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odieuses qu'il avait ourdies avec les Dauxion Lavaysse, les Colombel et les Milcent, contre sa patrie, entièrement découvertes; honteux de s'être yu dans la nécessité de retracter les propositions déshonorantes qu'il avait faites de payer tribut à la France et aux ex-colons, convaincu du crime de haute-trahison et de complicité avec un espion, par quinze chefs d'accusation, dressés contre lui, sur des preuves légales et authentiques signées de sa propre main, pour avoir conspiré et attenté à la liberté et à l'indépendance du peuple haytien; flétri dans l'opinion de ses compatriotes et des étrangers; Pétion enfin, dégouté d'une vie odieuse, déchiré par les remords, était descendu dans la tombe sans avoir pu ni osé se justifier d'un crime aussi épouvantable. Ainsi mourut le héros, le législateur et le bienfaiteur b

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de la République, chargé du crime de lèze-nation et de lèze-humanité ; ses complices ne lui décernèrent pas moins les honneurs de l'apothéose. Et Marat aussi, surnommé l'ami du Peuple, reçut les honneurs du panthéon; mais au jour de la raison et de la vérité, ses restes impurs furent jettes à la voierie. Espérons que le jour de la raison et de la vérité viendra pour ce traître, et que justice lui sera aussi rendue. En attendant, nous sommes fâchés de troubler sa -cendre; mais il faut rendre à chacun ce qui lui appartient et traiter chacun, selon ses œuvres; en nous acquittant de ce devoir impérieux, nous croyons encore que c'est un bien faible tribut que nous payons à sa mémoire !

Après la mort de ce traitre qui semblait, dans ses derniers momens, avoir emporté avec lui le génie du mal, de la discorde et de la 2 guerre

civile, notre gouvernement crut l'ins tant favorable pour ramener et diriger l'esprit national vers un même but, à l'unité de vœux et de volonté ; malgré que nos paroles de paix, d'union et de réconciliation, ne furent point accueillies, comme nous avions tout droit de l'espérer, notre auguste et bien-aimé Souverain, ne fut pas moins satisfait d'avoir suivi l'impulsion de son cœur et d'avoir encore fait tous ses efforts pour opérer le bonheur général et les vrais intérêts de la nation, Sa Majesté attend du temps et de la réflexion, que la générosité de sa démarche et la grandeur de ses sentimens soient appréciées par les gens de bien de cette partie d'Hayti.

La voix de la raison, ne pouvant encore prévaloir sur celle des passions. le Roi tourna son attention et ses soins sur la situation intérieure du Royaume, s'occupa des moyens d'améliorer et de

perfectionnér notre état de sociabilité; l'Instruction Publique, l'établissement des Ecoles Nationales et des Académies, leur police et leur discipline, prospérité de l'Agriculture, la multiplicité des propriétaires, la restauration des bonnes mœurs, par le respect et l'encouragement donnés aux mariages, fixèrent toute la sollicitude de Sa Majesté.

Pendant l'espèce de trêve qui s'est établi entre tous les partis, la guerre de plume, la seule que nous nous faisions depuis long-temps avait cessée; nos ennemis intérieurs et extérieurs. semblaient être plongés dans un profond sommeil, et nous, nous avions aussi cessé d'écrire contre des hommes qui s'emblaient s'avouer vaincus par leur profond silence. Nous exercions nos plumes inexpérimentées sur des objets plus rians, plus conformes à nos goûts et à nos penchans, sur la culture

des lettres et des sciences qui embellissent notre vie et font la consolation de nos jours!

Mais, alors le Congrès d'Aix-la-Chapelle n'avait pas encore eu lieu ; l'armée d'occupation n'avait pas encore évacué le territoire francais; le temps de s'agiter et de s'intriguer n'était pas encore venu pour les ex-colons; ancun écrit du Port-au-Prince n'etait non plus parvenu jusqu'à nous, qui pût nous faire soupçonner qu'il existât encore un esprit de haine et d'animosité contre nous; nous nous felicitions à voir ces heureuses dispositions dans les esprits; nous pensions que les propres intérêts des complices de Pétion, et un respect pour eux-mêmes leur avaient sagement conseillés à garder le silence, et à ne point se traduire scandaleusement aux yeux des nations, comme ils n'ont cessé de le faire; nous pensions qu'étant en◄ tièrement désabusés sur l'impossibilité

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