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Jusqu'an dernier, que font-ils là Son plan en excitant des troubles et la révolte dans notre sein, était de nous obliger à faire tout le mal possible, à prendre des mesures violentes et de sévérité, qui ne pouvaient que nous éloigner les cœurs et lui faire des partisans. Venait-on lui dire qu'un de ses gens avait été pris par nos patrouilles, qu'on ne lui avait rien fait, qu'on l'avait relaché avec de bons traitemens; tant pis, disait Pétion, si on lui avait coupé la tété, un autre n'aurait pas eu envie de sc laisser prendre. Tel était l'homme artificieux; à qui Henry Christophe, franc et de bonne foi avait à faire est-il étonnant d'après cela, si nous avons éprouvé tant de maux et de calamités? mais ce qui doit surprendre et qui surpasse l'imagination, c'est de nous les entendre reprocher, par ceux-là mêmes, qui ont été les auteurs et les provocateurs de ces maux! Ce n'est pas sur quelque faits d'accidens que l'on doit juger les chefs des gouvernemens, mais c'est sur l'ensemble de leur conduite; et dans l'analyse que nous faisons des événemens, on verra quel a été l'aggresseur et le véritable auteur des malheurs publics.

Pétion avait été le seul et unique auteur de la guerre civile; et il avait assez d'audace et d'astuce pour vouloir s'en justifier et en jetter tous les torts sur le chef du gouvernement!

Dans un de ses écrits du 17 Janvier 1807 tendant à se justifier, il s'écrie: que ne puis-je faire retentir ma voix comme la trompette du jugement, jusqu'aux antres profonds de nos rochers pour y porter des paroles de paix et de consolation, c'est là mon ambition, la manière dont je voudrais intriguer et non pas voir ruisseler à grands flots le sang de nos frères déjà trop infortunes.

Nous verrons comme ses paroles étaient d'accord avec sa conduite !

Dans la même année il multiplie ses attaques et ses aggressions en un nombre infini; il envoie le général d'Artiguenave à la GrandeRivière, pour exciter le peuple à la révolte et à mettre tout à feu et à sang; ce général est arrêté et puni de mort. Il engage le général Cangé à insurger la province de l'Ouest; Martial Besse s'oppose à ses desseins, l'arrête; et Cangé éprouve le châtiment qu'il avait

mérité.

mérité. Pétion fait soulever le neuvième régiment au Port-de-Paix et il envoie à son secours, le général Lamarre avec des forces considé rables, et lui donne ordre, de tout détruire' et de faire tout le mdl possible, de s'emparer de la ville du Môle et de s'y fortifier (1).

Il fait attaquer simultanément le Mirebalais, il est vigoureusement repoussé; il s'empare de la ville des Gonaïves par trahison, il en est chassé après avoir pillé et incendié les malheureux habitans; il assiège Saint-Marc avec une nombreuse armée, il est obligé de lever le siége et de prendre la fuite honteusement; il dirige une forte armée contre le Sourde, dans le coeur du Nord, ses troupes sont entièrement défaites, et le fameux David Trois un des chef de cette armée y perd la vie. Que d'infortunés haytiens ont été moissonnés dans ces malheureuses campagnes, victimes de l'ambition de Pétion! ce traître n'avait cependant dans la bouche que son amour pour la paix, sa répugnance à répandre

(1) Les papiers du général Lamarre, ont tombé dans nos mains lors de la prise de cette ville.

N

le sang, son peu d'ambition, tandis qu'il s'agitait dans tous les sens pour s'emparer de la première autorité; il envoyait de tous côtés des émissaires, pour porter le peuple à la révolte et à la guerre civile, faisait des préparatifs immenses nous attaquait par mer et par terre et faisait couler des flots de sang.... Henry faisait tête à l'orage, se portait partout avec la rapidité de l'aigle et partout il était victorieux!

Un parti puissant se déclare dans le Sud en sa faveur, Jean-Baptiste Dupérier dit Goman, prend les armes, et se maintient dans les montagnes inaccessibles de la Hote; là, il a toujours résisté à toutes les forces qui ont été envoyées contre lui, et aux moyens de séductions et aux pièges qui lui ont été tendus pour le soumettre.

Cependant les généraux dont Pétion s'était servi de l'influence pour détruire l'Empereur, et usurper l'autorité, commençaient à s'appercevoir qu'ils n'étaient que les instrumens des projets de ce factieux; ils virent mais trop tard, dans quelles erreurs ils s'étaient laissés entraîner et les maux qui en résultaient

pour leur pays. Le repentir était dans leurs cœurs, ils osèrent murmurer; Pétion aussitôt résolut leur perte.

Magloire, sénateur et général, fut sa première victime; il est assassiné à Jacmel avec une foule de braves citoyens; les exécuteurs des ordres de Pétion, Bonnet et David Trois s'enrichirent de leurs dépouilles. Bientôt après; Yayou, sénateur et général, Yayou même, son ami, son Seïde, l'instrument aveugle de ses passions, qu'il avait surnommé le Brutus d Hayti, éprouve le même sort que Magloire; il est assassiné au fort Campan dans les montagnes de Léogane, par des satellites envoyés par Pétion. Chervain commissaire des guerres au Port-au-Prince et beaucoup d'autres sont sacrifiés à l'ambition de ce nouveau Robespierre, qui choisissait et frappait les têtes les plus altières pour asseoir son autorité sur leurs cadavres sang'ans !

Eh toi Gérin toi son égal! son émule et son complice! toi qui as tout fait, tout sacrifié, qui lui a servi de marche-pied pour parvenir à usurper la puissance, tu ne seras pas exempt; tu seras aussi sa victime; tu as été

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