ne produiraient au résultat qu'une guerre nationale, dont les français et quelques lâches transfuges qui les trompent, ne recueilleraient que les mêmes fruits qu'ils ont recueillis de la fameuse expédition de Bonaparte sous les Leclerc et les Rochambeau.

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La France doit au surplus connaître ses véritables intérêts, ce n'est pas à nous à lui tracer la conduite qu'elle doit tenir, c'est à elle de savoir s'il lui est plus avantageux de participer à notre commerce à l'instar des autres nations, ou si elle préfère de laisser les choses telles qu'elles sont, ou encore si elle veut

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se livrer à faire une guerre désastreuse et dispendieuse, injuste et barbare dans toutes ces circonstances, et dont elle ne pourrait recueillir quelqu'en soit l'issue, que de déplo rables et de tristes résultats!

FIN.

NUMERO PREMIER

RÉPONSE

A l'Ecrit de M. H. HENRY, intitulé Considérations offertes aux Habitans d'Hayti, sur leur Situation actuelle et sur le Sort présumé qui les attend, par COLOMBUS.

JE suis Etranger à l'ile d'Hayti; c'est comme voyageur que

j'écris, et d'après l'intérêt seul que m'inspire un peuple dont j'ai eu le désir de connaître les usages et les moeurs: il faudrait des connaissances et une plume plus exercée que la mienne pour les décrire; le lecteur impartial y trouverait des remarques de grandeur, de générosité et de bonne foi qui font honneur à ceux qui ont pris la dénomination d'Haytiens, et leur mériteraient des éloges qu'ils ont su obtenir des personnes qui ont eu des rapports avec eux sans distinction de Nation. N'ayant jamais visité la partie du Nord de l'Ile, j'entends parler plus particulièrement du gouvernement appelé la République d'Hayti. La caractère particulier de celui qui y commande, ses vertus paisibles, son esprit de justice envers tout le monde, ses talens distingués, et la confiance qu'il inspire, offrent plutôt le tableau d'un père au milieu de ses enfans, que celui de tout autre Gouvernement, Ceux qui composent

telui de cette République y ont tous une part plus ou moins active, et participent de fait au maintien de leurs droits, dont ils paraissent extrêmement jaloux, souš l'administration d'un Chef adoré, et de leur choix.

Il n'est pas douteux, quoiqu'ils écrivent peu, qu'ils n'aient été très-attentifs à suivre l'esprit et la marche de tout ce qui s'est passé en Europe, depuis qu'il se sont séparés de la France, par la conduite des Clrefs qui figu raient à la tête de la dernière expédition contre cette île, conduite qui n'a trouvé d'excuse dans aucune page de l'histoire, et sera une tache éternelle de reprobation pour eux. Mon intention n'est point de la rétracer: je n'ai pas une connaissance assez particulière des détails, pour entrer à cet égard dans une discussion sérieuse; elle est éloignée du but que je me propose, et je suis loin de vouloir animer les 'esprits: mais j'en conclus qu'elle justifie les Haïtiens, et que dans l'alternative du genre de principes qu'ils durent adopter, l'idée de se former à l'instar des autres nations, en Gouvernement régulier, la manière dont ils l'ont exécutée, et les progrès étonnans qu'ils ont faits dans la civilisation, leur font honneur, surtout aux yeux des gens désintéressés.

Depuis leur émancipation, ils ont suivi toutes les opérations des puissances d'Europe, pour ainsi dire, la carte à la main. Leur intérêt les a rendus propres à tout discerner; ils ont vu avec admiration les grands efforts qui se sont faits et se sont insensiblement préparés aux événemens qui vien nent d'avoir lieu. Dans leur conduite particulière, ils ont agi comme de concert dans l'ensemble des dispositions des Puissances alliées: l'avènement de la Maison de Bourbon sur le trône ne les a pas étonnés; leur révolution n'avait pas de rapport avec son gouvernement, et ils ne paraissaient crain, dre de sa part aucune récrimination, puisqu'ils ne l'avaieut

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